Cameroun - Candidature Presidentielle 2018 - Les temps forts de l'Interview de Me Akere Muna dans Jeune Afrique: "Je créerai un système d’assurance maladie"

Par Jeune Afrique | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 11-Oct-2017 - 18h23   7505                      
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Me Akere MUNA J. A.
"Je suis candidat, car l’état de mon pays m’incite à vouloir faire partie de la solution. Depuis deux décennies, j’ai beaucoup travaillé sur la gouvernance, l’économie, mais aussi l’État de droit. Me présenter est la seule façon de partager mon expérience au bénéfice des Camerounais."

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Vous êtes le fils de Salomon Tandeng Muna, l’un des artisans de la réunification des deux Cameroun. Est-ce un avantage dans ce contexte où l’État unitaire est remis en question ?

Mon père a été parmi les pionniers de la réunification de la République fédérale. Il souhaitait que les Camerounais se retrouvent après des décennies de séparation. D’aucuns pensent qu’il a mal négocié ; d’autres pensent qu’il a « vendu » les anglophones. Mais il était de bonne foi, et j’assume son héritage sans regrets, même s’il n’est pas juste de juger un fils qui se propose d’agir aujourd’hui sur ce qu’a fait son père il y a soixante ans.


Votre candidature est perçue comme une trahison à l’égard du système dont votre famille serait l’un des bénéficiaires…

Mon frère Bernard était magistrat. Il a quitté la fonction publique parce qu’à chaque fois qu’il devait monter en grade, on lui rappelait que son père était ministre. Il a même été convoqué par Ahidjo qui lui avait promis de le nommer procureur général de Bamenda. Il préféré le barreau. Mon frère George qui est agronome a créé une usine de textile. On lui a confié la fabrication des pagnes du RDPC pour une campagne électorale. Il n’a jamais été payé et attend encore la facture de 1,5 milliard de francs CFA. Il n’a jamais été payé et a été ruiné. Dans son exploitation agricole, la SNI a emprunté ses engins sans son autorisation. Le préjudice a été évalué par le Ceneema [Centre national d’études et d’expérimentation du machinisme agricole] à près de 3 milliards. De quels bénéfices me parle-t-on ?

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Vous-même avez été avocat de l’État…

Oui, j’ai été avocat de l’État. J’étais le seul anglophone avec une expérience. Les seuls dossiers dont j’ai hérité étaient ceux qui impliquaient des pays anglo-saxons. Aux États-Unis, où j’ai notamment représenté le chef de l’État pour faire valoir son immunité. En Angleterre, où j’ai empêché la vente de l’ambassade du Cameroun. Dans les juridictions francophones, je n’ai représenté l’État que sur le dossier Marc Vivien Foe. En plus, j’ai préfinancé ce dossier. Cela s’est d’ailleurs terminé avec beaucoup de problèmes.

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Quel président souhaitez-vous être ?

Un président qui est à l’écoute. J’aimerais citer l’ex-présidente du Malawi, Joyce Banda, qui avait affirmé qu’« un bon président doit avoir une histoire d’amour entre le peuple et lui-même ».

Pensez-vous que le pays soit prêt à élire un anglophone à sa tête en 2018 ?

Je pense que les Camerounais sont prêts à élire un président susceptible d’améliorer leur quotidien et de ramener la fraternité entre eux. Un président proche d’eux. À cet égard, ma double culture est un atout. N’ai-je pas été élu bâtonnier par un barreau en majorité francophone, dont les membres se sont juste demandé ce que j’étais capable de faire pour eux ?


Paul Biya devra-t‑il s’inquiéter si vous êtes élu ?

Non. Il est hors de question d’entreprendre quoi que ce soit contre lui. Je me sens une obligation, en tant qu’Africain, de le protéger. Je suis avocat et j’estime qu’il faudrait une raison vraiment extraordinaire pour le poursuivre. J’ajoute que le président de la République a longtemps travaillé avec mon père et que j’ai une relation spéciale avec lui. Souvenez-vous : lorsque Ahmadou Ahidjo s’absentait, mon père assurait l’intérim. À l’époque, j’ai vu le secrétaire général à la présidence qu’était Paul Biya venir travailler avec mon père à Buéa.

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Que représente la diaspora camerounaise pour vous ?

Notre diaspora constitue une richesse. Il faut que les Camerounais de l’étranger aient le droit de rentrer au Cameroun sans inquiétude. S’agissant du Camerounais de naissance, qui prend une autre nationalité et qui décide de la garder, je propose de créer une carte de séjour spéciale qui lui permettra d’aller et venir sans visa. Vous constaterez avec moi que l’interdiction de la bi-nationalité n’est même pas respectée. Nous voyons des Camerounais bi-nationaux ici voter à l’ambassade de France, notamment, mais on impose aux camerounais de l’étranger des frais de visas. L’État peut et doit même aider des membres de la diaspora. À charge pour eux de consacrer un peu de leur temps au service de leur pays.


Il y a aussi l’application de l’article 66 de la Constitution sur la déclaration de biens…

Dès que je suis élu, je fais appliquer l’article 66 de la Constitution. Si vous allez sur le site de Transparency International, vous tapez mon nom, vous verrez l’ensemble de mon patrimoine. Quand on prend la résolution de servir l’État, on se plie à la loi.


D’autres priorités ?

Je créerai un système d’assurance maladie. La veuve de l’un de mes employés a été transportée à l’hôpital pour une morsure de serpent. On m’a appelé à une heure du matin parce que le personnel médical exigeait le paiement avant de lui administrer des soins ! Alors qu’il s’agissait d’une question de secondes ! Ce n’est pas concevable dans une société civilisée. Nous allons mettre en place une assurance maladie. Je propose de la créer sur la base d’une cotisation annuelle de 1000 F CFA à payer par chaque Camerounais. Cela pourrait nous permettre d’avoir un système d’assurance qui protège tout le monde. Je demande à tous les citoyens de bonne foi de nous proposer leurs idées. Nous nous en sortirons ensemble.

Lire l'integralite de l'Interview sur le site Internet de Jeune Afrique ici.





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