Cameroun - Cour suprême/Daniel Mekobe Sone (Premier président de la Cour suprême ): «La justice privée est une dérive intolérable dans un État de droit»

Par Josiane Rose NDANGUE | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 23-Feb-2017 - 17h26   53392                      
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Daniel Mekobe Sone, premier président de la Cour suprême Cameroon Tribune
Le premier président de la Cour suprême l’a indiqué hier lors de l’audience solennelle de la rentrée de cette institution.

Le 22 février 2017, la Cour suprême a tenu l’audience solennelle de sa rentrée judiciaire, conformément à l’article 33 de la loi du 29 décembre fixant l’organisation et le fonctionnement de la Cour suprême. Ladite audience qui a porté sur «la résurgence de la justice privée et l’État de droit au Cameroun», a été l’occasion idoine pour  Daniel Mekobe Sone, le premier président de la Cour suprême, de procéder «à une photographie et déconstruction des phénomènes» de la société camerounaise. Celle-ci étant marquée par la réapparition de la justice privée, précise le quotidien Le Jour dans son édition du 23 février 2017.

Prenant la parole Daniel Mekobe Sone a déclaré que «la justice privée a-t-elle sa raison d’être dans un Etat de droit ? A-t-elle raison d’être au Cameroun ? C’est une dérive intolérable dans un Etat de droit, même si elle nous interpelle et nous invite à une autocritique et à mieux orienter nos actions». Pour illustrer son message, le premier président de la Cour suprême a cité comme exemple, «les personnes rouées de coups ou assommées dans un lieu public pour  vol, le triomphe de la justice populaire, l’inflation des crimes crapuleux, des crimes rituels, directement ou indirectement imputés à des individus soupçonnés de pratique de sorcellerie, l’exemple des employés  qui séquestrent leurs employeurs dans l’entreprise, des populations de nos villages qui barricadent les routes pour réclamer le paiement de leurs indemnisations, des bailleurs qui enlèvent les fenêtres de leurs locataires, l’attitude de certains enseignants qui désertent les salles de classe ou les amphithéâtres, pour exiger l’amélioration de leurs conditions de travail ou la réponse à leurs diverses revendications, le lynchage médiatique d’honnêtes citoyens».

Daniel Mekobe Sone a tenu à préciser que le Cameroun reste un État de droit. Et celui est non seulement organisé, mais dispose aussi des structures pour régler tout différend. «C’est dans le cadre de ces institutions et des lois positives que le citoyen doit former ses revendications. Ce n’est ni par la violence ni par la violation de la loi qu’il faut agir… Nul ne peut se faire justice à soi-même », a-t-il martelé. Me Jackson Ngnie Kamga le Bâtonnier a pour sa part indiqué qu’il revient à la justice d’instaurer «la transparence» dans son fonctionnement.

Auteur:
Josiane Rose NDANGUE
 @ljndangueCIN
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