Agenda: Paul Biya sera-t-il présent à l’investiture d’Alassane Ouattara ?

Par Georges Alain Boyomo | Mutations
- 11-May-2011 - 08h30   63977                      
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Le Cabinet civil et l’ambassade de Côte d’Ivoire à Yaoundé restent pour l’heure muets sur la participation du chef de l’Etat.
La ville de Yamoussoukro est sous une cure esthétique depuis quelques jours en prélude à la cérémonie d’investiture du chef de l’Etat ivoirien, Alassane Dramane Ouattara (Ado), prévue le 21 mai prochain, soit dans 10 jours. Pas moins de 17 commissions sont à pied d’œuvre pour donner un éclat particulier à cet évènement. Près de 100.000 personnes sont attendues à la grand’ messe qu’abritera la capitale politique de la Côte d’Ivoire. Parmi celles-ci, le comité d’organisation annonce 21 chefs d’Etat. Notamment le président américain Barack Obama, français Nicolas Sarkozy, la chancelière allemande Angela Merkel et le Pape Benoît XVI. Plusieurs chefs d’Etat africains notamment ceux de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) sont également annoncés au pied de la Basilique notre Dame de la paix de Yamoussoukro. Des personnalités du monde des finances, au nombre desquelles Dominique Strauss Kahn, le directeur général du Fonds monétaire international (Fmi), ont été aussi invitées par la présidence ivoirienne. Alors que le compte à rebours s’égrène, le chef de l’Etat camerounais, Paul Biya, ne figure toujours pas parmi les «grosses pointures» annoncées à Yamoussoukro le 21 mai prochain. Qui a pourtant adressé une lettre de félicitations hier à Alassane Ouattara pour sa prestation de serment le 6 mai dernier. A l’ambassade de Côte d’Ivoire à Yaoundé, l’évocation de ce sujet agace les proches collaborateurs de l’ambassadeur, Eugène Biti Allou Wanyou, absent des lieux au moment de notre passage hier. A la question de savoir si un carton d’invitation a été transmis au chef de l’Etat camerounais pour la cérémonie du 21 mai prochain, la secrétaire de l’ambassadeur dit ne rien en savoir, précisant au passage que même l’ambassadeur ne pourra nous édifier sur la question. Dans le même sens, une source à la présidence de la République indique que «nous ne disposons pas d’éléments pour confirmer le déplacement du chef de l’Etat pour cette cérémonie». Sur le site officiel d’Ado, aucune allusion au chef de l’Etat du Cameroun dans le déroulé des invités. Cela dit, Paul Biya, qui séjourne en Europe en ce moment après avoir pris part à la cérémonie de béatification du Pape Jean Paul II au Vatican le 2 mai dernier, a, déjà en bonne place dans son agenda, la fête nationale du Cameroun, le 20 mai, dans 9 jours exactement, à Yaoundé. Envisage-t-il de décoller pour Yamoussoukro au lendemain de cette célébration ? Rien n’est moins sûr. Communauté internationale Même si d’aucuns estiment que les rapports entre Ado et Paul Biya pourraient pousser ce dernier à effectuer le déplacement. Le magazine panafricain Jeune Afrique ne n’inscrivait-il pas en janvier dernier le chef de l’Etat camerounais parmi «les amitiés sans frontières d'Alassane Ouattara» ? Un tel déplacement pourrait également permettre au chef de l’Etat d’échanger avec les grands décideurs du monde, argumente-t-on. La dernière rencontre officielle entre MM. Ouattara et Biya s’est déroulée en 2010 à Paris au cours d’un séjour du chef de l’Etat en France. Paul Biya avait accordé le même jour une audience à Henri Konan Bedié. Les deux leaders ivoiriens étaient déjà réunis sous la bannière du Rassemblement des houphouétistes pour le développement et la paix (Rhdp), en vue de l’élection présidentielle de novembre 2010. Toujours est-il que, sur la crise ivoirienne, le Cameroun n’a pas affiché une position lisible. Si l’ambassadeur de Côte d’Ivoire au Cameroun, Eugène Biti Allou Wanyou, n’a pas reçu d’invitation du cabinet civil de la présidence de la République pour la cérémonie de présentation des vœux du corps diplomatique en début d’année en cours, situation qui a laissé penser que Paul Biya soutenait Alassane Ouattara, le diplomate ivoirien sera sur la liste des convives du président Biya à l’occasion du comice agropastoral d’Ebolowa. Le silence de Paul Biya sur la crise au pays des éléphants avait été finalement assimilé à un «alignement» sur la position de l’Union africaine et de la Communauté internationale. Lesquelles avaient pris fait et cause pour Alassane Dramane Ouattara au détriment de Laurent Gbagbo. La «neutralité» du pouvoir de Yaoundé était allée jusqu’à l’interdiction infligée à la radiotélévision publique de diffuser des informations sur la crise ivoirienne. Interdiction qui sera levée après la chute de Laurent Gbagbo, le 11 avril dernier. En rappel, en 28 ans de magistrature suprême, Paul Biya s’est rendu deux fois seulement en Côte d’Ivoire. Sa dernière visite, précisément à Yamoussoukro, remonte à 1993. C’était à l’occasion des obsèques du président Félix Houphouët-Boigny. La première a eu lieu en 1985. Il s’agissait d’une «visite de travail et d’amitié».




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