20 mai 1972–20 mai 2012: 40 ans d'une unité nationale en pointillés. Leurres et lueurs de l'unité nationale

Par Anatole Bihina | L'Anecdote
- 27-May-2012 - 08h30   5161                      
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La question de l'unité nationale au Cameroun reste un débat autant chez les intellectuels, les hommes politiques que des citoyens. Au delà des discours officiels, la cohabitation des tribus, langues et cultures reste sur une boutade: Je t'aime, moi non plus.
Tout le Cameroun est supposé avoir été en liesse et en réflexion dimanche 20 mai 2012. C'était la 40ème édition de là fête nationale en mémoire du référendum du 20 mai 1972 qui demandait aux citoyens de répondre par oui ou par non au projet de constitution soumis par le président de la République Fédérale du Cameroun, instituant une République une et indivisible, sous la domination de République Unie du Cameroun. Depuis cette date et cet événement, les débats ne se sont jamais conclus sur la réalité d'une «unité nationale» au Cameroun. Certains ont parlé avec force de «Coup d'Etat de 1972», sur la base de l'article 47 alinéa 1 de la constitution de 1961 qui rendait irrecevable «toute proposition de révision de la constitution portant atteinte à l'unité nationale». Une autre classe de juristes défend la «nécessité politique» d'alors. Les joutes sur la question de l'unité nationale se sont accentuées en 1984, après le retrait de l'adjectif «unie». Le pays devenait alors République du Cameroun. Dans la même période on vit le pays vivre une contestation vive et parfois violente avec l'émergence de la Southern Cameroon National Council (SNCC) qui revendique le respect des accords de Foumban de 1961 qui stipulait le partage du pouvoir entre ce qui était alors le Cameroun occidental et le Cameroun oriental. Le 31 décembre 1999, les ambitions sécessionnistes du SNCC se manifestèrent par la proclamation de «l'indépendance» des régions du sud-ouest et du nord-ouest. Un drapeau indépendantiste est hissé à Limbe quelques jours plus tard. A cette obsession centralisatrice sont venus se greffer l'adoption du franc CFA comme monnaie nationale, la gestion contestée des revenus pétroliers de la Société nationale des Raffineries (SONARA) basée dans le Sud-ouest, les tentatives de «camerounisation» des General Certificate of Education (G.C.E), ainsi que l'instauration d'un bilinguisme peu respectueux de la parité culturelle. Mais le malaise anglophone qui s'est exprimé publiquement dès la première moitié des années 1980 (17) n'a jamais trouvé d'oreille attentive du côté du gouvernement camerounais qui s'obstine à le nier et s'est par conséquent refusé à tout dialogue avec les activistes anglophones. Ces derniers, à l'exemple de l'avocat Fon Gorji Dinka, Albert Mikon ou encore justice Frédéric Ebon ont souvent été arrêtés et emprisonnés. Dans cette avalanche de revendications de type identitaire, les questions de développement socio-économique d'une région donnée deviennent spécifiques à cette région et cessent de préoccuper l'ensemble du peuple. Au nom des populations originaires de la région concernée, le Président de la République, propulsé du coup à un rang providentiel, est très souvent force de fournir à telle région du pays, mais seulement à cette région, des infrastructures telles que des emplois publics, des universités d'Etat, des routes, des nominations aux hautes fonctions de l'Etat, etc... L'équation tribale est incontestablement au centre de tous les systèmes de redistribution des ressources nationales au Cameroun depuis 1960. Les citoyens camerounais ont commencé à se regarder à travers leur appartenance tribale, car, il ne fallait pas qu'une tribu quelconque n'en domine une autre. Les idéologues d'Ahmadou Ahidjo avaient théorisé cette vision rétrograde des choses à travers les thèmes du «développement harmonieux et équilibré de la nation», et de «l'équilibre ethnique, l'équilibre régional». Il fallait, dans chaque ministère, dans chaque administration, dans chaque société parapublique, etc., «équilibrer» les tribus, afin qu'aucune ne prenne le dessus sur une autre. Dans les concours administratifs, le régime d'Ahmadou Ahidjo a introduit une double citoyenneté: une, «avantagée par le colonialisme», le grand ouest le Centre et le Sud et une autre. «désavantagée» par celui-ci, le grand nord. Jusqu'à ce jour, c'est cette politique qui prévaut. Dès le milieu des années 1980 déjà, on a pu observer une crispation tribale et certains ont décelé un déséquilibre de la balance de redistribution régionale des ressources nationales qui s'est produit en faveur, selon certain, du groupe ethnique du chef de l'Etat. Ceci a été observé notamment à travers les nominations dans les administrations centrales et régionales du pays, dans les sociétés parapubliques, la diplomatie ou encore l'armée. En août 1991 selon un observateur, 37 des 47 préfets du pays, les trois quarts des dirigeants des sociétés parapubliques ainsi que 22 des 38 hauts fonctionnaires nommés au cabinet du premier ministre étaient des Béti. Dans une lettre ouverte au ministre de la communication en septembre 2003, le cardinal Christian Tumi, se référant à des informations données par la presse, faisait remarquer que 14 des 32 ministres avec portefeuille de l'époque étaient originaires d'une même région; ainsi que 24 préfets sur 58, 15 généraux sur 24, 18 ambassadeurs sur 31 et 3 recteurs d'universités sur 6. Autre exemple historique: Lors de la grève d'Avril-Mai 2005 dans les universités d'Etat du pays, un communiqué qui invitait les étudiants originaires du Sud à reprendre les cours avait été diffusé par les médias publics. En conclusion au vu de la diversité ethnique et culturelle du pays, la cohésion nationale dont a besoin l'Etat camerounais pour exister durablement ne saurait être une donnée immédiate et une source de discours de propagande, mais bien une Construction. Une construction qui passe par plusieurs fondements dont le principal serait de se regarder non pas comme un béti face à un peulh. Mais comme deux camerounais qui, à défaut de se comprendre par la langue, s'entendent pour construire un même pays. Entre temps, comme on dit au Cameroun: «on est ensemble.» Anatole Bihina 20 mai 1972–20 mai 2012: La dure loi de l'intégration nationale Dès 1958, les Camerounais aspirent à l'indépendance du pays sans une attention particulièrement aiguisée sur les cotés afférents aux ethnicités et à des tribalités singulières. Et pour cause, face aux affres de la colonisation et aux restrictions par trop exacerbées de cette dernière, les exemples des actions patriotiques de Rudolph Douala Manga Bell et ses congénères, le chef Bertoua et autre Charles Atangana restent gravés dans les mémoires des compatriotes qui s'intéressent désormais de la chose politique. Dès 1958, le Cameroun anglophone sent venir son indépendance et c'est pourquoi un certain nombre de partis politiques prenant exemple de la guerre du Biafra pensent devoir asseoir une bataille acharnée pour une unité nationale qui sera de leurs avis, la prochaine bataille. C'est le cas du Kndp, du CNC et autres avec la conscience qu'il existe un Cameroun francophone. Un Cameroun francophone où la lutte pour l'indépendance est fortement biaisée par le colonisateur qui fait feu de tout bois pour la torpiller: Utilisation des leaders politiques et tentative de partition ethnique. Rien n'y fait. Que ce soit André Marie Mbida ou Paul Soppo Priso, Ernest Ouandjié, Ossende Afana, Ruben Um Nyobe, Felix Moumié, le Cameroun tout entier veut son indépendance du Nord au Sud et de l'Est à L'Ouest. Le tout s'exacerbe dès 1961 avec la décision de la partie septentrionale du pays au terme d'un vote truqué de se rattacher au Nigeria. Du coup, la vision d'unité nationale devient vive dans les cœurs. C'est la nouvelle bataille du jeune Etat Fédéral du Cameroun. Côte anglophone, Les Ndeh Ntumaza, John Ngu Fontcha (Premier ministre du Cameroun Oriental), Salomon Tandem Muna (Président de l'Assemblée Nationale), EML Endeley ....s'activent. Une préoccupation dans laquelle est plongé Ahmadou Ahidjo de l'Uc, l'Union Camerounaise président de l'Assemblée Nationale du Cameroun Oriental, et autre Mgr Mongo… Le tout aboutit aux termes d'accords consensuels et après référendum à la première République du Cameroun. Nous sommes en 1961. Les emblèmes changent et le drapeau est désormais de trois bandes: Une verte frappée d'une étoile jaune précisant l'unicité de l'Etat, Une autre Rouge et la dernière de couleur jaune. John Ngu Fontcha est porté à la vice présidence de la République et Salomon Tandeng Muna est président de l'Assemblée Nationale. Les accords en effet prévoient un certain nombre d'équilibrages dans la direction du pays entre Anglophones et Francophones. Mais bien vite des lourdeurs administratives ne tardent pas à entraver la marche du jeune Etat. Entre le Cameroun Occidental et le Cameroun oriental, les barrières sociologiques tardent en effet à tomber définitivement. Pendant de longues années après le référendum, subsistent toujours en effet, la pratique du «Laisser passer». Sur le Pont du Wouri, des «Berés Kaki» côté francophone dictent encore leurs lois et de l'autre côté de solides agents en bleus-kaki aux yeux rouges vifs vous lâchent un «Pidjin». De plus il fallait avoir son titre de voyage. Chacun d'eux étaient des fois reconnaissable Grace à sa coiffure. On appelait souvent les anglophones: «Anglofous», estimant qu'ils avaient des raisonnements à la lisière de la logique. De même ces derniers ne s'empêchaient de taxer les francophones de «foolishmen» estimant qu'ils avaient la compréhension des choses et des mœurs légers et incohérents. A côté de cela, les deux langues avaient de la peine à cohabiter. Bien avant l'instauration du bilinguisme c'était à qui mieux-mieux. La réglementation administrative jusqu'à l'hymne national avait des disparités criardes. Y compris la justice. Tout était à double vitesse. D'ailleurs, ce n'est que dernièrement qu'a été harmonisé le code électoral unique que certains opposants du dimanche matin en mal de gloriole s'apprêtent à pourfendre. Au comble: de tout ce désordre, côté langue, des études sont faites et débouchent sur une conclusion: «Le foufouldé est la langue la plus accessible. Parmi les chercheurs: un certain Docteur Adamou Ndam Njoya actuellement président de parti politique (suivez mon regard). Deux administrations, deux codes de justices, autant de codes électoraux, poussent les camerounais à revoir la copie. Le 20 mai 1972, la République Unie du Cameroun voit le jour. Le drapeau du pays est désormais frappé d'une étoile jaune sur la bande rouge. Elle traduit une nouvelle démarche vers l'unité totale du pays. Le bilinguisme voit le jour. Pour cette nouvelle avancée, un vaste défilé a lieu et les élèves qui inaugurent cette nouvelle ère sont appelés des «abeilles d'or». Ils défilent a la mode des militaires chinois. Mais dans les faits, la chose tarde à prendre corps. Dans certaines administrations du pays on s'exprime plus en langue vernaculaire que dans l'une des deux langues nationales du pays. Hier encore, des journalistes faisaient état d'un homme sérieusement détesté dans la capitale de la Région Nord du pays. Tout son péché est que depuis son affectation, il parle à tout le monde en anglais. Résultats, les populations trouvent que c'est un «fou»! Et lui croit fortement qu'il est dans un milieu de dingues. Aujourd’hui, la problématique de l'intégration nationale, comme thermomètre de l'unité nationale ouvre des débats qui n'en finissent pas de commencer. Au nom du patrimoine des ancêtres, un béti peut-il aller bâtir à Bana près de la ville de Bafang? La question des allogènes si diversement présentée ne veut-elle pas tout dire? Aujourd'hui, le Cameroun a franchi un autre pas avec décentralisation entrée en vigueur l'année dernière. Et le Pays est passé de la République Unie du Cameroun à la République du Cameroun. Mais les questions d'unité nationale semblent encore bien difficiles à asseoir complètement. Pour plusieurs raisons, bien des camerounais se sentent marginalisés. A Tort ou à raison? Le pays quant à lui est en marche. Son unité avec et cela dure 40 ans comme processus. Guy RAYMOND ELOKAN 20 mai 1972–20 mai 2012: L’équilibre régional, l’autre plaie de l’Unité nationale? Le vivre ensemble a-t-il un sens quand il n'y a pas un égal accès à la Fonction publique et autres? Réalité tacite, les passe-droits auxquels ont droit les originaires de certaines régions semblent de plus en plus toxiques pour une unité nationale qui se chante plus que ne se pratique, d'après certains. A l'Ecole nationale d'administration et de magistrature (Enam), lieu de moule par excellence de l'élite administrative camerounaise, la réalité a droit de cité comme si c'est la constitution qui l'autorise. A l'Ecole militaire inter-armée (Emia), obligation est informelle de respecter la donne pour les autorités en ce qui concerne la sélection définitive des élèves. A l'Ecole normale supérieure de Yaoundé (Ens), avant la création et l'entrée en scène de la consœur de Maroua où les ressortissants du Grand-nord semblent privilégiés en ce qui concerne leur accès à la formation; autre institution qui donne un accès direct à la Fonction publique, ce passe-droit ne souffre d'aucune contestation. La politique de l'équilibre régional qui veut que les ressortissants de certaines régions aient un accès avantageux dans ces structures et dans bien d'autres bat son plein. Quand on est originaire du Grand-nord (Adamaoua, Maroua, et Garoua) et de l'Est, avoue-t-on ici et là, on peut être admis à l'Enam, Emia, Ens, Enspt...avec 10, 9, 8 voire 7 de moyenne sur 20. Alors qu'un candidat d'une autre région est recalé avec 15 voire 16 de moyenne pour le même concours. Equilibre régional oblige, bétonne-t-on dans les couloirs de ces «grandes écoles et autres administrations où la loi de l'avantage s'est enracinée». Au point de renvoyer dans les calendes grecques celle de la méritocratie. Dans les tentatives contorsionnées pour expliquer l'inexplicable, on pancarte, en sus du besoin de faire participer tous les fils et filles du Cameroun dans la conduite des affaires de la nation, l'argument d'un retard de l'ascension de ces régions à l'Education. «Croyez-vous que sans des fonctionnaires et autres agents publics dans la haute administration publique originaires des régions du Grand-nord et de l'Est, pour ne citer que celles-là; quand on sait ces coins encore densément illettrés?» questionne sous forme d'argument un cadre de la Fonction publique non ressortissant de ces zones que l'on dit attardées à plusieurs points de vue. Comment dès lors comprendre que Marafa Hamidou Yaya, originaire du Grand-nord puisse prétendre à un destin présidentiel, sa 2e lettre au président de la République, du mois en cours est sans équivoque à propos, tout comme Garga Haman Adji, l'autre fils de ce coin, lui aussi prétendant à la magistrature suprême comme ressortissant des autres localités dites «évoluées». Tandis que ses frères cadets bénéficient de passe-droits officieux de la part de la République? Il est des pratiques conne celle du souci de l'équilibre régional par favoritisme qui, au lieu de faire inscrire le pays dans la logique de la modernité et du développe-litent constituent plutôt un obstacle: L'équilibre régional corme le martèlent de plus en plus les esprits illuminés est, à la fois une plaie incurable pour l'Unité nationale, chantée mais pas pratiquée par les gouvernants. Parce qu'on ne saurait comprendre que la recherche de l'unité nationale rime avec avantage à certains. Et un obstacle à la volonté de faire du Cameroun un pays émergent à l'horizon 2035. L'émergence supposant la compétence des citoyens appelés à jouer un rôle déterminant dans cette perspective. Une réalité qui tranche radicalement avec la politique anticonstitutionnelle de l'équilibre régional. La pratique a même atteint le plafond dans les différentes interprétations qui en découlent. Dans les sociétés étatiques, désormais, avec l'équilibre régional version modifiée et améliorée, le personnel dans sa quasi-totalité est aux couleurs de l'appartenance ethnique de son patron. A l'assemblée nationale, à la Crtv, il faut croire en Allah, porter la chéchia et la gandoura pour espérer être dans les saints. Les patrons de ces lieux étant originaires de la partie septentrionale du pays. A la CNPS, on parle de dossier en bulu, ce parler de la région du Sud comme son boss... On est tenté de dire, équilibre régional, tombeau de notre unité nationale et de nos espérances. ALAIN BERTRAND NKONGO 20 mai 1972–20 mai 2012: D’une unité nationale en pointillés. Quelques grandes dates du tribalisme au Cameroun Mars 1960: Le Colonel français Jean Lamberton déclare dans un article intitulé «Les Bamiléké dans le Cameroun d'aujourd'hui» paru dans la Revue de Défense Nationale à Paris: «Le Cameroun s'engage sur le chemin de l'indépendance, avec, dans sa chaussure, un caillou bien gênant. Ce caillou, c'est la présence d'une minorité ethnique: les Bamiléké... l'histoire obscure des Bamiléké n'aurait d'autre intérêt qu'anecdotique si elle ne montrait à quel point ce peuple est étranger au Cameroun». 1966: Victor Kanga, alors Ministre de l'Information et de la Culture, est arrêté en raison de son implication dans un prétendu: «Complot bamiléké» contre le pouvoir. Il restera longtemps en prison. 1970: Arrestation de Mgr Ndongmo, Evêque de Nkongsamba accusé de connivence avec Ernest Ouandié, alors qu'il tentait de négocier avec ce dernier son ralliement à la demande du Président Ahmadou Ahidjo. Le prélat sera jugé, condamné à mort puis, en 1975, banni du pays sans la moindre protestation de ses pairs. 1979: Révolte des Arabes Choa du village Dollé contre leur situation d'exclusion. Au bilan, le village rasé sur ordre d'Ahidjo. 1986: Publication par Kengne Pokam Emmanuel d'un ouvrage intitulé: La problématique de l'Unité Nationale au Cameroun: dichotomie entre discours et pratiques politiques dans un système monolithique. 1984 (6 avril): Coup d'Etat manqué. Le pouvoir y voit la main de l'aristocratie Peulh et en tire les conséquences. 1987: 51 Prêtres «autochtones» de l'archidiocèse de Douala sur 80 adressent au Vatican un mémorandum dénonçant la «bamilékisation» de la hiérarchie de l'Eglise à la suite de la nomination de Mgr Gabriel Simo comme Evêque-auxiliaire a Douala. 1987 (11 mars): Au cours d'une table ronde organisée par le club UNESCO de l'Université de Yaoundé sur le thème «La littérature politique camerounaise», Hubert Mono Ndjana teste un nouveau concept, l'ethno fascisme qu’il définit comme «volonté de puissance d'Une ethnie ou l'expression de son désir hégémonique qui prend soit la forme du discours théorique, soit celle d'une mêlée ouverte dans la polémique, soit celle d'une organisation systématique sous la forme d'un mercantilisme conquérant». 1987: Publication, en réaction à la thèse développée sur l'ethno fascisme, d'un ouvrage intitulé: La philosophie politique trahie: le monofascisme, Pans, Atelier, Silex. Le professeur Sindjoun Pokam y attaque violemment les arguments soutenus par Mono Ndjana. 1987: Publication aux Ateliers Silex à Paris de Ethnofascistes: la vérité du sursis par David Ndachi Tagne. 1990 (1er mars): Des intellectuels Bamiléké adressent un mémorandum anonyme au Président de la République avec pour objet l’intégration nationale. 1990: Naissance de la Dynamique Culturelle Kirdi (DCK). Objectif déclaré: revaloriser les cultures ancestrales des peuples Kirdi. Objectif caché: positionnement des élites Kirdi sur l'échiquier politique. 1992 (janvier): Conflit entre Arabes Choa et Kotoko à Kousseri autour de la question de l'inscription de faux électeurs sur les listes électorales. Bilan: des dizaines de morts et de blessés. 1992: Publication par le C3 (Collectif Changer le Cameroun). Le Cameroun éclaté, anthologie commentée des revendications ethniques, Yaoundé. 1992: Le préambule de la Constitution stipule: "Le peuple camerounais, fier de sa diversité linguistique et culturelle. Il affirme sa volonté inébranlable de construire la patrie camerounaise sur l'idéal de fraternité et de progrès [.] Tout homme a le droit de se fixer en tout lieu et de se déplacer librement. Nul ne peut être inquiété en raison de ses origines". Le tribalisme est botté en touche. Le Cameroun exulte. 1995: Publication de Tribalisme et exclusions au Cameroun, le cas des Bamiléké par Jacques Kago Lélé aux Editions CRAC Yaoundé. 1996 (18 janvier): Promulgation de la nouvelle constitution. Elle remplace les idéaux d'unité nationale contenus dans la constitution de 1992 par le devoir, pour le gouvernement, de protéger les droits des minorités et des indigènes. Les termes d'«allogènes» et d'«autochtones» sont consacres. Le tribalisme revient par la grande porte, à la grande déception des patriotes. 1996 (10 février): Marches Sawa contre les Bamiléké à Douala. 1997: Publication par la Fondation Friedrich Ebert Cameroun de l'ouvrage «La démocratie à l'épreuve du Tribalisme», Yaoundé, ? Cameroun. 1997: Fondation dans la région du Sud-ouest par le professeur Bejanga de l'Association des Elites de la Onzième Province regroupant les enfants et petits enfants des premiers immigrants du Cameroun français vers la partie britannique du pays. Objectifs: se faire accepter par les autochtones. 1998 (novembre): Affrontements entre autochtones "Nyokon" et «allogènes» Bamiléké dans la localité de Makenene. 1999 (juillet): Mgr André Wouking est nomme Archevêque de Yaoundé. Le jour de son intronisation, des Bétis érigent des barricades sur la nationale Bafoussam-Yaoundé avec pour intention d'empêcher les Bamiléké d'entrer dans la capitale. On a pu lire, écrit sur la route à l'endroit des manifestations: «Pas d'Archevêque Bamiléké à Yaoundé». 2003: Suite à une interview du cardinal Christian Tumi au mensuel La Paix, Jacques Fame Ndongo, alors Ministre de la Communication publie un communiqué Muscle. Pas de tribalisme d'Etat au Cameroun. Réponse du berger à la bergère en date du 12 septembre 2003 dans une lettre ouverte: "Je n'affirme pas catégoriquement que le pouvoir est confisqué par une tribu au Cameroun. Au Cameroun, nous nous comportons comme si nous sommes originaires d'une seule tribu". 2007 (12 janvier): Accrochage entre Kotoko et Musgum dans le district de Zina. Bilan: 8 morts. 2008 (février): Une gigantesque grève de la faim paralyse le pays pendant une semaine. L'opposition anglobamileké est accusée d'avoir tiré les ficelles dans l'ombre pour renverser le pouvoir de Paul Biya. 2008: Publication aux Editions Saint Paul par Charles Ateba Eyene de l'ouvrage "Paradoxes du Pays Organisateur": "Elites productrices ou prédatrices: le cas de la province du Sud-Cameroun à l'ère Biya (1982- 2007)" Anatole Bihina




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