Cameroun - Climat sociopolitique/Joshua Osih (1er vice-président du SDF): «Les grandes articulations de mon programme de campagne électorale sont en train d'être copiées par Yaoundé… Le régime de Yaoundé ne peut pas avoir le courage et l’honnêteté de faire allusion à l’auteur de ces différentes propositions»

Par Fred BIHINA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 23-Apr-2019 - 07h42   4975                      
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Joshua Osih, candidat du SDF à la Présidentielle Archives
L’opposant soutient que le pouvoir de Yaoundé copie l’essentiel du programme politique qu’il a proposé à la dernière élection présidentielle.

Joshua Osih se bombe le torse. Le premier vice-président du Social Democratic Front (SDF) affirme que les réformes qui sont mises en œuvre par le pouvoir de Yaoundé et les propositions de la communauté internationale au sujet de la crise sociopolitique en cours au Cameroun, émanent de l’ambitieux programme politique qu’il a présenté lors du scrutin présidentiel du 7 octobre 2019.

«Les grandes articulations de mon programme de campagne électorale sont en train d'être copiées - parfois mal copiées - par Yaoundé, recommandées par des partenaires financiers du Cameroun; ou tout simplement en voie d'être implémentées dans des pays comme la France», indique Joshua Osih, dans un billet publié dans les colonnes du quotidien Mutations en kiosque le 22 avril 2019.

Le député SDF du Wouri rappelle par exemple qu’il avait proposé, à propos de la crise anglophone, «L'organisation d'un dialogue politique national inclusif. Dialogue axé sur la forme de l'Etat et sur les mécanismes de dévolution du pouvoir politique et économique au Cameroun». Il pense que «le sous-secrétaire d'Etat américain aux affaires africaines Tibor Nagy l'a recommandé avant, au cours et après sa visite au Palais d'Etoudi. De même que l'Union Européenne, dont les députés des 27 pays qui la constituent, ont interpellé l'Union Africaine afin de convaincre le Président Paul Biya à prendre des dispositions pour empêcher la déflagration sociale qui guette le Cameroun».

S’agissant de la forme de l’Etat, l’opposant se réjouit que sa proposition d’un fédéralisme à 10 Etats, calqué sur les contours des 10 régions actuelles du pays, ait été reprise par le sénateur Fon Mukete, par ailleurs Doyen d’âge du Parlement camerounais et un des acteurs encore vivants de la Réunification des deux Cameroun.  

Idem pour l'assainissement du fichier solde de l'État et la suppression des gaspillages et des dépenses improductives de l'Etat, implémentés par le gouvernement.  «Le régime de Yaoundé ne peut pas avoir le courage et l’honnêteté de faire allusion à l’auteur de ces différentes propositions. Ce qui n’est pas nouveau et surprenant. Puisqu’au moment où le Cameroun accédait à l’indépendance, l’essentiel du programme politique et économique de l’UPC avait été lâchement et malhonnêtement récupéré par l’administration coloniale et ses suppôts camerounais qui avaient conduit le pays à l’indépendance du reste factice. Mais comme ils n’avaient pas de bonnes intentions et n’étaient pas les auteurs des idées aussi lumineuses, ils les ont maladroitement implémentées», tance le parlementaire.

Voici l’intégralité de son billet:

Prospectives: Ce que j’avais dit

Les grandes articulations de mon programme de campagne électorale sont en train d'être copiées - parfois mal copiées - par Yaoundé, recommandées par des partenaires financiers du Cameroun; ou tout simplement en voie d'être implémentées dans des pays comme la France.

- Pour ce qui concerne la crise anglophone :

- L'organisation d'un dialogue politique national inclusif. Dialogue axé sur la forme de l'Etat et sur les mécanismes de dévolution du pouvoir politique et économique au Cameroun. Le sous-secrétaire d'Etat américain aux affaires africaines Tibor Nagy l'a recommandé avant, au cours et après sa visite au Palais d'Etoudi. De même que l'Union Européenne, dont les députés des 27 pays qui la constituent, ont interpellé l'Union Africaine afin de convaincre le Président Paul Biya à prendre des dispositions pour empêcher la déflagration sociale qui guette le Cameroun.

- J’avais également recommandé une grande Conférence Vérité et Réconciliation. Cette conférence devait déboucher sur une amnistie générale des prisonniers politiques dans le cadre de la crise anglophone suivie d'un programme de démobilisation, de désarmement et de réinsertion. Yaoundé a créé le programme DDR avant la réconciliation, mettant ainsi la charrue avant les bœufs.

- La solution aux crises multiformes que traverse le Cameroun se trouve à Etoudi et non ailleurs. J'avais fermement martelé à plusieurs reprises que le chômage et le sous-emploi doivent absolument être considérés comme un problème de sécurité nationale. J'avais réitéré à maintes reprises, à chacune de mes étapes, que les violences inouïes qui persistent notamment dans les deux régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest avec les "ambazoniens" ainsi que dans la région de l'Extrême-Nord avec Boko Haram, n'en sont que la conséquence et non l'inverse. Et que sans changement de leadership à Yaoundé, les chances de décrispation suivie d'un retour à la normale se réduiront progressivement et à une vitesse exponentielle comme neige au soleil.

- S’agissant de la forme de l’Etat, j’avais également proposé le fédéralisme à 10 Etats: Les 10 Etats devant être calqués sur les contours des 10 régions actuelles du pays. C’est justement ce que le sénateur Fon Mukete, par ailleurs Doyen d’âge du Parlement camerounais et membre du comité central du RDPC, parti au pouvoir et surtout l’un des acteurs encore vivants de la Réunification des deux Cameroun, à savoir l’ancien Cameroun occidental et l’ancien Cameroun oriental, vient de soutenir devant le Sénat. A la grande surprise de tout le gouvernement réuni et de tous ses camarades.

- J’avais également mis au centre de mes préoccupations le recrutement dans l’urgence, de tous les titulaires de doctorat et de PHD. Le gouvernement vient de lancer un avis de recrutement de 2 000 titulaires de ces diplômes.

- Le doublement au bout de 5 ans du salaire des fonctionnaires et agents publics de l'État relevant du Code de travail. Le financement de ce relèvement devant s'appuyer sur le gain de productivité tiré de l'assainissement du fichier solde de l'État et la suppression des gaspillages et des dépenses improductives de l'Etat. Le FMI a préconisé en décembre dernier, la hausse du salaire des fonctionnaires pour entre autres, lutter contre la corruption. De même que le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, qui est en train de boucler le comptage physique des personnels de l’Etat avec des gains substantiels que cette opération devra faire gagner au Trésor public, du fait de la suppression de plus de 30 000 emplois fictifs. Des indiscrétions relayées par le quotidien gouvernemental Cameroon Tribune font état de ce que l'État économisera désormais 3 milliards de FCFA par mois. La limitation des voyages des ministres et des hauts fonctionnaires que le ministre vient de préconiser, rentre également dans les mesures que j’avais envisagées.

- Je m’étais également engagé à fermer l’ENAM au cas où j’accédais au pouvoir. Même les dirigeants français qui inspirent systématiquement les autorités de Yaoundé ont annoncé la fermeture prochaine de l’ENA de Paris. La presse française est unanime, cette mesure fait partie des réformes que compte annoncer le Président Emmanuel Macron relativement à la crise des gilets jaunes.

Le régime de Yaoundé ne peut pas avoir le courage et l’honnêteté de faire allusion à l’auteur de ces différentes propositions. Ce qui n’est pas nouveau et surprenant. Puisqu’au moment où le Cameroun accédait à l’indépendance, l’essentiel du programme politique et économique de l’UPC avait été lâchement et malhonnêtement récupéré par l’administration coloniale et ses suppôts camerounais qui avaient conduit le pays à l’indépendance du reste factice. Mais comme ils n’avaient pas de bonnes intentions et n’étaient pas les auteurs des idées aussi lumineuses, ils les ont maladroitement implémentées.

De tout ce qui précède, il faut en déduire que la copie ne vaudra jamais l’original. Les dirigeants de Yaoundé devraient apprendre à écouter les partenaires du Cameroun qu’ils sollicitent pourtant régulièrement à la moindre difficulté.

Fred BIHINA

Auteur:
Fred BIHINA
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