C’est un cri de détresse que lance le directeur général de la Cameroon Development Cooperation (CDC), Francklin Njie. Depuis le début de la crise socio-politique, dite anglophone, dans les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest, cette entreprise camerounaise subit de multiples attaques des milices séparatistes. Ses installations dans le Sud-Ouest sont vandalisées, les employés sont traqués et tués par ces assaillants. Leur dernier assaut remonte au 2 janvier 2019, où une douzaine d’employés ont été attaqués au camp Sonne Likomba Estate de Tiko, l’un des champs de thé encore en activité. Ces multiples agressions ont contraint les ouvriers à abandonner leur lieu de service.
Face à cette situation d’insécurité, cette entreprise qui produit de la banane, de l’huile de palme, du caoutchouc, du thé et autres cultures, a vu ses activités chuter de plus de 50%. Une baisse drastique, qui risque de conduire la Cdc à une banqueroute. Pour relancer ses activités, cette entreprise a besoin de près de 29 milliards F Cfa. « Il faut une réhabilitation qui va coûter beaucoup d’argent. Pour la filière huile de palme, nous avons estimé nos besoins à près de 7 milliards F Cfa, la filière hévéa, a besoin de 7,8 millions F Cfa, la filière banane, nécessite 14 milliards F Cfa. Le reste devrait servir à financer les arriérés de salaires. Les ouvriers Cdc qui travaillent dans les plantations ont aussi besoin d’une certaine assurance», explique Francklin Njie, le Directeur général de la CDC dans un entretien à Canal 2.
La CDC sollicite également une intervention urgente de l’Etat pour assurer la sécurité des biens et des personnes. « Nous avons besoin de sécurité pour protéger nos employés et nos champs des attaques répétées des gens qui ne veulent pas nous voir réussir. Des personnes indésirables ont envahi nos plantations et récoltent ce qu’ils n’ont pas semé. Nous avons besoin d’une intervention urgente du gouvernement. Dès l’instant où les problèmes de sécurité seront résolus, nous pouvons relancer les activités de l’entreprise et la remettre sur les rails », souhaite Francklin Njie.
2e employeur au Cameroun après l'Etat, la CDC risque une perte d’emplois de près de 93% du personnel, qui représente une masse salariale mensuelle d’environ 2 milliards de Fcfa à en croire le président du Conseil d’administration (Pca) de Cdc, Benjamin Mutanga Itoe. Cette structure qui s’étend sur une superficie de 3 000 hectares de plantations, est la plus grande entreprise agro-industrielle du Cameroun.
Marie Louise SIMO