Cameroun - Affaire Éric Kouatchou/Le journaliste Abdelaziz Moundé interpelle ses confrères (Denise Epoté, Alain Foka, Marie-Roger Biloa): «De grâce donnez de la voix. Ne vous taisez plus. Ne vous détournez plus.»

Par Pierre Arnaud NTCHAPDA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 14-Apr-2020 - 14h10   6503                      
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Abdelaziz Mounde Facebook
L’ancien du quotidien Mutations invite ses illustres confrères et compatriotes à prendre l’habitude de dénoncer les injustices que subissent leurs concitoyens.

Abdelaziz Moundé Njimbam invite les journalistes camerounais de renom, Alain Foka, Denise Epoté, Marie-Roger Biloa entre autres, à s’engager. Il leur demande de dénoncer les injustices commises au bercail.

L’ancien du quotidien Mutations l’a dit dans un texte publié ce mardi sur Facebook. «La prochaine fois qu'un enfant du Cameroun, de la Diaspora comme de l'intérieur, sera victime de l'arbitraire d'une détention non motivée, tel Éric Kouatchou, de grâce donnez de la voix. Ne vous taisez plus. Ne vous détournez plus. Ne restez plus à ces distances qui nous évitent les foudres, l'inimitié des puissants chez nous. Il est temps que notre bien à tous soit plus fort que notre mieux à soi !» souhaite-t-il.

L’ancien étudiant de l‘université de Douala les invite à agir comme leurs illustres devanciers, Sita Bella, Ludwig Mpondo Akwa, Iwiyé Kala Lobé. « De grâce, faites résonner en écho la puissance de vos voix, la précision et la virtuosité de vos plumes», implore-t-il. Il leur demande d’imiter le journaliste camerounais, Amobe Mevegue, qui consacra un sujet sur la détention de l’artiste activiste politique Valsero.

Abdelaziz Moundé rappelle que c'est par des figures comme celles qu’il interpelle ici que «des antiennes pour l'égalité des droits, des odes pour l'Etat de droit, sous le modèle du Rechstaat allemand, puisées à la source de la Charte du Mandé, transpirant des fondements romains du droit ou du Code d'Hammourabi».

Ci-dessous l’intégralité de l’appel insistant d’Abdelaziz Moundé aux journalistes camerounais de renom Denise Epote, Alain Foka, Mrie Roger Biloa

 

A MES AINES MARIE-ROGER BILOA, DENISE EPOTE, ALAIN FOKA...AU SUJET DE L'AFFAIRE KOUATCHOU

La prochaine fois qu'un enfant du Cameroun, de la Diaspora comme de l'intérieur, sera victime de l'arbitraire d'une détention non motivée, tel Eric Kouatchou, de grâce donnez de la voix. Ne vous taisez plus. Ne vous détournez plus. Ne restez plus à ces distances qui nous évitent les foudres, l'inimitié des puissants chez nous. Il est temps que notre bien à tous soit plus fort que notre mieux à soi !

On ne négocie pas en coulisses les droits ; c'est le viatique de chaque citoyen. Sinon, sans réseaux, sans un statut de journaliste pour une chaine française, sans visibilité sociale, comment feront les humbles, ces millions de Camerounais, à la merci de tous les vents de l'arbitraire ?

On ne quémande pas, aux autorités, le respect de la procédure : droit à un avocat, respect des règles de garde à vue et de détention, notification explicite des motifs d'une convocation, des charges ou des poursuites. Elles sont, dans l'essence de l'Etat de droit, assujetties à son scrupuleux respect. Sinon, à quoi aura t-il servi d'abolir les ordonnances dites de 62, assomption de l'Etat d'exception, où le président, le sous-préfet, le préfet, le gouverneur, le flic, avaient droit de vie et de mort sur chaque citoyen, mis à l'index pour subversion ou dans les rets de la délation : Tcholliré, la BMM, Mantoum...à vie. C'est en constituant ces forteresses d'amis des droits et des libertés que chacun pose les pierres des fondations d'une société démocratique.

La prochaine fois, comme hier Ahmed Aba, Serval Abe Valsero - pour qui j'étais fier de voir Amobé Mevegue consacrer un sujet sur la détention -, et encore dans les geôles Wilfried Siewe, Sidick Nsangou, et encore tout frais, Eric Kouatchou, sera mis sous le coude le Code de Procédure Pénale, le florilège des conventions en matière des Droits de l'Homme, signées par le Cameroun, pays de Sita Bella, Ludwig Mpondo Akwa, Iwiyé Kala Lobé, nos premiers journalistes, de grâce, faites résonner en écho la puissance de vos voix, la précision et la virtuosité de vos plumes.

C'est par des voix comme les vôtres que des pétitions, des concerts, des appels, des plaidoyers pour la libération de Mandela et tant de victimes des injustices, des tyrannies, de l'arbitraire, du déni des droits de l'Homme ont recouvré la liberté, humée l'air du large, respiré les vents frais de la mousson en Afrique.

C'est par des figures comme les vôtres que des antiennes pour l'égalité des droits, des odes pour l'Etat de droit, sous le modèle du Rechstaat allemand, puisées à la source de la Charte du Mandé, transpirant des fondements romains du droit ou du Code d'Hammourabi.

Par vos talents, des parcours d'exception, vous êtes devenus des références ; une fierté pour notre Diaspora. Vous faites partie de ces figures de l'histoire du journalisme, de l'exaltation des compétences africaines en France, de l'avènement de la presse panafricaine en Hexagone ; un lustre pour le Cameroun. Par vos analyses, sur bien des plateaux, vos chroniques sur bien des sujets, vous avez l'Afrique en cœur, son histoire en mémoire, son émergence en rêve. Par vos plumes et voix, des millions de lecteurs, auditeurs et téléspectateurs sont édifiés, éclairés et orientés sur tant et tant de questions complexes.

C'est pourquoi, j'ai bien voulu, une fois encore, vous appeler à cette responsabilité collective. Votre voix, ouvertement affirmée, fera écho sur les parois du Mont-Cameroun et ce sera une contribution de choix pour cette quête d'une société débarrassée des réflexes de la tyrannie, de l'arbitraire et de la mise sous le boisseau des principes de l'Etat de Droit.

Mounde Njimbam

 

Auteur:
Pierre Arnaud NTCHAPDA
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