A Genève: Un collectif demande l’expulsion de Paul Biya de la Suisse

Par Alain NJIPOU | Le Messager
- 10-Jan-2013 - 08h30   62959                      
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«Cameroun libre», l’appellation de ce collectif, a adressé une correspondance dans ce sens, hier mercredi 9 janvier 2012 au conseil fédéral, Palais fédéral 3003 Berne, Suisse.

Hotel Interconntinental de Geneve
Photo: © Archives
Le séjour du président Paul Biya en Europe ne sera pas un long fleuve tranquille. Moins de 48 heures après le départ du Cameroun via l’aéroport international de Yaoundé-Nsimalen, du couple Paul et Chantal Biya, accompagné de certains proches collaborateurs, des voix s’élèvent du côté de Genève en Suisse, où le chef de l’Etat et son staff sont officiellement en «court séjour privé», pour demander l’expulsion hors du territoire helvétique du numéro un camerounais et de sa délégation. Des clameurs contestataires sont parvenues au Conseil fédéral, palais fédéral 3003 Berne-Suisse (ce qui conviendrait à l’appellation présidence de la République puisque la Suisse est une confédération) sous la forme d’une correspondance qui porte l’estampille du Collectif «Cameroun libre» dont le porte-parole est le non moins polémiste écrivain, Bertrand Teyou. Sur les mobiles d’une telle démarche, le collectif «Cameroun libre» ne fait pas un mystère. «Nous osons réitérer, à travers une bien modeste voix, le cri de détresse de tout un peuple. Le cataclysme politique au Cameroun se précise, une détonation dont les violentes déflagrations partant du centre de l’Afrique, menace d’engloutir tout un continent déjà meurtri par de multiples conflits. Face à ce chaos, le président camerounais trouve le moyen de passer du bon temps sur les bords du lac Léman, dilapidant l’argent d’un pays dévasté par son régime de terreur et d’horreur. Paul Biya vit en véritable prince choyé à Genève, ville où fut conçu le « Mein Kampf » camerounais (« Pour le libéralisme communautaire »), mis en œuvre par le Suisse Pierre-Marcel Favre qui, après avoir engrangé des milliards de francs CFA avec son ami dictateur, lancera le Salon du livre de Genève». Peut-on lire. Manifestations publiques Ainsi donc, Bertrand Teyou et ses affidés stigmatisent le séjour dispendieux du couple présidentiel dans un contexte où des millions de Camerounais vivent dans l’indigence et croulent sous le poids d’une misère sans nom. D’où le cri de cœur d’un groupe de compatriotes qui ne passent pas par quatre chemins pour mettre en exergue l’objectif qu’il espère atteindre avec l’appui indispensable des autorités helvétiques. «Nous savons pouvoir compter sur le soutien des autorités suisses qui ne ménagent aucun effort contre les assassins étrangers. Rassurez-vous, notre initiative vise, sur la base de projets concrets existants, le raffermissement des conditions de développement. Ce qui, dans le moindre des cas, améliorera les rapports de partenariat qu’entretiennent le Cameroun». Bertrand Teyou, que Le Messager a contacté annonce qu’ «une série de manifestations publiques à Genève goupillées par le Collectif. Des compatriotes de Paris, Londres et Bruxelles vont nous rejoindre sur place à Genève afin que nous poussions davantage notre cri de cœur. Nous attendons une quarantaine de personnes. Dès ce jour, je donne une conférence de presse avec les journalistes suisses pour repréciser le bien-fondé de la démarche du collectif qui sollicite du Conseil fédéral, l’expulsion non négociable de Paul Biya et Cie». Explique-t-il. On se souvient, il y a quelques années, le Collectif des organisations démocratiques et patriotiques des Camerounais de la diaspora (Code), un groupe d’activistes, amené par Brice Nitcheu, qui semblent s’être donné pour cheval de bataille d’empêcher le chef de l’Etat camerounais de dormir tranquille, où qu’il puisse se trouver à l’étranger, sont venus à Genève protester contre les « trop longs séjours de Biya hors du Cameroun», et notamment à l’hôtel Intercontinental, où le père du Renouveau à coutume de séjourner. C’est dire que les activistes ne sont pas sortis de l’auberge… Alain NJIPOU Intégralité de la Lettre du Collectif «Cameroun libre» A l’attention du Conseil Fédéral Palais fédéral, 3003 Berne Suisse Objet: L’expulsion hors de Suisse de Mr Paul Biya. Mesdames, Messieurs, Très respectueusement, nous osons réitérer, à travers une bien modeste voix, le cri de détresse de tout un peuple. Le cataclysme politique au Cameroun se précise, une détonation dont les violentes déflagrations partant du centre de l’Afrique, menace d’engloutir tout un continent déjà meurtri par de multiples conflits. Face à ce chaos, le président camerounais trouve le moyen de passer du bon temps sur les bords du lac Léman, dilapidant l’argent d’un pays dévasté par son régime de terreur et d’horreur. Paul Biya vit en véritable prince choyé à Genève, ville où fut conçu le « Mein Kampf » camerounais (« Pour le libéralisme communautaire »), mis en œuvre par le Suisse Pierre-Marcel Favre qui, après avoir engrangé des milliards Fcfa avec son ami dictateur, lancera le Salon du livre de Genève. Réunis au sein du collectif « Cameroun libre », nous choisissons d’agir contre le crime. Entre le peuple meurtri qui explose les chaînes de l’oppression et le soldat camerounais qui lance l’assaut pour le retour à l’ordre constitutionnel, nous entendons jouer ici, en Suisse, notre rôle citoyen. Nous restons persuadé qu’en démontant le nombril de la dictature de Paul Biya qui semble être enterré à Genève, le reste suivra naturellement. Nous savons pouvoir compter sur le soutien des autorités suisses qui ne ménagent aucun effort contre les assassins étrangers. Rassurez-vous, notre initiative vise, sur la base de projets concrets existants, le raffermissement des conditions de développement. Ce qui, dans le moindre des cas, améliorera les rapports de partenariat qu’entretiennent le Cameroun. Dans l’espérance d’une collaboration fructueuse, veuillez agréer, Mesdames, Messieurs, nos salutations distinguées. Pour le collectif «Cameroun libre» M. Bertrand Teyou Activisme: Bertrand Teyou ou l’anti-Biya incarné? Cet auteur à travers sa plume caustique a à maintes fois tiré à boulets rouges sur Paul Biya et son épouse, Chantal, au point de leur consacrer des livres entiers. C’est courant 2009 que Bertrand Teyou décide d’apporter une réponse du berger à la bergère. L’écrivain à la plume caustique s’engage alors dans un projet éditorial qui est en réalité une riposte au Code Biya, un essai signé du journaliste français François Mattei qui lèche les babines du promoteur du Renouveau. L’Antécode Biya est en circulation. Betrand Teyou dans cet essai critique avec véhémence le régime de Yaoundé et se positionne comme l’antithèse du récit idyllique du Français Mattei. Des thuriféraires du régime torpillent à volonté les cérémonies de dédicace que l’auteur organise à Yaoundé et à Douala.

Bertrand TEYOU a Yaounde - 2012
Photo: © Archives
Dans la capitale politique, Bertrand Teyou, entreprend d’ailleurs de déposer un exemplaire de son livre qui bouleverse le sérail à la présidence de la République, sans toutefois être reçu par le maître des céans. Des exemplaires de cette parturition littéraire s’arrachent comme des petits pains. Un an après, Bertrand Teyou, décidé à «croquer» le couple Biya remet le couvert. La belle de la République bananière : Chantal Biya, de la rue au palais et Sortir de l’impasse sortent des fonts baptismaux. Le 3 novembre 2010, Bertrand Teyou est arrêté par la Police, sur ordre du sous-préfet de Douala 1er alors qu’il s’apprête à dédicacer son ouvrage intitulé, La belle de la République bananière : Chantal Biya, de la rue au palais. L’autorité administrative reprochait à l’auteur de n’avoir pas déclaré sa manif. Le 10 novembre, l’artiste peintre et écrivain est placé sous mandat de dépôt à la prison de New Bell à Douala. Le procès sera achevé au bout de deux audiences, et Teyou reconnu coupable de délit de diffamation et d’outrage à la première dame camerounaise Chantal Biya, avec condamnation à payer une amende de plus de deux millions Fcfa. Son arrestation et son emprisonnement vont faire grand bruit au sein de l’opinion publique jusqu’à sa libération quelques mois plus tard. L’air de liberté humé, il s’exile à l’étranger d’où il continue le combat pour la restauration de la dignité du Cameroun et des camerounais malmenés par des actes répréhensibles de mal gouvernance. A.N.




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