Cameroun - Crise anglophone - Patrice Nganang: «Le SDF a oublié des centaines de ses militants anglophones en prison»

Par Pierre Arnaud NTCHAPDA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 11-Sep-2018 - 19h01   9898                      
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Patrice Nganang Patrice Nganang
L’écrivain contestataire estime que la situation dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest prive le principal parti de l’opposition de l’apport de ces régions ce qu’il présente comme ses bases électorales.

Patrice Nganang critique le Social democratic front (SDF). L’écrivain s’en est pris au principal parti de l’opposition camerounaise au cours d’un entretien diffusé sur la télévision en ligne jmtvplus.com. L’écrivain contestataire camerounais a accusé le parti que dirige Ni John Fru Ndi d’avoir abandonné des centaines de ses militants anglophones en prison. « J’étais en prison avec les militants du SDF avec des chefs de section du SDF qui ont été jetés en prison du fait de la crise anglophone (…)  Les centaines d’anglophones qui sont en prison votaient pour le SDF il y a quelques années. Et le SDF les oublie et se met à faire campagne ailleurs. S’en va faire campagne dans le Nord et estime qu’il va se découvrir soudain des militants au Nord, à l’Extrême-Nord pour pouvoir gagner les élections. Mais c’est une farce ! Ce n’est pas seulement une farce, c’est inhumain ! Ce sont des gens qui avaient des professions, étaient professeurs, etc. Ils avaient des professions vraiment bourgeoises. Ils ont battu campagne pour le SDF partout. Ils sont en prison là à cause de la crise anglophone. Le SDF les oublie ! », a déclaré l’auteur de Mont Plaisant et Empreintes de crabes paru ces jours-ci.  

Pour ce qui concerne la participation du SDF à l’élection présidentielle du 7 octobre  Patrice Nganang continue de contester la nationalité camerounaise de son candidat Joshua Osih. L’écrivain qui détient un passeport américain réitère qu’il est Suisse de par sa mère et que pour cela « quiconque est Suisse doit d’abord abandonner sa nationalité suisse et il ne l’a jamais fait ».  Au sujet du scrutin proprement dit, Nganang croit que « le SDF se retrouve orphelin de sa base, de son fief ». Il se demande « comment est-ce que le SDF va valider les chiffres que Biya lui donnait comme Biya le faisait durant les élections d’avant ».

L’attitude du professeur Nganang envers le SDF peut surprendre si l’on tient compte de ses positions antérieures au sujet de ce même parti. Dans un texte publié sur son profil Facebook le 6 octobre 2017 ,  il saluait le rôle et l’action du principal parti de l’opposition dans les événements qui avaient cours dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest depuis alors près d’un an. « Il y a cette habitude fâcheuse des Camerounais à dénigrer ce qui se fait de grand devant leurs propres yeux. De ne même pas voir l'historique, ce qui ose, ce qui est courageux. Je lis des gens ici et là qui disent que le SDF est en retard, a une position molle sur la crise anglophone. J'aimerai dire clairement et fermement que le SDF n'est en retard sur rien du tout. Il est en avance, et beaucoup trop en avance même pour un parti politique! ».

Pour étayer ses dires l’universitaire exhumait la marche du 28 novembre 2016 à Bamenda, survenue 8 jours après le début des revendications. Pour lui, c’est l’implication du SDF qui a donné une coloration politique aux revendications que le gouvernement voulait d’après lui seulement syndicales. « Si le SDF n'avait pas laissé ses députes, sénateurs, conseillers municipaux, etc., prendre en charge cette bataille, nous n'en serions donc pas là avec la bataille politique la plus grande dans notre pays depuis ces derniers vingt ans. Si Joseph Wirba n'avait pas articulé ce de quoi il s'agit, en pleine assemblée nationale dans un discours historique en décembre 2016, nous n'en serions pas là », affirmait Patrice Nganang.  L'écrivain ne semble plus apprécier le parti de la balance.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Auteur:
Pierre Arnaud NTCHAPDA
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