Cameroun - Analyse: L’honorable François Biba (PCRN) relève les incongruités de la loi des finances 2021

Par Yannick A. KENNE | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 08-Dec-2020 - 08h45   5834                      
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François Biba Droits réservés
L’élu du Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale a passé en revue ce texte, dans divers secteurs, de la décentralisation à la recherche en passant par la santé, sans oublier le train de vie de l’Etat, et s’offusque de ses manquements.

La loi des finances 2021 a été adoptée le samedi 5 décembre 2020 à l’Assemblée Nationale. Et comme il fallait s’y attendre, elle ne fait pas l’unanimité au sein de l’hémicycle, notamment chez les députés de l’opposition. Après la critique acerbe de l’honorable Cabral Libii du Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale (PCRN), c’est désormais son camarade de parti, l’honorable François Biba, qui souligne les ratures de ladite loi.

L’élu du département de la Sanaga-maritime (Littoral) a passé aux peignes fins la loi des finances, dans les secteurs de décentralisation, de la recherche, des transports, de la santé, sans oublier le train de vie de l’Etat. D’entrée, François Biba pense que ses collègues, en l’occurrence ceux de la majorité, ont «choisi de fermer les oreilles à la voix de la raison», laissant libre cours au «pillage, la mauvaise gouvernance, l'asphyxie des populations et leur maintien dans l'agonie».

Il s’offusque par exemple de la suppression de la ligne de budget dédiée au paiement des salaires bruts aux élèves des grandes écoles, et dénoncent au passage le train de vie princier de l’Etat. «Sous d'autres cieux, la jeunesse est la priorité. On aurait pensé plutôt à doter les élèves de TOUTES les grandes écoles et les étudiants d'une bourse. Mais le gouvernement a préféré mettre en-avant son bien-être personnel au détriment de l'avenir et de la relève du pays».

Le député PCRN dénonce également la mise à disposition au ministère de la Santé Publique, d’un fond spécial de 150 millions de FCFA dans le cadre de la lutte contre la pandémie de Coronavirus, dans un contexte marqué par la relative maitrise de la maladie. Il s’inscrit aussi en faux contre les budgets alloués à certains ministères, notamment ceux de la Jeunesse et de la Recherche Scientifique, respectivement 20,2 et 8,6 milliards de FCFA, alors qu’ils brillent par l’inertie.

 

Voici le texte intégral publié par François Biba :

LA LOI DE FINANCES 2021: UN TROMPE-L'ŒIL

Le projet de loi de finances 2021, a été adopté lors de cette session.

La majorité écrasante a une fois de plus choisi de fermer les oreilles à la voix de la raison et continue dans le pillage, la mauvaise gouvernance, l'asphyxie des populations et leur maintien dans l'agonie.

Malgré les limites qui ont été relevées, ils ont réussi l'exploit d'y passer outre:

  • La dotation générale de l'État pour la décentralisation qui conformément au code général des CTD ne saurait être inférieur à 15%. Mais, seulement 7% ont été attribués aux CTD arguant de l'incompétence de ces dernières.
  • L'article 242 portant taxe d'abattage:

Cette taxe fixée à 4% a été ramenée à 3% pour les entreprises justifiant d'une certification en matière de développement durable. Nous savons très bien que les entreprises forestières n'ont aucunement souci de préserver l'environnement. Il suffit pour cela de voir à quelle vitesse nos forêts disparaissent, nos routes sont détruites par leurs gros porteurs. En procédant ainsi, un feu vert est donné à la destruction anarchique, et à moindre coût de nos forêts. Surtout lorsque l'on sait que sur les 68 exploitants recensés, près de 29 ne disposent pas de numéro d'identifiant fiscal, mais exercent en toute impunité.

  • L'article 43 du chapitre deuxième portant évaluation des charges du budget de l'Etat.

Tandis que les fonds alloués aux dépenses courantes du gouvernement (missions, réceptions,cérémonies,...) explosent, la ligne réservée aux salaires bruts des élèves des grandes écoles disparaît complètement. Sous d'autres cieux, la jeunesse est la priorité. On aurait pensé plutôt à doter les élèves de TOUTES les grandes écoles et les étudiants d'une bourse. Mais le gouvernement a préféré mettre en-avant son bien-être personnel au détriment de l'avenir et de la relève du pays.

Pendant ce temps, des enfants sont sortis des salles de classe parceque n'ayant pas réglé les frais d'APE alors que l'école publique est supposée être GRATUITE. (Nous y reviendrons).

Pendant ce temps, des centaines d'étudiants peinent à payer leurs frais universitaires, à suivre leur formation à cause de nombreux travaux. Mais le gouvernement choisit de se nourrir encore et toujours sur le dos du contribuable qui n'arrive même pas à avoir 3 repas dans la journée. Le contribuable qui peine à avoir de l'eau potable. L'électricité est attendue dans nos quartiers comme la manne du ciel.

En 2020, le MINSANTE a dépensé 600 millions de CFA en carburant. A se demander si les cadres de ce ministère et les membres du gouvernement sont actionnaires dans des compagnies pétrolières et/ou propriétaires de stations services. Les hôpitaux n'ont pas d'ambulance, l'on y note la vétusté des plateaux techniques. Les locaux sont dans un état de délabrement avancé, l'hygiène approximative dans des toilettes d'où l'on sort plus malade que l'on y est entré. Dans les campagnes, les populations meurent à cause du manque de produits pour soin d'urgence. L' évacuation sanitaire vers des districts de santé urbains, un mirage dans le désert de la santé publique au CAMEROUN.

Dans l' article 41 du chapitre 1er portant évaluation des Ressources, il est alloué au MINSANTE un fond spécial Coronavirus revu à la hausse de 150 000 000 FCFA. Pourtant les statistiques délivrées démontrent que le virus a été vaincu. Encore une occasion de distribuer par ci un morceau de savon, par là un seau avec robinet, un peu plus loin un seau de 5 litres. Sans oublier la surfacturation des kits de protection et de lutte. Mais l'essentiel, la santé du camerounais envoyée aux oubliettes, notamment pour ce qui est des populations des campagnes où les districts de santé n'ont aucun moyen de lutte contre cette pandémie. (Une publication prochaine portera sur la santé publique au CAMEROUN).

8,6 milliards pour le ministère de la recherche scientifique. Ainsi nous connaîtrons sans risque de nous tromper le nombre exact de chauve-souris au CAMEROUN. Mais les chercheurs de la médecine traditionnelle qui sans budget aussi énorme et scandaleux ont pu produire des traitements sortent de là sans aucun soutien de la part du gouvernement.

Le budget alloué aux infrastructures, à l'habitat et au développement urbain, tout simplement une complaisance, une entourloupe, notamment lorsque dans la lancée le budget alloué au fonds routier se retrouve plafonné. Les populations de nos campagnes n'ont pas de route. L'autoroute "dorée et parée de diamant" qui nous mènera à Douala est attendue tel le Messi qui viendra nous sortir de notre inconfort, comme une punition d'être nés dans un pays accaparé par une poignée de personnes.

Les routes dans nos villes, ou plutôt les pistes cyclables, un cauchemar pour les automobilistes. Cela n'a pas empêché que le budget alloué au matériel de transport soit revu à la hausse. Peut-être pour circuler dans les airs et faire concurrence à la CAMAIR CO qui se réveillera de son sommeil cadavérique et se comportera ENFIN comme une compagnie aérienne digne de ce nom.

Les inondations, une mélodie sinistre devenue habituelle et une aubaine pour justifier des millions de francs dépensés pour offrir des seaux et matelas aux populations sinistrées.

Le budget du MINJEC pour l'exercice 2021 sera de 20,2 milliards de FCFA. A quelle fin? Lorsque nous savons que les délégations départementales n'ont pas de budget à elles alloués afin de mener quelque action que ce soit sur le terrain. Les délégués font des impressions et photocopies dans le secrétariat public d'en face. Tel des orphelins et des sans abris, ils vont mendier du matériel de bureau dans les ministères voisins. Pire, il existe des structures dans ce ministère qui n'ont même pas de chaises. Pas plus tard que courant mois de novembre 2020, des motos de service ont été attribuées à certains cadres, sous condition que ces derniers s'acquittent de la somme de 15000 FCFA afin de procéder aux immatriculations.

Le ridicule ne tue pas, il peut même être lucratif.

Alors quelle est la logique dans toute cette mise en scène?

A quel moment avons-nous souci des populations?

A quel moment avons-nous souci du développement de notre pays?

A quel moment pensons - nous à nos enfants, à la jeunesse?

Nous continuerons le combat, nous continuerons de dénoncer et de décrier la gestion calamiteuse, nous ne baisserons pas les bras. Le changement nous l'aurons.

Honorable François BIBA

 

 

 

Auteur:
Yannick A. KENNE
 @yanickken39
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