Cameroun - Affaire Roger Chantal Tuile: Comment le journaliste a réussi à manipuler l’opinion

Par Fred BIHINA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 08-Jul-2020 - 11h57   8190                      
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Chantal Roger Tuile (Canal 2, 12/11/2017) Capture d'ecran
Il a fait croire qu’il avait été condamné à de la prison ferme et qu’il était en route pour la maison d’arrêt de Yaoundé. Vérifications faites, il s’agit de Fake News d’un bout à l’autre.

Une partie de la presse, aidée par une ONG de défense des droits de l’Homme, s’est emballée dans la journée du 30 juin 2020. Roger Chantal Tuile, le directeur de publication du journal La Tribune de l’Est, interdit à vie d’exercer le journalisme au Cameroun, condamné à deux ans de prison ferme par le Tribunal de Première Instance (TPI) de Yaoundé centre administratif, et à une lourde amende, dans l’affaire qui l’oppose au directeur général de Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNPS), Alain Noël Olivier Mekulu Mvondo.

C’est l’information qui a circulé dans les milieux de la presse ce jour-là. Une information reprise le lendemain, 1er juillet 2020, par le coordonnateur de l’ONG Mandela Center International (MCI), Jean-Claude Fogno, sous la forme d’une alerte et largement partagée sur les réseaux sociaux. Mais cette fois, avec un nouvel élément, l’incarcération de M. Tuile à la prison centrale de Yaoundé-Kondengui.

Deux jours plus tard, c’est-à-dire le 3 juillet, MCI et son coordonnateur publiaient un communiqué dans lequel on apprenait que le mis en cause s’est évadé de la prison de Kondengui et a trouvé refuge auprès de l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique au Cameroun.

Manipulation  

Après tous les recoupements, il s’avère que tout ceci est un grossier montage orchestré par Chantal Tuile lui-même, informe le journal Kalara, en kiosque le 7 juillet.

Le très sérieux hebdomadaire que dirige Christophe Bobiokono renseigne que le DP de La Tribune de l’Est a effectivement été condamné par le TPI de Yaoundé dans l’affaire qui l’oppose au patron de la CNPS. Mais c’était le 7 février 2020 et la peine était 2 ans de prison avec sursis pendant 5 ans. Une sanction du reste, jamais exécutée.

«Selon divers témoignages récoltés auprès de ceux qui ont les premiers, mis en circulation la rumeur auprès du grand public, c’est M. Roger Chantal Tuile qui lui-même, qui est à l’origine de la désinformation à son sujet», écrit C. Bobiokono.

En fait, précise notre confrère, c’est l’intéressé qui a lui-même contacté des journalistes pour faire croire qu’il était détenu dans une cellule du parquet en attente de son transfert à la maison d’arrêt de Yaoundé.

«En fait, découvrant que son histoire suscite de plus en plus d’interrogations, M. Roger Chantal Tuile va changer de version. Lundi dernier (6 juillet 2020, NDLR) lorsque Kalara le contacte au sujet de ses prétendus déboires, il évoque la décision rendue le 7 février 2020 par le TPI, par laquelle il est déclaré ‘‘coupable des faits de diffamation, dénonciation calomnieuse et propagation de fausses nouvelles’’ et condamné notamment à ‘‘200 mille FCFA d’amende ferme’’ et aux ‘‘dépens liquidés à la somme de 84 750 FCFA. Cette décision a fixé à 12 mois la durée de la contrainte par corps au cas où il y aurait lieu à l’exercer’’ contre le condamné et le juge a décerné un mandat d’incarcération contre lui à cet effet», relate Kalara; relayant la version de M. Tuile.

Après vérification au niveau du parquet, Kalara parle d’une nouvelle contre-vérité.

Auteur:
Fred BIHINA
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