Le 14 décembre 2018, les tribunaux militaires du pays ont mis en application le décret présidentiel signé la veille, qui ordonnait l’arrêt de poursuites contre 289 personnes détenues au sujet des délits commis dans la cadre de la crise anglophone. Contrairement à la lecture faite par certains médias, Sissiku Ayuk Tabe et ses coaccusés ne sont pas concernés par cette mesure de « clémence ».
Les explications sont contenues dans un communiqué signé à la suite du décret de Paul Biya, par le ministre délégué à la Présidence chargé de la Défense, « Il importe de préciser que cette mesure concerne uniquement les personnes dont l’examen approfondi des dossiers pendant devant les juridictions militaires et les dossiers d’enquêtes en cours ont fait ressortir en leur encontre des charges d’une amplitude de gravité relative », souligne Joseph Beti Assomo.
Plus loin, le MINDEF précise que « les criminels, assassins et autres dangereux terroristes, ainsi que les commanditaires et planificateurs de la crise sécuritaire en cours dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest » ne sont pas concernés par la mesure. A leur sujet, Beti Assomo indique « la justice poursuit sereinement son cours ».
Selon une source sécuritaire, le leader autoproclamé des séparatistes et ses compagnons sont considérés comme des commanditaires et planificateurs de la crise anglophone. A l’ouverture de leur procès le 6 décembre 2018, Ayuk Tabe a déclaré qu’il n’est pas camerounais mais ambazonien.
En compagnie de ses coaccusés, il a été arrêté au Nigeria et extradé au Cameroun en janvier 2018. Le tribunal a retenu dix chefs d’accusation contre eux notamment terrorisme et sécession. Ils risquent la peine de mort. La prochaine audience est fixée au 10 janvier 2019.
Fred BIHINA