Cameroun - Affaire Mebe Ngo’o - Jean-Bruno Tagne: «Dans le système Biya, la chute peut parfois être brutale et aussi inattendue que l’ascension elle-même»

Par Pierre Arnaud NTCHAPDA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 07-Mar-2019 - 12h36   5450                      
10
Jean Bruno Tagne Archives
Le journaliste estime que le président camerounais ne fait pas beaucoup confiance à ses ministres peu patriotes. Il explique que c’est pour cette raison qu’il n’hésite pas à punir quand l’occasion se présente.

Jean-Bruno Tagne ne semble pas surpris par ce qui arrive à l’ancien ministre de la défense Alain Abraham Edgar Mebe Ngo’o. Dans une réflexion qu’il a publiée sur un de ses comptes Facebook le 5 Mars 2019, il relève que « dans le système Biya, il n’y a pas loin du Capitole à la roche Tarpéienne ». Tout en rappelant les faits d’armes négatifs de  l’ex patron de la police, l’ancien du quotidien Le Jour indique qu’il ne se doutait pas qu’il serait « la proie du régime cannibale de Yaoundé, qui bouffe tous ses enfants ».    

Jean-Bruno Tagne décrit un président Paul Biya qui pour avoir une parfaite connaissance de ses collaborateurs sait qu’ils sont presque tous des jouisseurs qui se servent du pouvoir qu’ils ont pour poser des actes répréhensibles.

Voici dans son intégralité la réflexion de Jean-Bruno Tagne

Ce qui arrive à Alain Abraham Mebe Ngo’o devrait inspirer ceux qui sont encore aux affaires et se gargarisent du soutien de je ne sais quelle coterie. Dans le système Biya, il n’y a pas loin du Capitole à la roche Tarpéienne. La chute peut parfois être brutale et aussi inattendue que l’ascension elle-même.

Hier, Mebe Ngo’o fut à la manœuvre de l’interpellation-humiliation des Urbain Olanguena, Jean-Marie Atangana Mebara et bien d’autres. Obnubilé par le pouvoir et l’argent, il était bien loin de se douter qu’il sera lui-même un jour la proie du régime cannibale de Yaoundé, qui bouffe tous ses enfants. Il ne faut donc jamais se réjouir du malheur d’autrui.

Celui qui fait face en ce moment à la Justice camerounaise fut délégué général à la Sureté nationale, directeur du Cabinet civile de la présidence de la République, ministre de la Défense et ministre des Transports. Qui diantre oserait donc inquiéter un homme avec un tel Cv ?

C’est mal connaître le président Paul Biya que de se poser une telle question. Il connaît ses hommes. Ce sont pour la plupart des jouisseurs, des gens pour qui le pouvoir est simplement un certificat pour se livrer à toutes sortes d’orgies. Jamais, pendant qu’ils sont aux affaires, ils ne prennent le temps de se constituer un réseau solide sur des bases idéologiques capable de les défendre, au besoin de mourir pour eux. Non. Ils se constituent plutôt un réseau de gens légers et coquins, des profiteurs sans épaisseurs, des adeptes de l’insignifiance et du dérisoire. Quand vient la chute, ils se retournent et se retrouvent bien seuls, abandonnés à leur triste sort et à celui de leur famille.

Si Alain Abraham Mebe Ngo’o venait à être arrêté, il n’y aurait ni manifestation nulle part (même pas dans son propre village), aucun militaire ne tirerait un coup de feu (même pas le dernier des troufions), aucun journaliste jadis acquis à sa cause du temps de sa gloire ne le suivrait pour longtemps, aucun député ou camarade du parti ayant longtemps profité de ses largesses ne lèverait le moindre petit doigt, pas plus que ses partenaires d’affaires qui en profiteraient maintenant qu’il est à genou pour le gruger.

Le président Paul Biya connait ses hommes et les Camerounais. Il les sait sans grande conviction et leur fidélité très fragile. C’est pour cela qu’il met un soin particulier au châtiment « exemplaire » de tous ceux qui veulent sortir des rangs. Je citerai le cas du professeur Titus Edzoa… Chacun peut citer d’autres exemples… plus récents…

Auteur:
Pierre Arnaud NTCHAPDA
 @t_b_d
Tweet
Facebook




Dans la même Rubrique