Cameroun - Contestation politique: Le journaliste Georges Dougueli pense que la méthode de lutte de Maurice Kamto ressemble à celle du père de l'indépendance indienne, Gandhi

Par Pierre Arnaud NTCHAPDA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 06-May-2020 - 16h31   9663                      
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Georges Dougueli panoramapapers
Le reporter de Jeune Afrique explique que le leader du MRC a adopté une stratégie de combat non violente. Il invite ses partisans à l’imiter dans l’optique de la victoire finale.

Le 1er Mai 2020, le journaliste camerounais Georges Dougueli a publié, sur son compte Facebook, un texte qui évoque la stratégie  du leader du MRC, Maurice Kamto, dans son combat pour l’alternance au Cameroun.  Le reporter du journal panafricain Jeune Afrique compare la situation actuelle du Cameroun à celle de l’Inde en lutte pour l’indépendance. D’un côté il y a le régime de Yaoundé, assimilé au colonisateur britannique, et de l’autre, le leader du MRC Maurice Kamto, comparé au Mahatma Gandhi.

 «A maints égards, le régime camerounais se rapproche chaque jour davantage des pratiques du colonisateur britannique des Indes, par son recours excessif à la violence, son mépris de toute opinion contraire, son projet d’éternité… Il exacerbe le tribalisme comme naguère les britanniques opposèrent les Hindous aux Musulmans, Gandhi à son rival MOHAMED DJINA, au point de favoriser la partition de l’Inde pour donner naissance au Pakistan», souligne Dougueli.

Il fait savoir que le plan de résistance de l’opposant Maurice Kamto «s'inspire en partie de la philosophie non-violente de Gandhi». Il explique que, «patiemment et intelligemment, Kamto titille le Vieux Lion et parvient à chaque coup à le pousser à la faute». Selon lui les "durs" du régime «tombent dans tous les pièges tendus au point de montrer de ce gouvernement un visage égoïste et malfaisant, pratiquant la fraude (Conseil constitutionnel), réfractaire à l’exercice des libertés (interdiction de manifester), inhumain et irresponsable (rejet des dons destinés à la lutte contre l’épidémie à Corona virus), etc.». Georges Dougueli milite pour une réaction et un combat pacfiques. Là encore à l'image de Gandhi. 

 

Ci-dessous le texte intégral de la réflexion de Georges Dugueli

 

L'INDE, LA "MEUTE TONTINARDE" ET LA RESISTANCE 2.0

Le 12 mars 1930, alors que Gandhi s’apprêtait à lancer ses partisans dans la « Marche du sel » longue de 386 km en direction de l’océan Indien, en vue d’obtenir l’indépendance de l’Inde, le colonisateur britannique hésitait sur la conduite à tenir : faut-il arrêter Gandhi et réprimer la marche ? « Ignorons-les », proposa un général. Lorsque la manifestation s’ébranla, un journaliste interrogea le Mahatma en s’inquiétant de la non réaction des soldats britanniques. Gandhi lui répondit : « La fonction de la résistance civique est de provoquer une réplique. Nous les provoquerons encore et encore jusqu’à ce qu’ils répliquent ». Et ça marchait à chaque coup. Arrogants, sûrs de leur force, assurés de l’impunité, les Anglais n'ont pas tenu longtemps. Ils finirent par charger les manifestants et par arrêter près de 90 000 personnes. L’épisode rendit l’indépendance inéluctable, même si elle fut retardée par la seconde guerre mondiale. Sans tirer un seul coup de feu, Gandhi parvint ainsi à libérer son pays du joug colonial.

A maints égards, le régime camerounais se rapproche chaque jour davantage des pratiques du colonisateur britannique des Indes, par son recours excessif à la violence, son mépris de toute opinion contraire, son projet d’éternité… Il exacerbe le tribalisme comme naguère les britanniques opposèrent les Hindous aux Musulmans, Gandhi à son rival MOHAMED DJINA, au point de favoriser la partition de l’Inde pour donner naissance au Pakistan.

Quant au principal opposant, MAURICE KAMTO, son plan de résistance s'inspire en partie de la philosophie non-violente de Gandhi. Patiemment et intelligemment, Kamto titille le Vieux Lion et parvient à chaque coup à le pousser à la faute. Les "durs" du régime tombent dans tous les pièges tendus au point de montrer de ce gouvernement un visage égoïste et malfaisant, pratiquant la fraude (Conseil constitutionnel), réfractaire à l’exercice des libertés (interdiction de manifester), inhumain et irresponsable (rejet des dons destinés à la lutte contre l’épidémie à Corona virus), etc.

L’Inde britannique parle au peuple de l’opposition et aux partisans de l’alternance qui veulent en découdre avec le régime par la violence. L'impatience peut se comprendre mais ils doivent savoir que Gandhi s’infligeait d’interminables grève de la faim non pas seulement contre le colonisateur mais, surtout, pour imposer sa méthode - la non-violence - et son projet, l’unité de ses compatriotes. Il se mettait en grève quand les Indiens brûlaient un commissariat. Il arrêtait de s'alimenter quand Hindous et Musulmans se bagarraient. Un peuple uni défend mieux ses droits.

La non-violence nécessite donc discipline et force de caractère, voire une grande spiritualité. Les valeurs progressistes doivent prendre de la hauteur. Cher tous, laissez le pouvoir s’enfoncer dans la violence et l’ignominie. Il s'est déjà auto détruit même si cadavre bouge encore. Dans les forums et les sur les réseaux sociaux, défendons nos idées poliment mais fermement. Ni hérisson ni paillasson, n’acceptons pas d’être traités de « Meute » ou de « Talibans », argumentons, n’insultons personne. Ne cédons pas aux provocations. Ne répondons pas à ceux qui n’ont rien de constructif à dire. Montrons-nous dignes du Cameroun nouveau.

 

Auteur:
Pierre Arnaud NTCHAPDA
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