Cameroun - Arrestation d’Ernest Obama/Me Claude Assira (avocat): «Il pleut sur tous les toits. Quand il était au firmament, M. Obama a oublié de dénoncer les abus auxquels son interpellation a donné lieu. Nous ne devons pas commettre la même erreur…»

Par Fred BIHINA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 19-Jun-2020 - 11h33   15048                      
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L’homme de loi fustige la théâtralisation de l’arrestation de notre confrère.

A travers un reportage diffusé au journal de 20 heures le 18 juin 2020, la chaîne privée Vision 4 a diffusé les images de l’arrestation spectaculaire de l’interpellation de son ancien directeur général, Dieudonné Ernest Obama. Le journaliste poursuivi par son ancien patron, Jean-Pierre Amougou Belinga pour plusieurs faits, dont détournement de fonds, abus de confiance et haute trahison.

Dans ce reportage, nos confrères ne se sont pas abstenus de monter un Ernest Obama déchaussé, malmené par des éléments de sécurité. Des images qui ont choqué au sein de l’opinion; poussant Me Claude Assira Engoute à commettre une tribune libre intitulée «Ernest Obama, la justice et nous».

L’avocat et enseignant d’université fustige la théâtralisation de l’arrestation de notre confrère. «Évidemment que l'arrestation d'Ernest Obama interpelle la conscience. Personne n'est au-dessus de la loi. Donc, si des infractions sont susceptibles d'être reprochées à M. Obama, il est normal qu'il soit invité à se justifier. Mais, le fait qu'il soit un journaliste controversé n'enlève en rien son droit aux garanties élémentaires reconnues au justiciable. Qu'on aime ou pas ce journaliste, on doit pouvoir exiger que la dignité humaine soit, en toutes circonstances respectée. La mise en scène orchestrée pour son interpellation, les moyens mis en œuvre sont tout simplement hallucinants et interrogent gravement sur le fonctionnement de la justice qui semble appartenir à ceux qui peuvent en disposer à leur guise», écrit le célèbre homme en robe noire.

Plus loin, il écrit: «Il pleut sur tous les toits. Quand il était au firmament, M. Obama a oublié de dénoncer les abus auxquels son interpellation a donné lieu. Nous ne devons pas commettre la même erreur car, il n'y a qu'en dénonçant et en combattant les violations qu'on s'en prémunit...»

Voici l’intégralité du texte:

Ernest OBAMA, la Justice et Nous

Par Me Claude Assira

Évidemment que l'arrestation d'Ernest Obama interpelle la conscience. Personne n'est au-dessus de la loi. Donc, si des infractions sont susceptibles d'être reprochées à M. Obama, il est normal qu'il soit invité à se justifier. Mais, le fait qu'il soit un journaliste controversé n'enlève en rien son droit aux garanties élémentaires reconnues au justiciable. Qu'on aime ou pas ce journaliste, on doit pouvoir exiger que la dignité humaine soit, en toutes circonstances respectée. La mise en scène orchestrée pour son interpellation, les moyens mis en œuvre sont tout simplement hallucinants et interrogent gravement sur le fonctionnement de la justice qui semble appartenir à ceux qui peuvent en disposer à leur guise.

Et que dire des faits reprochés ? "Haute trahison" !  Cette infraction prévue dans la constitution du Cameroun est réservée au seul Président de la République (ou à ses ministres)...

Quel que soit ce qui est reproché à M. Obama, la disproportion des moyens humains et de communication employés qui démontre la volonté manifeste d'humilier est condamnable. Toute personne a droit au respect de sa personne et de sa dignité.

Certains diront qu'il mérite son sort, et que M. Obama expérimente à son préjudice les situations qu'il a souvent commentées avec une légèreté et une complaisance incroyables. Mais, l'attitude abjecte d'un individu justifie-t-elle que des abjections de l'Etat à son encontre ?

Il pleut sur tous les toits. Quand il était au firmament, M. Obama a oublié de dénoncer les abus auxquels son interpellation a donné lieu. Nous ne devons pas commettre la même erreur car, il n'y a qu'en dénonçant et en combattant les violations qu'on s'en prémunit...

P.S: Qu'on ne s'y trompe pas: M. Obama n'est ni un proche, ni un Ami. Il m'a d'ailleurs ostensiblement supprimé de la liste de ses invités dominicaux pour avoir pris part au contentieux électoral aux côtés de M. Maurice Kamto que je défendais comme Avocat. Mon propos n'a donc rien de personnel...

Auteur:
Fred BIHINA
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