Cameroun - Affaire polyclinique Mari Ô de Douala: Jean-Michel Nintcheu (député SDF) accuse Malachie Manaouda (ministre de la Santé) d’«affairisme» et appelle à son limogeage !

Par Yannick A. KENNE | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 23-May-2020 - 18h48   4607                      
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Jean-Michel Nintcheu Archives
L’élu du Social Democratic Front dit avoir découvert que quelques jours avant son acte de fermeture de cet établissement hospitalier le 13 mai 2020, le patron de la Santé avait donné son onction à un centre similaire. Il dénonce une politique du deux poids deux mesures.

On n’en finit pas de parler de l’affaire de la Polyclinique Marie Ô de Douala, dont la fermeture a été ordonnée le 13 mai 2020 par le ministre de la Santé Publique, Malachie Manaouda, au motif que ce centre n’était pas agréé pour la prise en charge des patients atteints de Coronavirus. Cette décision diversement appréciée, avait fait des gorges chaudes, notamment de la part de l’Ordre National des Médecins du Cameroun (ONMC), qui l’avait jugée «non justifiée».

Dix jours après, l’affaire revient au-devant de la scène, avec de nouvelles allégations du député du Social Democratic Front (SDF), Jean Michel Nintcheu, qui accuse le ministre de la Santé Publique de «ségrégation hospitalière».

Le président régional du SDF pour le Littoral a commis un communiqué ce samedi 23 mai 2020, dans lequel il indique que le patron de la Santé a pris la décision de fermer ledit centre, alors que quelques jours avant, le 5 mai 2020, il donnait quitus à un centre similaire pour prendre en charge les patients de COVID-19, pourtant celui-ci ne figure pas sur la liste des centres agréés de la région.

«On ne saurait d'une part, déployer les moyens de l'État pour venir en aide à une clinique privée et d'autre part ordonner la fermeture de surcroît sans délai, d'une polyclinique alors que les deux formations hospitalières sont à capitaux privés et ne sont pas des centres agréés de prise en charge des patients atteints du covid-19, pour reprendre ses propres termes contenus dans l'arrêté de fermeture», déplore-t-il.

L’honorable Nintcheu accuse le ministre d’«affairisme» et ne le juge plus «crédible» pour mener la lutte contre la pandémie actuelle. Il appelle clairement à son limogeage et indique que son maintien en poste aura pour conséquence «la non-transparence des fonds» octroyés par de nombreux bienfaiteurs dans le cadre de la riposte contre le Coronavirus.

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

La gestion de la covid-19 n'a manifestement pas fini de dévoiler l'ampleur de l'opacité et de l'incohérence qui l'entoure.

Après les enquêtes que j'ai pu mener relativement la fermeture de la polyclinique Marie Ô survenue le 13 mai dernier, il m'a été donné par la suite de découvrir une contradiction flagrante et honteuse du ministre de la Santé Publique en ce qui concerne la prise en charge des patients de la Covid19 par les formations hospitalières privées.

En rappel, le ministre de la Santé Publique a fermé la polyclinique Marie Ô en date du 13 mai dernier. Au motif que cette formation hospitalière n'était pas un centre agréé de prise en charge des patients atteints de la Covid19. Il se trouve qu'en date du 05 mai, soit huit jours avant la fermeture de la polyclinique Marie Ô, le même ministre de la Santé Publique Manaouda Malachie a répondu favorablement à la sollicitation du promoteur d'une clinique qui n'est pourtant pas un centre agréé de prise en charge des patients atteints du Covid19. Il a non seulement félicité le promoteur de cette clinique basée à Yaoundé, mais a également demandé au promoteur de «lui faire tenir l'état de ses besoins et des activités pour un éventuel soutien que le ministère de la Santé souhaiterait apporter en temps opportun».

On ne saurait d'une part déployer les moyens de l'État pour venir en aide à une clinique privée et d'autre part ordonner la fermeture de surcroît sans délai d'une polyclinique alors que les deux formations hospitalières sont à capitaux privés et ne sont pas des «centres agréés de prise en charge des patients atteints du covid-19», pour reprendre ses propres termes contenus dans l'arrêté de fermeture.

Cette politique de deux poids deux mesures est inacceptable en République. Ce manque scandaleux d'équité et d'éthique est indécent en cette période de pandémie. Cette forfaiture aggravante de ségrégation hospitalière le disqualifie une fois de plus pour être à la tête de ce département ministériel. Quand en pleine pandémie mondiale qui frappe durement notre pays, un ministre de la Santé Publique est deux fois de suite mis en cause en l'espace d'une semaine, c'est navrant, intenable et insupportable pour la sérénité de l'action publique en cette période de pandémie.

Il est désormais évident que la mission de M. Manaouda Malachie à la tête du ministère de la Santé Publique n'a jamais été de soulager les patients, d'encadrer et d'accompagner les formations hospitalières encore moins de respecter la valeur humaine. Pour avoir confondu service public et affairisme, il n'est plus crédible.

Ma profonde conviction est que son maintien à la tête du ministère de la Santé Publique aura pour conséquence dramatique de renforcer la non-transparence des fonds et surtout d'abîmer la confiance dans nos institutions en charge de la lutte contre la Covid-19. Il ne saurait rester au gouvernement.

Hon. Jean Michel NINTCHEU

Député

Lettre de Malachie Manaouda au promoteur du centre médical 'Le Jourdain' (c) CIN
Auteur:
Yannick A. KENNE
 @yanickken39
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