L’enlisement de la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest préoccupe la communauté internationale. A la suite d’un florilège de réactions de quelques officines, dont l’Organisation des Nations-Unies (ONU), consécutives aux massacres du village Ngarbuh, dans le département du Donga-Mantung, l’Eglise catholique romaine n’est restée de marbre.

Elle a profité de cette situation, pour tirer la sonnette d’alarme, et adressé lundi 17 février 2020 une correspondance au Chef de l’Etat, Paul Biya, dans laquelle elle exhorte le «gouvernement [camerounais] à participer aux pourparlers de paix proposés par la Suisse, visant à mettre fin aux violences dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun», peut-on lire dans ce document signé par 16 Évêques catholiques romains, avec ampliation au Pape François.

Ces hommes de Dieu s’émeuvent du pourrissement de la situation, et croient savoir que seule une médiation inclusive, prenant en compte les factions anglo-séparatistes, mais aussi les acteurs de la société civile non violente, peut contribuer à trouver une solution durable aux problèmes du Cameroun.

Ils établissent un constat d’échec du Grand Dialogue National, organisé l’année dernière à Yaoundé, et remettent en question son caractère inclusif, qui n’a pas permis de mettre fin aux violences. «Nous espérons sincèrement que toutes les parties prenantes à ce conflit participeront à ces pourparlers et feront preuve d’un esprit de coopération, de pragmatisme et de réalisme pour que ces négociations aboutissent», renchérissent-ils.

Les Évêques signataires de cette correspondance sont issus de 10 pays, parmi lesquels le Canada, Tonga, l’Angleterre, l’Afrique du Sud, le Nigeria, l’Irlande, les Etats-Unis, ou encore les Philippines. Les pourparlers de la médiation proposée par la Suisse ont débuté l'année dernière, avant qu'un break ne soit observé après l'initiative du Grand Dialogue National.

Selon l’Eglise catholique, les violences dans les régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest ont contraint 656 000 Camerounais anglophones à quitter leurs foyers, à déscolariser 800 000 enfants, (dont 400 000 des écoles catholiques), à forcer 50 000 à l’exil au Nigeria voisin, et à détruire des centaines de villages. Le tout pour un bilan d’au moins 2 000 morts.