Francis Ngannou a rendu visite aux cinq personnes détenues à la prison centrale de Yaoundé dans le cadre de l’enquête sur les fuites d’épreuves à la  dernière session des baccalauréats D et technique, le 6 Septembre 2020. La star mondiale du Mix Martial Art (MMA) a rendu compte de sa visite au cours d’un «direct» Facebook fait dans la soirée de dimanche.

Francis Ngannou trouve que ce qui arrive à Kevin Gassam n’est «pas très juste». Il explique qu’il s’est rendu dans le pénitencier en espérant se retrouver en face d’un génie qui aurait piraté le système informatique de l’Office du Baccalauréat du Cameroun. Ce qui, à sa grande déception, n’était pas le cas. Il constate que des cinq détenus «personne n’a été entendu». Il rapporte que tous sont accusés de fraude et complicité de fraude.  « Le jeune Kevin qui est le plus connu dans cette affaire dit avoir reçu une épreuve comme tant d’autres élèves. Il l’a reçue d’un groupe Télégram. Il l’a transféré dans son groupe d’étude sur Wathsapp. Il proposait à ses camarades de le traiter au cas où il s’avère que c’est le sujet de l’examen qu’au moins ils aient déjà la maîtrise de cette épreuve. A priori son crime, c’est d’avoir reçu cette épreuve. A moins que la justice nous apporte d’autres éléments», fait savoir le boxeur.  «N’y a-t-il pas pour eux ce qu’on appelle en droit présomption d’innocence ?», demande-t-il.

«Jusqu’ici, il n’y a personne qui est coupable ou présumé coupable. Selon leurs dires, ça fait un mois que certains d’entre eux ont été incarcérés sans être entendus mais par contre ont été déférés jusqu’à la prison centrale de Kondengui. Ils ont été mis sous mandat de dépôt provisoire de six mois. Ce qui veut dire que leur jugement peut commencer après six mois. Et même qu’après six mois on peut prolonger le mandat de dépôt. 6 mois ce n’est pas grave pour celui qui est reconnu coupable d’une faute comme celle-là. Je comprends que notre justice a bien voulu faire la lumière sur cette affaire, ce qui est louable, mais est-ce que si par hasard ces enfants étaient innocents et qu’on n’avait pas pris la peine d’enquêter un peu plus profondément pour quelques jours au moins avant de les incarcérer cela n’aurait pas été mieux ?»,  se demande le grand sportif. Qui se demande ce qui va se passer après, ce que sera l’avenir des détenus.  «Et s’ils étaient innocents ? C’est effrayant quand même !», s’interroge encore Ngannou.  

Il se demande comment ils ont fait pour avoir les épreuves. Il estime cependant que s’il était avéré que les suspects n’ont fait que partager les épreuves, ils ne devraient pas être punis. «Des milliers d’enfants là dehors, dans l’espoir de mieux se préparer aux examens ont partagé des épreuves d’examen. Ils sont des milliers. Si on veut arrêter juste des gens pour avoir partagé des épreuves, je pense que chaque élève, qui un jour dans sa vie a participé à un groupe d’étude, que ce soit  à l’école ou sur les réseaux sociaux, sera coupable et incarcéré par la même occasion», soutient-il, disant avoir «eu froid au dos» quand il a appris la mésaventure de Gassam et ses compagnons d’infortune.

Cela dit, il espère un élargissement des détenus devenus célèbres quitte à ce qu’ils  comparaissent libres. «Je pense que notre justice pourra les mettre en liberté provisoire afin qu’ils restent à disposition pour raison d’enquête. Je ne pense pas qu’il y en ait un parmi eux qui ait un passeport pour qu’on craigne qu’il s’enfuit. Ils sont sur place. Ils ne sont même pas présumés coupables. Juste suspectés».  Il poursuit : «Bien que je sois d’accord que si un enfant a fait quoi que ce soit, qu’il soit puni de son acte, mais jusqu’à preuve du contraire, on plaide pour les causes. Libérez-les s’il vous plaît». Enfin Ngannou salue l’action de célébrités  qui se sont indignées contre la détention de Kevin Gassam et Cie à l’instar des artistes Maalhox et K-Tino.