Cameroun - Avenir politique/Célestin Djamen (Cadre du MRC): «Si le bateau coule,  je ne serai pas suicidaire»

Par Claude Paul TJEG | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 19-Oct-2020 - 07h11   14203                      
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Célestin Djamen, militant du MRC archives
Il s’agit d’une réaction que ce dernier a récemment confiée au magazine panafricain Jeune Afrique.

Iconoclaste, atypique, ambitieux et réaliste. Si l’on demandait à un individu lambda de dresser le portrait de Célestin Djamen, à la lumière de ses récentes sorties publiques, ce sont certainement ces qualificatifs qui se bousculeraient au bout de sa langue. C’est que ces derniers mois, notamment au lendemain du double scrutin législatif et communal du 9 février 2020, ce cadre du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), formation politique de Maurice Kamto, s’est illustré par une liberté de ton, qui allait totalement à l’inverse de la ligne officielle de sa chapelle politique.

L’on se souvient qu’après les marches pacifiques du 22 septembre 2020, initiées par Maurice Kamto dans le but d’appeler au départ de Paul Biya et de protester contre la tenue des élections régionales prévues le 6 décembre 2020, l’homme politique avait dressé un bilan peu élogieux de ces manifestations, parlant même de flop. «Quand vous avez un, deux, trois, quatre, cinq flops, là c’est votre image, votre propre  considération qui est mise en jeu. Vous sortez de la considération même des gens qui avaient de l’estime pour vous. Je me rends compte qu’aujourd’hui, même à Ndokoti(Douala), il y avait des benskineurs (conducteurs de mototaxis, NDLR) qui vaquaient à leur travail ordinaire. Je pense qu’à l’avenir, l’opposition doit être digne d’une opposition du 21è siècle, savoir-faire son aggiornamento, c’est-à-dire, savoir se remettre en cause. Et quand on n’observe pas ce principe simple, c’est la catastrophe», avait-il déclaré

Bien avant, au mois de février dernier, le transfuge du SDF avait publiquement pris la parole pour fustiger la décision de son parti de ne pas participer aux élections législatives et communales. Pour ce dernier, il s’agissait d’une erreur stratégique. Il n’a d’ailleurs jamais cessé de le rappeler, chaque fois qu’il en a eu l’occasion.

«Je persiste et je signe cette décision de ne pas participer aux élections est une erreur. L'erreur est humaine. (...) Je ne veux pas voir mon parti confiné dans l'opposition, je veux voir le RDPC dans l'opposition, des partis relativement mineurs font ce résultat [aux élections] imaginez ce que pouvait faire le MRC».

Les cinglantes prises de position de Célestin Djamen lui ont créé des inimitiés au sein de son parti. Certains de ses camarades allant même jusqu’à le qualifier de traitre à la solde du régime de Paul Biya. Malgré cela, il est resté droit dans ses bottes. On a d’ailleurs pu s’en apercevoir il y a 3 jours (vendredi 16 octobre 2020), en découvrant quelques réactions qu’il a accordées au magazine panafricain Jeune Afrique. D’emblée, cet ancien militant du Parti Socialiste français indique qu’il souhaite sauver sa formation politique du naufrage. C’est pourquoi, quand une décision lui semble mauvaise, il se doit de le dire. «J’ai le sentiment que si l’on ne dit rien, le bateau va couler. Malheureusement, les gens ne m’écoutent pas», a-t-il confié au magazine fondé par Bechir Ben YahmedToutefois, il n’écarte pas la possibilité de quitter le navire avant que le pire ne se produise.  «Si le bateau coule, je ne serai pas suicidaire», a-t-il conclu.

Auteur:
Claude Paul TJEG
 @T_B_D
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