Cameroun - Anicet Ekane: «Ma suspension du Manidem n’a aucune chance de prospérer»

Par Wiliam TCHANGO | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 02-Aug-2017 - 12h47   10284                      
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Anicet Ekane Archives
Dans un entretien accordé à Radio Equinoxe ce mercredi matin, l’ancien patron du Mouvement africain pour la Nouvelle indépendance et la Démocratie (MANIDEM) s’est prononcé sur sa suspension, ainsi que celle de plusieurs autres cadres du parti, décidé au cours du Conseil national de coordination tenu samedi à Mbankomo.  Dieudonné Yebga, le président du Manidem n’a selon lui ni la légitimité, ni la légalité, ni la capacité d’exclure un cadre du parti.

L'intégralité de l'entretien:

On vous accuse d'avoir fait interdire la conférence de presse que s'apprêtait à tenir Dieudonné Yebga, président de votre parti, comment réagissez-vous à ces allégations? 

Je ne sais pas si le président Biya a changé la préfectorale. Parce que je ne sais pas par quel pouvoir je peux interdire une manifestation publique. D’ailleurs, si on est président du parti, on fait une conférence de presse là où elle se fait généralement, c'est-à-dire à la permanence du parti. Peut-être il aurait pu imaginer qu’on lui  interdise l’accès à la permanence mais ça n’a pas été le cas. Moi, je n’ai sollicité ni l’interdiction ni interdit - je n’en ai pas la capacité -  de la conférence de presse du camarade Yebga.

Une des communications qui allaient être faites au cours de cette réunion, c’est votre suspension de ce parti jusqu’au prochain congrès en janvier 2018.

C’est une annonce, je sais que les médias rapportent les annonces, ce n’est qu’une annonce. Vous savez, pour exclure quelqu’un d’une maison, il faut en avoir la légitimité, il faut en avoir la légalité et surtout aussi la capacité. Ce n’est pas annoncer à la radio et à la télévision que tel ou tel a été suspendu. Parce qu’il n’y a pas que moi, il y a un ensemble de cadres qui ont été suspendus. Des cadres que vous connaissez. C’est une annonce qui a peu de chance, soyons gentils,   j’allais dire qui n’a aucune chance de prospérer parce qu’elle manque les trois éléments que je viens d’évoquer.

Vous essayez de nous dire que le président Dieudonné Yebga n’a pas de légitimité ?

Vous savez, la légitimité, elle est historique, politique, elle n’est pas administrative. C’est ça, je ne veux pas faire un cours d’histoire politique. La légitimité ne se décrète pas. Elle s’obtient par le travail, par ton positionnement. Je viens d’apprendre que je ne suis plus un opposant. Je pense que les camerounais sont suffisamment sereins dans ce genre de situation. Je pense que ce n’est pas la première fois qu’il y a des débordements de ce genre. Vous savez, la tendance à l’exclusion du parti, de la suspension est généralement la maladie infantile des dirigeants perdus pour être capables de procéder autrement que par cela.

Vos malentendus avec les présidents de votre parti ne datent pas d’aujourd’hui, il y a eu Banda Kani, Abanda Kpama et aujourd’hui, Dieudonné Yebga. Est ce que vous pensez être particulièrement visé? on vous accuse de continuer de tirer les ficelles n’étant plus président…

On tire les ficelles comment dans un parti démocratique ? Sauf à imaginer que l’ensemble des cadres qui sont dans la même situation que moi – des cadres importants que vous connaissez très bien -  sont manipulés par le gourou Ekane. Quelqu’un qui a autant de  légitimité dont il se prévaut devrait avoir derrière lui les Ketchateng, le Nkwebo,  les Nforgang, etc… C’est ridicule. Vous savez, il y a une fable de la Fontaine : « La grenouille et le bœuf », mais il y a une autre dans ma culture : « le moustique et l’éléphant ». Je vous laisse le soin de choisir qui est le moustique et qui est l’éléphant dans cette fable.

Qui dirige le Manidem aujourd’hui, Anicet Ekane ?

Voila, c’est une bonne question ! En réalité, depuis le début du mois de juillet, l’ensemble des cadres supérieurs du parti avaient pris la décision de suspendre les instances du parti, pas des individus compte tenu  du fait qu’elles étaient inopérantes à cause du blocage du président. Et cette décision a été transmise à qui de droit. Nous n’étions pas obligés de l’étaler dans le public puisque notre objectif était de reprendre le travail le 15 pour des raisons inavouées et on a commencé le travail. Votre radio et beaucoup d’autres chaines avez été conviées à une conférence de presse à laquelle le président, bizarrement n’est pas venu. On a continué le travail, on a fait des déclarations, etc… Le camarade Yebga, la seule activité spectaculaire qu’on peut voir de sa présidence, c’est la conférence de presse hors du siège du parti où il exclut des camarades. L’avenir nous le dira, de toutes les manières, on ne peut pas suspendre un  militant pour la cause du changement.

Auteur:
Wiliam TCHANGO
 @t_b_d
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