Cameroun: Accusé au TCS de détournements de fonds par son 1er adjoint, le maire de la commune de Dibombari apporte des preuves et parle de cabale

Par Frédéric NONOS | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 10-Nov-2021 - 15h01   7619                      
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Justin Bejedi Ndame , maire de Dibombari Frédéric Nonos
Justin Bejedi Ndame reproche à ses détracteurs de vouloir faire main basse sur les produits de carrières et les recettes de permis de bâtir de la commune pour s’enrichir au détriment des populations.

C’est une affaire qui défraie la chronique à Dibombari, localité située dans le département du Moungo, région du Littoral. Son maire, Justin Bejedi Ndame est traduit au Tribunal criminel spécial (TCS) par son 1er adjoint, S.M Samuel Elongo Kingue. Ce dernier l’accuse de recrutements abusifs, gestion opaque de la mairie, détournement des bons de carburant et des frais relatifs aux visites du préfet, création des sociétés fictives, le tout pour un montant de 700 millions FCFA distraits au terme du premier exercice  de leur mandature. Après l’ouverture des enquêtes préliminaires le 28 juin 2021 au cours desquelles Justin Bejedi Ndame a joué la carte de la transparence, le maire de Dibombari vient de faire une communication solennelle auprès des conseillers et du personnel de sa mairie pour faire la lumière sur ce qu’il qualifie de nébuleuse, qui a contribué à affaiblir l’ardeur du personnel au travail.

Sur les recrutements fictifs, "il s’agit de la contractualisation du personnel temporaire en poste avant son élection dans les différents services s’agit d’être en adéquation" indique le maire. Quant à la gestion des recettes des permis de bâtir, « il a été prouvé que les paiements sont faits auprès des services compétents et que la rigueur implémentée a permis de réaliser des recettes allant du simple au triple. En cinq ans, l’ancien exécutif a réalisé 98 393 201 FCFA. Or entre mars et décembre 2020, le nouvel exécutif a enregistré une recette de 67 920 235 FCFA pour des prévisions de 30 000 000 FCFA, « soit un écart de plus de 37 000 000 FCFA sur les prévisions donc plus du double des recettes attendues », précise Justin Bejedi.

S'agissant des accusations de détournement des recettes des carrières, notamment le versement de 31 millions FCFA par la société MUNA pour la gestion annuelle d’une des carrières et les paiements par les exploitants de la taxe des produits des carrières par Mobile money, le maire s’explique en précisant que cela faisait suite à un rappel fait par correspondance du 3 octobre 2020, dans lequel il montrait au promoteur de l’entreprise MUNA des manquements qui avaient été constatés dans le non-paiement ou des paiements illégaux qui ont entraîné des pertes énormes dans les recettes de la mairie. Et c’est dans la même volonté qu’il avait été instauré le paiement par mobile money contre quittance pour éviter les manipulations des espèces qui ouvrent souvent la voie aux actes de corruption et autres malversations. Au final, le maire va montrer les fruits de cette gestion en rappelant qu’en cinq ans, l’ancien exécutif a réalisé 9 911 000 FCFA de recettes. Alors que l’exécutif en fonction a enregistré pour ses neuf premiers mois une recette de 13 057 000 FCFA. Soit un écart de plus de 7 millions FCFA sur les prévisions.

Quant aux détournements de bons de carburant, les fondeurs l’accusent d’avoir distrait 70 millions FCFA pour un parc automobile qui ne dispose que d’un seul véhicule et pour une seule visite effectuée par le préfet du Moungo. Justin Bejedi indique que le montant évoqué est surévalué. Il précise  qu’il a trouvé trois engins en panne et a pu réparer le compacteur, la pelle chargeuse, qui ont fonctionné toute l’année. La mairie, a-t-il précisé, dispose de deux véhicules de service, d’un pick-up, d’un tricycle, de deux motos et de la voiture du maire qui sont en service et qui nécessitent à cet effet du carburant. Par ailleurs, il précise avec date à l’appui que le Préfet a effectué trois visites officielles dans la Commune de Dibombari au courant de l’année 2020 donc une avant leur prise de fonction.  Au sujet des sociétés écrans et fictives qui lui appartiendraient et qui gagneraient la quasi-totalité des marches dans la commune, Justin Bejedi précise qu’au moins 70% des entreprises qui gagnent des marchés dans la commune de Dibombari existent et travaillent bien avant son arrivée. Et de conclure que : « les marchés publics sont ouverts à tous ».

Sur la non-tenue des sessions conseils municipaux depuis leur prise de fonction, le maire a précisé que quatre sessions ont été tenues au cours de l’exercice 2020 et la dernière session du conseil municipal tenue le 9 mai 2021, a été consacrée à la validation du compte administratif. Il a connu la participation des conseillers dissidents qui  ont validé le compte administratif 2020 avec une recette globale de 1 321 627 031 FCFA sur un budget prévisionnel définitif de 1 553 801 000 FCFA, soit un taux de recouvrement de 85%.

Pour plusieurs conseillers municipaux, il s’agit d’un acharnement politique né lors des investitures pour le double scrutin législatif et municipal de février 2020. Mécontents de la mafia entretenue lors des investitures par le Comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), qui ne prend pas en compte les aspirations de la base, des militants de ce parti à Dibombari, décident d’aller se faire investir par le Mouvement des patriotes pour un Cameroun nouveau (MPCN) du feu maire de Njombe-Penja, Paul Erick Kingue.

Au terme du scrutin, la liste MPCN conduite par Justin Bejedi Ndame est élue à la majorité relative avec 27 des 35 sièges contre 8 pour le RDPC. Mais des élites RDPC tentent en vain de faire annuler l’élection au Tribunal administrative du Littoral. Le maire obtient gain de cause et sa victoire est confirmée par la Cour Suprême où les cadres du RDPC interjettent appel sans succès. Avant le conseil de plein droit, Justin Bejedi Ndame est accusé par ses adversaires de posséder une double nationalité (française et camerounaise) pour le disqualifier. Cette nouvelle tentative se solde par un échec et après six mois de gestion, Justin Bejedi Ndame est accusé des chefs d’accusations relevés plus haut par son 1er adjoint et certains conseillers du RDPC.

« Faute de n’avoir pas pu prendre le maire en otage en lui exigeant de leur abandonner la gestion des carrières de terre et de sable qui est l’une des principales recettes de la commune », explique Justin Bejedi Ndame, les conseillers frondeurs tentent de le mettre en minorité. Mais il est maintenu maire grâce à la majorité des conseillers MPCN, satisfaits de son travail.

 

 

Auteur:
Frédéric NONOS
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