Au Soudan, le Conseil militaire s'engage "à transférer le pouvoir au peuple"

Par Agence France Presse | AFP
Khartoum - 21-Apr-2019 - 19h11   3195                      
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Des manifestants soudanais font le V de la victoire lors d'un sit-in devant le QG de l'armée à Khartoum, le 20 avril 2 AFP/OZAN KOSE
Le chef du Conseil militaire de transition au Soudan, Abdel Fattah al-Burhane, a affirmé dimanche son engagement à remettre le pouvoir au peuple, peu avant une conférence de presse prévue par l

Le chef du Conseil militaire de transition au Soudan, Abdel Fattah al-Burhane, a affirmé dimanche son engagement à remettre le pouvoir au peuple, peu avant une conférence de presse prévue par les meneurs de la contestation qui pourraient annoncer une autorité civile rivale.

Le "Conseil s'engage à transférer le pouvoir au peuple", a déclaré le général Burhane assurant que l'armée répondrait dans la semaine aux demandes des manifestants, rassemblés par milliers depuis plus de deux semaines devant le QG de l'armée à Khartoum pour obtenir le transfert du pouvoir à une autorité civile.

Le chef du Conseil militaire de transition s'exprimait à l'occasion de sa première interview à la télévision nationale depuis la destitution le 11 avril par l'armée du président déchu Omar el-Béchir sous la pression d'une contestation populaire inédite.

Le mouvement a été déclenché le 19 décembre après la décision du gouvernement Béchir de tripler le prix du pain, dans un pays en plein marasme économique. Il s'est rapidement transformé en contestation inédite contre M. Béchir, qui se trouve actuellement dans une prison de Khartoum.

L'équivalent de 113 millions de dollars ont été saisis dans la résidence du président déchu par des membres de la police et de l'armée et des agents de sécurité, a indiqué le général Burhane.

Dimanche soir, les manifestants campent toujours par milliers devant le QG de l'armée à Khartoum, selon un correspondant de l'AFP sur place.

L'Association des professionnels soudanais (SPA), en première ligne de la contestation, avait indiqué vendredi que "les noms des membres d'un Conseil civil chargé des affaires du pays seraient annoncés lors d'une conférence de presse dimanche à 19H00 locales (17H00 GMT)" devant ce QG.

- Attente d'une annonce -

"Il y aura une conférence de presse aujourd'hui à l'heure et à l'endroit annoncés", a indiqué dimanche à l'AFP Ahmed al-Rabia sans plus de précisions.

Ce chef de la SPA avait dit samedi que l'annonce du Conseil civil pourrait être reportée, après des discussions entre leaders de la contestation et dirigeants militaires.

Selon M. Rabia, le mouvement réclame au Conseil militaire "un calendrier pour le transfert du pouvoir, afin que les choses ne traînent pas".

Des diplomates étrangers et des journalistes ont été conviés à la conférence de presse.

Mais au sit-in, les manifestants s'impatientent.

"Nous attendons l'annonce aujourd'hui", a dit à l'AFP Romaysaa Omar, une manifestante au QG de l'armée. "L'ensemble du peuple soudanais est en faveur de l'annonce d'un tel Conseil".

Sifflant et agitant des drapeaux nationaux, des dizaines de manifestants frappent pierres contre métal dans des battements rythmés.

"Nous resterons là jusqu'à ce que ce que nos demandes soient satisfaites", a dit Al-Baraa Youssef.

"Notre révolution est civile et protégée par le peuple" et "Grand, grand, le Soudan est grand", ont scandé les manifestants.

Samedi, les dirigeants militaires, qui ont jusque-là résisté aux appels à transférer le pouvoir, et les leaders de la contestation ont eu des discussions et ont convenu de les poursuivre.

"Nous avons clarifié notre demande principale, qui est le transfert du pouvoir à des autorités civiles", a expliqué Siddiq Youssef, un responsable de l'Alliance pour la liberté et le changement (ALC) qui chapeaute les partis politiques et groupes de la société civile menant la contestation.

- Aide financière de Ryad et Abou Dhabi -

Arrivé au pouvoir par un coup d'Etat le 30 juin 1989, M. Béchir a dirigé d'une main de fer un pays miné par des rébellions dans plusieurs régions et est en outre accusé de graves violations des droits humains.

Sur le plan économique, le pays a aussi souffert de l'embargo imposé par les Etats-Unis en 1997, en raison notamment d'un soutien à des groupes jihadistes, et retiré 20 ans plus tard. Le Soudan demeure cependant sur la liste américaine des "pays soutenant le terrorisme."

Une délégation soudanaise va se rendre à Washington pour discuter d'un retrait du Soudan de cette liste, a déclaré dimanche M. Burhane à la télévision.

La destitution de M. Béchir a laissé envisager un afflux de dollars dans ce pays confronté depuis des années à des pénuries de devises étrangères.

Dimanche, la valeur de la livre soudanaise s'est fortement renforcée sur le marché noir, s'échangeant à 45 livres pour un dollar contre 72 livres la semaine dernière. Le taux de change officiel est fixé à 47,5 livres pour un dollar.

Ryad et Abou Dhabi ont confirmé dimanche leur soutien au Soudan en annonçant un dépôt de 500 millions de dollars dans la banque centrale soudanaise et une somme de 2,5 milliards destinée à financer les besoins du peuple soudanais en produits alimentaires, médicaments et produits pétroliers, selon l'agence saoudienne officielle SPA, qui n'a pas précisé s'il s'agit de dons ou de prêts.



Par Menna ZAKI et Abdelmoneim ABU IDRIS ALI | AFP

Auteur:
Agence France Presse
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