Afrique - Justice: L'ex-président tchadien Hissène Habré, 74 ans, définitivement condamné à la prison à vie pour crimes contre l'humanité

Par Otric NGON | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 28-Apr-2017 - 12h51   21813                      
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Hissène Habré, ex-président tchadien Archives
Il a cependant été acquitté pour viol. Un verdict rendu à l'issue de son procès en appel devant un tribunal spécial africain à Dakar.

Ce jugement confirme la peine prononcée en première instance en mai 2016 par les Chambres africaines extraordinaires (CAE), créées en vertu d'un accord entre l'Union africaine (UA) et le Sénégal, où M. Habré s'est réfugié après avoir été renversé en décembre 1990 par l'actuel président tchadien Idriss Deby Itno, commente AFP.

Une commission d'enquête tchadienne estime le bilan de la répression par son régime (1982-1990) à quelque 40.000 morts.

Son procès était le premier au monde dans lequel un ancien chef d'État était traduit devant une juridiction d'un autre pays pour violations présumées des droits de l'Homme, et le premier tenu en Afrique en application du principe de compétence universelle.

Il visait également à répondre aux griefs croissants contre la Cour pénale internationale (CPI), siégeant à La Haye, accusée de ne poursuivre que des dirigeants africains, en montrant que le continent peut les juger lui-même.

Le procès en appel d'Hissène Habré s'était déroulé en janvier devant une cour présidée par le magistrat malien Wafi Ougadèye, qui a rendu son verdict jeudi. L'audience s'était ouverte peu après 10h00 (heure locale et GMT) en l'absence de l'accusé.

La condamnation jeudi par un tribunal spécial africain siégeant à Dakar de l’ancien président tchadien à la réclusion à perpétuité «représente une nouvelle étape cruciale dans la longue quête de justice menée avec persévérance par les victimes», a déclaré Erica Bussey, conseillère principale d'Amnesty International.

«Ce jugement va encourager les victimes de violations graves des droits humains commises dans d'autres pays à surmonter les nombreux obstacles qu'ils rencontrent sur le chemin de la justice» a affirmé Mme Bussey.

«Nous espérons qu'il (ce jugement) va aussi amener d'autres pays africains à utiliser le principe de compétence universelle pour poursuivre en justice les auteurs de crimes de droit international ou à créer des tribunaux hybrides de ce type, comme en République centrafricaine et au Soudan du Sud», a-t-elle ajouté.

Selon la conseillère principale d'Amnesty, l'Union africaine doit veiller à ce que le fonds d'indemnisation applique les décisions de justice de façon efficace et équitable, et à ce qu'il collabore avec les donateurs internationaux et le gouvernement tchadien afin qu'il dispose des ressources nécessaires. Les mesures nécessaires doivent aussi être prises pour trouver, geler et saisir les avoirs d'Hissène Habré à des fins de réparations.

«La condamnation d'Hissène Habré ne met pas un terme à la quête de justice au Tchad. La victoire remportée aujourd'hui doit servir à rappeler au gouvernement tchadien que les victimes d'autres violations graves des droits humains, notamment d’homicides et de violences sexuelles commis massivement entre 1982 et 1990, continuent de demander justice et le respect de l'obligation de rendre des comptes», a souligné Mme Bussey.

Auteur:
Otric NGON
 @OtricNgonCIN
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