Cameroun - 13 septembre 1958-13 septembre 2018: Hermine Um Nyobe, 2ème enfant de Ruben Um Nyobe, raconte de la difficile vie des rejetons du leader nationaliste 60 ans après sa mort

Par Pierre Arnaud NTCHAPDA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 13-Sep-2018 - 18h20   13094                      
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Hermine Ngo Um Nyobe Facebook
«L’histoire de notre papa ne nous a pas été racontée. Je l’apprends comme ça. Au moyen des écrits, des médias, comme tout le monde. J’aurais bien voulu, qu’il m’élève, qu’il m’inculque cette nation, que je puisse l’appeler papa, que je le serre dans mes bras », dans une interview réalisée à l’occasion de la commémoration de la disparition du « Mpodol ».

Ce 13 septembre 2018, le Cameroun commémore le 60 anniversaire de la disparition du « Mpodol » Ruben Um Nyobe. Le héros de la lutte pour l’indépendance du Cameroun avait été assassiné le 13 septembre 1958 par les forces coloniales françaises. La veille de cet anniversaire, l’un de ses quatre enfants encore vivants a fait un témoignage exclusif. Interviewée sur la télévision en ligne jmtvplus.com par notre confrère Jacky Moiffo,    Hermine Victorine Ngo Um Nyobe, née le 13 août 1953 et 2ème des 3 filles de Um Nyobe, a raconté le  difficile quotidien des enfants du leader nationaliste camerounais.

Dans cette interview mise en ligne le 12 septembre 2018, elle rapporte que son père ayant senti qu’il ne vivrait pas longtemps, les avait éloignés, les mettant dans des familles amies, pour leur sécurité. Citant son cas personnel, cette femme qui n’a pas connu son père indique qu’elle était contrainte de vivre à l’écart des autres enfants de son âge à l’école et évitait de s’éloigner de la maison familiale.

Elle fait savoir qu’elle découvre sa vraie mère, Marthe Um Nyobe (95 ans aujourd’hui), à l’âge de 14 ans alors qu’elle entame ses études secondaires et qu’elle a rejoint pour cela la famille de son père.  Des études qu’elle poursuivra comme par le passé sous une fausse identité pour des raisons évidentes de sécurité. « Je n’avais pas l’acte de naissance réel. J’ai évolué sous un prête-nom. On m’appelait NGO OUM avec « O ». Il n’y avait pas Nyobè. Il fallait faire quelque chose pour me permettre d’aller au moins à l’école : avoir une certaine identité ».

 Plus tard, Hermine va chercher à en savoir plus sur son héros de père mais se heurtera à des difficultés. Le Caractère triste de l’histoire fera qu’un de ses tuteurs se mettra à pleurer quand il fallait parler de Um Nyobe.  

«L’histoire de notre papa ne nous a pas été racontée. Je l’apprends comme ça. Au moyen des écrits, des médias, comme tout le monde. J’aurais bien voulu, qu’il m’élève, qu’il m’inculque cette nation, que je puisse l’appeler papa, que je le serre dans mes bras ».   

Hermine Ngo Um Nyobe confie que ses descendants ont été stigmatisés, traumatisés. Comme  ce petit-fils du héros, son fils à elle, qui portait le nom complet de Ruben Um Nyobe mais qui pour cette raison fut refusé à l’école du Centre, à Yaoundé.

Hermine Um Nyobe vit en France depuis le mois de Juin 2011 à la faveur d’une évacuation sanitaire (à partir du Cameroun) qui lui a permis de se soigner à l’hôpital La Pitié –Salpétrière de 2011 à 2012. Ayant recouvré la santé, elle  est restée en France pour effectuer des contrôles médicaux.  Sa sœur aînée, première née est aujourd’hui décédée. Tout comme 2 autres enfants de Um Nyobe.   

Auteur:
Pierre Arnaud NTCHAPDA
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