Cameroun - Alternance au sommet de l’Etat/Fame Ndongo (ministre, porte-parole du RDPC): «On ne peut pas exclure la question de la succession. Mais ce n’est pas d’actualité, puisque le Président de la République exerce pleinement ses activités»

Par Fred BIHINA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 02-Jul-2020 - 13h40   6655                      
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Jacques Fame Ndongo archives
Ce fidèle de Paul Biya soutient que c’est le peuple qui élira le successeur de l’actuel Chef de l’Etat.

Interrogé par Radio France Internationale (RFI) le 1er juillet 2020, Jacques Fame Ndongo s’est exprimé sur des sujets brulants de l’actualité. Notamment la question de la succession de Paul Biya, l’actuel Président de la République, au pouvoir depuis 38 ans.

Pour le ministre d’Etat, ministre de l’Enseignement Supérieur, c’est une question qui va inéluctablement se poser, mais pas aujourd’hui. «Je crois que, dans toute démocratie, on ne peut pas exclure cela (la question de la succession, NDLR). Mais ce n’est pas d’actualité, puisque le Président de la République exerce pleinement ses activités», a-t-il déclaré.

Le Secrétaire national à la communication du RDPC, le parti au pouvoir, a balayé d’un revers de la main, les allégations de certains opposants, dont Maurice Kamto, relatives à une alternance de gré à gré que préparerait le Chef de l’Etat.

«Cela est tout à fait faux, parce que la souveraineté nationale appartient au peuple camerounais, souverain et maître de son destin. Donc lorsque la question de la succession sera d’actualité - pour le moment, elle ne l’est pas -, naturellement, c’est le peuple camerounais, souverain, qui élira démocratiquement le successeur de l’actuel Président de la République. Tout le reste relève de chimères, de supputations et de fantasmes. Donc les allégations relatives au gré à gré politique relèvent de la fantasmagorie», argumente ce fidèle du Président camerounais.

Voici l’intégralité de son entretien sur RFI:

Question: Au mois de mars dernier, le Secrétaire général de l’ONU a appelé à un cessez-le-feu dans l’ouest anglophone. L’un des mouvements rebelles a accepté, mais pas le gouvernement. Pourquoi ?

Jacques Fame Ndongo: Oui, mais comme vous le savez, il y a eu un Grand Dialogue National en 2019 et nous avons pu aboutir à un modus vivendi, à savoir la prise en compte de la plupart des revendications des régions du nord-ouest et du sud-ouest. Maintenant, nous avons une horde de hors-la-loi qui sèment la terreur, qui égorgent, qui violent, qui enterrent même des personnes vivantes ! Il est assez difficile de procéder à un cessez-le-feu avec des sanguinaires et des tortionnaires.

Question: Vous parlez de hors-la-loi qui commettent de nombreux crimes, mais en février dernier, selon les Nations Unies, au moins 22 civils ont été massacrés par l’armée camerounaise à Ngarbuh, dans l’ouest anglophone. Comment expliquez-vous ce massacre ?

Jacques Fame Ndongo: Comme vous savez, le Président de la République, Son Excellence Paul Biya, a prescrit une enquête approfondie. Cela signifie qu’il y a une présomption d’exactions.

Question: Apparemment, ce sont des soldats qui sont visés par l’enquête et aucun officier. N’est-ce pas une enquête qui risque d’être bâclée ?

Jacques Fame Ndongo: Non, le Président de la République étant légaliste, il ne peut pas laisser prospérer des actes ignobles. Je crois savoir que, comme il l’a dit, l’enquête sera exhaustive et sans complaisance. Et naturellement, si tant est que des allégations sont vérifiées et validées, des sanctions exemplaires devront s’appliquer pour ces contrevenants.

Question: La mort en prison du journaliste anglophone Samuel Wazizi n’est-elle pas une grave atteinte aux droits de l’homme ?

Jacques Fame Ndongo: Mais vous savez, le ministre en charge de la Défense a publié un communiqué. Le communiqué a relaté les tenants et les aboutissants de cette mort. Je crois savoir que des conséquences devraient être tirées en toute connaissance de cause.

Question: Samuel Wazizi était journaliste dans le Sud-Ouest anglophone. Il a été arrêté en août 2019 et ce n’est qu’au début de ce mois de juin qu’on a appris sa mort. Pourquoi cette dissimulation pendant près d’un an ? Est-ce parce qu’il avait été torturé et qu’il ne fallait pas faire d’autopsie ?

Jacques Fame Ndongo: Le communiqué a été clair, pour le moment je ne peux pas dire avec certitude qu’il y ait eu volonté de dissimuler tel ou tel acte. Mais je crois savoir que, bien qu’il y ait eu le retard que vous signalez, il n’a pas été question de dissimuler la vérité ou de couvrir des actes ignominieux.

Question: Dans son communiqué, le ministère de la Défense dit que le journaliste a succombé à une septicémie. Mais la famille n’y croit pas. Les organisations des droits de l’Homme non plus. Alors, ne faut-il pas une enquête ?

Jacques Fame Ndongo: A ce niveau-là, naturellement, la personne habilitée à prescrire l’enquête fera le nécessaire autant que de besoin, si tant est qu’elle le juge nécessaire.

Question: Depuis le grand dialogue national d’octobre dernier, plusieurs réformes sont en cours, mais est-ce qu’il ne faut pas envisager aussi une révision de la Constitution ?

Jacques Fame Ndongo: Pour le moment, ce n’est pas d’actualité.

Question: Certains parlent de la création d’un poste de vice-Président au Cameroun. Qu’est-ce que vous en pensez ?

Jacques Fame Ndongo: Ce sont des rumeurs.

Question: Oui, mais peut-être que des rumeurs finissent par devenir réalité…

Jacques Fame Ndongo: En ce qui me concerne, j’ai fait mes petites enquêtes. Pour le moment, il n’est pas question d’un projet de loi déposé par le gouvernement ou d’une proposition de loi émanant du Parlement. Je dis donc que, pour le moment, cela n’est pas d’actualité.

Question: Actuellement, c’est le président du Sénat qui est appelé à succéder au Chef de l’État en cas de vacance du pouvoir. Mais est-ce la bonne solution ?

Jacques Fame Ndongo: Oui, c’est la solution, puisque c’est cela qui est dans la Constitution et la Constitution, c’est la loi fondamentale.

Question: Est-ce que, vu l’âge du capitaine, la question de la succession ne va pas se poser un jour ?

Jacques Fame Ndongo: Mais vous dites bien «un jour» ! Il y aura bien un jour où cette question va se poser. Mais alors, quel jour ? C’est une équation à plusieurs inconnues, puisque nous ne connaissons pas le jour.

Question: Est-ce que vous y pensez ?

Jacques Fame Ndongo: Je crois que, dans toute démocratie, on ne peut pas exclure cela. Mais ce n’est pas d’actualité, puisque le Président de la République exerce pleinement ses activités.

Question: Est-ce que le Chef d'État y pense ? Est-ce qu’il prépare sa succession ?

Jacques Fame Ndongo: Mais le Chef de l’État est un sage ! C’est un homme équilibré. C’est un homme pondéré et c’est un homme qui aime passionnément le Cameroun.

Question: Donc il y pense…

Jacques Fame Ndongo: Mais c’est vous qui le dites !

Question: Est-ce qu’il vous en parle ?

Jacques Fame Ndongo: Non.

Question: Et du côté de l’opposition, Maurice Kamto parle d’un gré à gré. C’est-à-dire de l’hypothèse où le Président Biya désignerait lui-même son successeur.

Jacques Fame Ndongo: Cela est tout à fait faux, parce que la souveraineté nationale appartient au peuple camerounais, souverain et maître de son destin. Donc lorsque la question de la succession sera d’actualité - pour le moment, elle ne l’est pas -, naturellement, c’est le peuple camerounais, souverain, qui élira démocratiquement le successeur de l’actuel Président de la République. Tout le reste relève de chimères, de supputations et de fantasmes. Donc les allégations relatives au gré à gré politique relèvent de la fantasmagorie.

Auteur:
Fred BIHINA
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