Quand Dieudonné Essomba commente la destitution du chef traditionnel et militant du MRC Biloa Effa, il est amer. L’économiste a désapprouvé la sanction infligée le 6 décembre 2019 au conseiller spécial de Maurice Kamto par le ministre de l’administration territoriale Paul Atanga Nji. « Il y a là deux poids –deux mesures. Nous avons tous vu en direct des chefs traditionnels anglophones ériger Field Marshall en roi. On a attendu que le MINAT sanctionne ce chef. Est-ce qu’il l’a fait ? Même chez lui dans son propre village il ne peut pas mettre les pieds sans être entouré d’une garde armée. Qu’est-ce qu’il fait là-bas ? », a déclaré l’invité permanent du programme club d’élites (Vision 4) édition du 8 décembre 2019.

L’ingénieur statisticien pense que le ministre de l’administration territoriale profite de la torpeur des populations autochtones de la région du Centre pour sévir comme il l’a fait. « C’est la preuve que, comme on le dit, « on a mangé la patate crue parce qu’elle s’est laissée manger. On ne peut pas manger le macabo ! Du simple fait que nous sommes une communauté qui suit servilement, docilement le régime, il a suffi qu’un chef suive un parti d’opposition, il a même été puni pour ça, puisqu’il a été en prison. Il sort de prison, on l’enlève. Mais les chefs qui participent à la sécession de manière ouverte, on n’ose pas les toucher. Je ne suis pas contre le fait qu’on punisse les chefs.  Mais s’il s’agit de punir les chefs, il faut les punir. Parce qu’on estime que leur communauté est le marchepied d’un système qui a peur de tout le monde sauf de nous ! Si on avait appliqué la loi elle aurait dû être encore plus dure contre les chefs qui alimentent la sécession », revendique Dieudonné Essomba.

  Paul Marie Biloa Effa a été déchu pour participation à une manifestation interdite par les autorités, appel à l’insurrection, désobéissance à sa hiérarchie. Cela après avoir bénéficié d’une mesure du président de la République instruisant début octobre 2019 l’arrêt des poursuites contre les militants du MRC et de leurs alliés en procès pour leur participation aux manifestations interdites. Ce qui fait dire à certains observateurs que le chef coutumier des Mvog Betsi à Messa Nkoa-Ba’a a écopé d’une « double peine ».