Cameroun - Crise anglophone: La famille d’Ayah Abine se dit harcelée

Par Jean-M NKOUSSA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 25-Apr-2017 - 13h16   22331                      
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Ayah Paul W. Musa
L’entourage du magistrat hors hiérarchie se dit persécuté depuis l’arrestation de Paul Ayah Abine en janvier dernier.

Ayah Ayah Abine, fils de Paul Ayah Abine était face à la presse le 22 avril 2017. La Nouvelle Expression (LNE) parue le 24 avril rapporte que le cadet des fils de l’avocat général à la Cour suprême a affirmé que la famille de son père est harcelée depuis l’arrestation de ce dernier le 21 janvier de l’année en cours.

« Depuis l’arrestation de notre papa, la famille vit dans la peur, les menaces. Tôt ce matin (22 avril ndlr), des personnes ont essayé de rentrer dans la maison. Ils ont tout fait ; sonné plus de trente fois ; ils nous ont appelés, dans quel but ? On ne sait pas. On ne sait pas pour qui ils travaillent. Est-ce une coïncidence que ceci se passe au cours d’une période mouvementée pour notre famille ? Nous ne serons le dire », a indiqué l’orateur.

Cette « persécution », affirme Ayah Ayah Abine, s’étend jusqu’aux avocats de son père. « Même nos avocats reçoivent des messages. Mais ils ne sont pas assez courageux. Parce que je suis entrain de faire leur travail. Ils devaient être devant la presse chaque jour. Ce sont les voix les plus autorisées », s’insurge le fils de l’ancien militant du RDPC.

Sans formellement indexer qui que ce soit, il a expliqué que les déboires du président du PAP sont dus à sa carrière politique et ses ambitions politiques. « Ils se posent sûrement la question de savoir : pourquoi donner à cet homme autant de moyens pour 2018 », ajoute-il.

C’est que, dit Ayah Ayah Abine, avant son arrestation, Paul Ayah Abine était à 17 mois d’arriérés de salaire. « Et jusqu’à ce jour, l’Etat refuse de le payer. Des gens bien placées m’ont appelé pour dire qu’on a vu des centaines de millions dans son compte. Si mon père a cet argent, il le garde où ? Regardez la maison dans laquelle nous vivons, 160 000 FCFA le loyer, nous dépasse. Il n’a même pas un véhicule. Le véhicule de service qui lui a été donné est garé dans le parking. Il est en panne depuis 5 mois », ajoute-il.

Interpellé dans le cadre de la crise anglophone, Paul Ayah Abine reste détenu au Secrétariat d’Etat à la Défense. La Cour d’appel du Centre a récemment rejeté l’appel de mise en liberté formulée par ses avocats.

 

Valentine Endale Ayah (Epouse d’Ayah Abine): «On ne parle pas de lui. Ça nous inquiète beaucoup»

L’épouse du magistrat hors hiérarchie revient sur l’arrestation et les conditions de détentions de Paul Ayah Abine. Sa sortie est contenue dans les colonnes de La Nouvelle Expression parue le 24 avril 2017.

« Lorsque mon mari a été arrêté, j’étais un peu confuse. Je n’ai rien dit. Monsieur (Paul Ayah Abine ndlr) demandait : qui me veut ? Vous m’amenez où ? On lui a dit que c’est le Commissaire du gouvernement. Il leur a dit qu’un samedi à 17 heures passées, le Commissaire du gouvernement travaille ? Les hommes lui ont répondu oui.

Moi j’étais debout, je regardais la scène. Elle ne va pas s’effacer de ma mémoire. Alors que j’essaie de le faire. On m’a demandé si je veux l’accompagner, j’ai dit oui. Comme je travaillais, je suis allée à la cuisine pour enlever les marmites du feu, on me suivait. Même quand je suis allée changer de vêtement, on me suivait également.

En cours de route, nous n’allions plus au Tribunal militaire comme on nous l’a dit. Les coups de fil s’échangeaient. Il a plutôt été décidé de l’amener au Secrétariat d’Etat à la Défense (SED). Ce jour-là, nous y sommes restés jusqu’à 22h. Avant qu’on ne nous demande de rentrer chez nous.

C’est très difficile pour moi. On est déjà veuve alors que l’homme n’est pas mort. Dans mon état, (vous voyez j’ai des béquilles parce que j’ai cassé mon genou dans un accident de circulation. J’ai ces instruments depuis 8 mois), ce n’est pas facile. Je dois lui donner la nourriture trois fois par jour. C’est ce qu’on nous a dit au SED. Je ne peux pas faire ces tours dans mon état. J’y vais le matin. A midi, mes fils y vont. Le soir, j’y vais et je prie avec lui. Pour que le Seigneur le garde. Ça fait trois mois que je fais ces va et viens.

Il y a quelque chose qui nous dérange. On ne parle pas de lui. S’il sortait au moins pour aller au tribunal. Rien. Ça nous inquiète beaucoup. Il est comme tous les citoyens. On peut le juger ».

Auteur:
Jean-M NKOUSSA
 @jmnkoussaCIN
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