Cameroun - Affaire CRTV: Tout en clamant son innocence, l’ex ministre Polycarpe Abah Abah saisit la Cour suprême.

Par Adeline ATANGANA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 24-Mar-2019 - 06h39   6226                      
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Polycarpe Abah Abah Archives
Condamné au Tribunal criminel spécial (TCS) le 19 mars 2019 à 18 ans de prison pour coaction de détournements de deniers publics de la somme d’environ 205 millions de FCFA avec le Professeur Gervais Mendo Ze, ex DG de la CRTV, Polycarpe Abah Abah estime qu’il est victime d’une parodie de justice dont le but est de le maintenir en prison le plus longtemps possible.

Agé de 65 ans, Polycarpe Abah Abah est en prison à Yaoundé depuis 11 ans pour plusieurs chefs d’accusation dans six dossiers distincts. Le cinquième et avant dernier dossier dénommé CRTV 1, a donné lieu le mardi 19 mars 2019 au TCS, à sa condamnation à 18 ans de prison pour coaction de détournements de deniers publics de la somme d’environ 205 millions de FCFA avec le Professeur Gervais Mendo Ze, ex DG de la CRTV.

Polycarpe Abah Abah qui clame son innocence, a interjeté appel à la Cour suprême qui va trancher en dernier ressort. Il avait déjà saisi en son temps, la plus haute juridiction du pays pour contester les verdicts rendus par le TCS sur ses quatre premières affaires.

En attendant les sentences de la haute juridiction, le pool des conseils chargés de la défense l’ancien ministre des Finances, ont publié un communiqué de presse le jeudi 21 mars 2019 pour dénoncer « une véritable parodie de justice » à l’encontre de leur client.

« Cette condamnation, une véritable parodie de justice, s’intègre dans le cadre d’une stratégie pensée, planifiée, mise en œuvre et visant, pour des raisons inavouées mais bien connues, à maintenir l’ex Ministre de l’Economie et des Finances en prison le plus longtemps possible. En effet, depuis le 31 mars 2008 date de son arrestation, alors même qu’il ne faisait l’objet d’aucune imputation d’une quelconque faute, Polycarpe ABAH ABAH est victime d’un acharnement injustifié et sans précédent dans l’histoire judicaire de notre pays et même probablement, nulle part ailleurs »

Ci-dessous, l’intégralité du Communiqué de presse publié par le pool des Conseils chargés de défense de Polycarpe Abah Abah:

 

 

COMMUNIQUE DE PRESSE

Suite à la condamnation du 19 mars 2019 de Monsieur Polycarpe ABAH ABAH par le Tribunal Criminel Spécial.

Le pool des Conseils chargés de la défense de Monsieur Polycarpe ABAH ABAH, ex Ministre de l’Economie et des Finances porte à la connaissance de l’opinion publique nationale et internationale que le Tribunal Criminel Spécial (TCS), siégeant en formation collégiale présidé par Monsieur NDJERE Emmanuel, assisté de Monsieur NYASSA Luc et de Madame SIEWE Yvette, vice-présidents du TCS, a condamné le concerné à une peine d’emprisonnement de dix-huit (18) ans assortie d’amendes pour une prétendue coaction de détournements de deniers publics de la somme de FCFA 205.873.648 avec le Professeur Gervais MENDO ZE.

Cette condamnation, une véritable parodie de justice, s’intègre dans le cadre d’une stratégie pensée, planifiée, mise en œuvre et visant, pour des raisons inavouées mais bien connues, à maintenir l’ex Ministre de l’Economie et des Finances en prison le plus longtemps possible.

En effet, depuis le 31 mars 2008 date de son arrestation, alors même qu’il ne faisait l’objet d’aucune imputation d’une quelconque faute, Polycarpe ABAH ABAH est victime d’un acharnement injustifié et sans précédent dans l’histoire judicaire de notre pays et même probablement, nulle part ailleurs.

Pour s’en convaincre, six procédures judiciaires distinctes ont été engagées contre lui depuis cette date, détaillées comme ci-après :

  • Affaire dite « Crédit Foncier du Cameroun » qui a donné lieu à une condamnation à vingt cinq (25) ans de prison en 2016, soit huit (08) après son arrestation ;
  • Affaire dite « tentative d’évasion aggravée » qui a donné lieu à sa condamnation à six (06) ans de prison en 2012 soit quatre (04) ans après son arrestation ;
  • Affaire dite « Lydienne EYOUM », qui a vu son acquittement en 2015 soit sept (07) ans après son arrestation ;
  • Affaire dite « TVA », qui a vu sa condamnation en 2015 à vingt (20) ans de prison soit neuf (09) ans après son arrestation ;
  • Affaire dite « CRTV volet 1 », qui a donné lieu à sa condamnation à dix-huit (18) ans de prison en 2019, soit onze (11) ans après son arrestation ;
  • Affaire dite « CRTV volet 2 », en cours de jugement.

Hormis l’affaire Lydienne EYOUM pour laquelle il a été définitivement acquitté par la Cour Suprême, il s’est pourvu en cassation pour toutes les autres affaires objet de

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condamnations sus-évoquées et attend, toujours confiant en la justice de son pays, d’être jugé une deuxième fois.

Une constante se dégage cependant à savoir que toutes ces affaires n’ont été engagées contre Monsieur ABAH ABAH Polycarpe qu’après son arrestation le 31 mars 2008.

Aucune d’elle n’est la résultante d’un quelconque contrôle préalable effectué par un organe de contrôle tel que le CONSUPE, sauf pour le cas CRTV pour lequel il avait été innocenté par la haute institution chargée du contrôle supérieur de l’Etat.

Enfin, aucune de ces affaires ne concerne sa gestion du très sensible Ministère de l’Economie et des Finances dont il a eu la charge de 2004 à 2007.

Tout au long de sa carrière administrative il n’a reçu aucune demande d’explication de qui que ce soit, ni une quelconque sanction administrative de la part d’aucun de ses supérieurs hiérarchiques.

Au contraire, il a plutôt eu de nombreuses félicitations et décorations y compris de la part de la plus Haute Autorité de l’Etat notamment lors de l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE en 2006, mission qui lui avait été confiée par Son Excellence Paul Biya, Président de la République et dont les retombées demeurent visibles à travers notamment l’exécution du C2D conclu avec la France et dont il a été l’un des principaux architectes et artisans en liaison avec les autorités françaises compétentes.

Les affaires sus-énoncées étant désormais pendantes devant la Cour Suprême, le fond ne sera pas évoqué.

Monsieur ABAH ABAH Polycarpe tient néanmoins à clamer son innocence une fois de plus.

Mais comme il a toujours été fait pour les autres affaires, dans le souci d’éclairer l’opinion publique tant nationale qu’internationale, notamment les nombreuses personnes qui n’ont pas assisté aux audiences qui se sont déroulées au TCS, ses conseils donneront un point de presse dans les prochains jours pour ce qui concerne l’affaire dite « CRTV Volet 1 ».

D’ores et déjà, il y a lieu de relever que, immédiatement après la décision du Tribunal Criminel Spécial en date du 19 mars 2019, ses conseils ont interjeté pourvoi parce que en aucun jour, le déclarant sur l’honneur, Polycarpe ABAH ABAH n’a ni obtenu, ni retenu la somme de FCFA 205.873.648 dont le détournement lui est imputé en coaction avec le Professeur MENDO ZE.

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Cette somme est demeurée intacte pendant toute la période des faits dans le compte bancaire dont le numéro avait été communiqué à l’ex Directeur Général de la CRTV par le Chef de Division par intérim de la Division des Grandes Entreprises, Monsieur Paul NGAMO HAMANI.

L’historique de ce compte, produit par l’accusation elle-même, le prouve à suffire ainsi que les déclarations des experts judiciaires et du représentant du Ministre des Finances Monsieur MBANG OLIBOKO Honoré.

Cette somme, après la période des faits, a été transférée intégralement à la Direction Générale des Impôts après le départ de Polycarpe ABAH ABAH le 08 décembre 2004. Les collaborateurs des Ministres des Finances l’ont reconnu à l’audience, les Ministres des Finances successifs, Messieurs Alamine OUSMANE MEY et Louis Paul MOTAZE le savent bien.

Monsieur ABAH ABAH Polycarpe n’a posé aucun acte dans cette affaire, ni donné une quelconque instruction à qui que ce soit ; il n’a été informé ni par Monsieur Gervais MENDO ZE, ni Monsieur Paul NGAMO HAMANI qui avait communiqué le numéro de compte querellé, ni par la SCB Crédit Lyonnais, banque de domiciliation dudit compte et des virements querellés.

Enfin, il n’a exécuté aucun protocole d’accord avec la CRTV.

Tous ces éléments sont des faits constants, vérifiables et vérifiés admis lors des débats et dont Polycarpe ABAH ABAH se prévaudra devant la Cour Suprême qu’il vient de saisir dans le cadre d’un pourvoi en cassation.

En attendant, il invite toute personne intéressée à prendre part au point de presse annoncé plus haut.

Fait à Yaoundé, le 21 mars 2019.

Auteur:
Adeline ATANGANA
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