Cameroun - Crise anglophone: Amnesty International publie un nouveau rapport accablant sur les exactions de l’armée et des groupes séparatistes

Par Fred BIHINA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 29-Jul-2021 - 08h44   5379                      
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Des militaires en zone anglophone archives
L’ONG révèle des cas d’exécutions sommaires, d’assassinats ciblés et d’attaques dirigés contre certaines localités.

Un nouveau rapport qui démontre l’ampleur des violations des droits humains au Nord-Ouest et au Sud-Ouest. Les deux régions anglophones du pays, représentant 20% de la population camerounaise, qui sont le théâtre depuis plusieurs années d’un conflit armé qui oppose les groupes séparatistes à l’armée régulière.

Ce rapport publié le 28 juillet 2021, est accablant à la fois pour les groupes armés pro séparatistes et pour l’armée camerounaise.

«Toutes les parties au conflit dans les régions anglophones du Cameroun ont commis des violations et des atteintes aux droits humains, et les civils sont pris entre deux feux. Dans un cas particulièrement effroyable, des séparatistes armés ont abattu deux femmes âgées avec des fusils de barrage; dans un autre, des justiciers peuls ont brûlé des centaines de maisons et tué quatre personnes lors d'une attaque terrifiante», déclare dans l’étude Fabien Offner, chercheur d'Amnesty International sur l'Afrique centrale.

L’ONG revient aussi sur des cas de massacre de civils, à l’instar du drame de Ngarbuh en février 2020.

«Selon l'ONU, au moins 22 civils ont été tués à Ngarbuh dans la nuit du 13 au 14 février 2020, dont 15 enfants et deux femmes enceintes, à la suite d'une opération militaire. Une enquête gouvernementale a révélé qu'au cours du même incident, "le commandant du détachement a décidé d'enrôler 17 membres d'un comité d'autodéfense local". Plusieurs sources ont également rapporté que les membres de ce "comité d'autodéfense local" étaient des groupes armés peuls».

Ces violences n’épargnent pas les militaires. «Entre juin et juillet 2021, au moins quatre gendarmes ont été tués dans une embuscade près de la ville de Bali Nyonga, dans la région du Nord-Ouest. Deux gendarmes ont été décapités dans la ville de Babadjou, dans la région de l'Ouest, limitrophe du Nord-Ouest, lors d'une attaque attribuée par les autorités à des séparatistes armés. Parmi les autres exemples, citons l'assassinat par l'armée, dans la subdivision Bamenda 3, d'un civil qui conduisait une voiture, et l'enlèvement de six fonctionnaires locaux dans la ville d'Ekondo Titi, dans la région du Sud-Ouest», lit-on.

Dans cette escalade, certaines localités ont particulièrement été visées par des attaques ciblées. L’arrondissement de Nwa, situé le long de la frontière du Cameroun avec le Nigeria, a été particulièrement touché par les récentes violences. «Entre le 22 et le 26 février 2021, au moins 4 200 personnes ont été déplacées de sept villages de Nwa, suite à des attaques de groupes d'autodéfense fulanis au cours desquelles au moins huit personnes ont été tuées.   Selon le Centre pour les droits de l'homme et la démocratie en Afrique (CHRDA), les éleveurs peuls "ont mené plus d'une douzaine de raids contre les indigènes dans les villages de Nwa en moins d'un mois», indique l’étude.

Le rapport met aussi en lumière les exactions contre la communauté Mbororo. «Selon les chiffres officieux qu'Amnesty International a reçus des groupes Mbororo, en l'absence de données officielles des autorités, depuis 2017, dans les sept divisions de la région du Nord-Ouest :

- 162 Mbororo ont été tués.

- Environ 300 maisons ont été incendiées

- 2 500 bovins ont été tués ou saisis

- 102 personnes ont été enlevées, ce qui a entraîné le versement de près de 270 000 euros de rançon».

Voici le lien pour consulter l’intégralité du rapport:

 

Auteur:
Fred BIHINA
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