Cameroun - Crise anglophone : Selon le Gicam, plus de 785 milliards de FCFA et 16760 emplois perdus en 3 ans par les entreprises

Par Frédéric NONOS | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 10-Dec-2019 - 16h20   2804                      
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Siège du GICAM à Douala Archives
Dans son rapport actualisé en octobre 2019, le patronat déplore par ailleurs plus de 18 milliards de FCFA de taxes perdues par l’Etat.

Trois ans après le début de la crise anglophone, le Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam) dresse un bilan catastrophique des entreprises opérant dans le Nord-Ouest et Sud-Ouest. Le sinistre bilan est présenté dans le rapport publié en juillet 2018 et actualisé en octobre 2019 par le Gicam. Des entreprises consultées par le GICAM dans le cadre de l’élaboration du Tableau de Bord de l’Economie, 86% d’entre elles annoncent que la crise dans ces régions a des répercussions négatives très importantes (50%), et importantes (36%) sur leurs activités.

Au 30 septembre 2019, révèle le Gicam, le bilan partiel des pertes déjà subies par les entreprises formelles dans neuf (09) secteurs d’activité se chiffre à près de 40 milliards de F CFA dont la moitié représente les pertes des entreprises agro industrielles (CDC, PAMOL, CTE, Ndawara, PHP,…). Les villes mortes, l’insécurité et les destructions diverses, l’arrêt des chantiers d’investissement public débouchent sur des manques à gagner importants en termes de chiffres d’affaires pour les entreprises. En se focalisant sur 10 secteurs d’activités uniquement, ces pertes sont estimées à près de 800 milliards de FCFA au bout de trois ans, soit plus de 4% de la richesse nationale. Le secteur de la distribution est le plus touché, l’insécurité ayant fait le lit des circuits d’approvisionnement informels dont plusieurs sont alimentés par les produits de contrebande.

Ce qui a eu pour conséquences de plomber les recettes de l’Etat en termes d’impôts sur les sociétés, des redevances et autres taxes diverses estimées à près de 18,5 milliards de FCFA. L’insécurité, indique le rapport, a contraint les entreprises installées dans les deux régions au renforcement des mesures de sécurisation, des coûts de déplacements des équipements et d’adaptation des produits et services. Ce qui a induit des charges supplémentaires estimées à plus de deux milliards de FCFA. La crise a aussi un impact social désastreux avec 16760 emplois perdus dont le gros de l’effectif de la CDC, deuxième employeur après l’Etat. Cependant l’impact sur l’emploi formel semble encore mesuré, la plupart des entreprises ayant, fait remarquable, opté pour des redéploiements partiels ou globaux de personnels. Mais les agro-industries, déplore le Gicam, n’ont pu opérer de telles stratégies. Ce qui a contraint leurs personnels aux mises au chômage technique et aux compressions.

Si le Gicam se réjouit des mesures sécuritaires et du statut de zone économique sinistrée décrétée par l’Etat, il propose un soutien spécifique pour permettre aux entreprises de continuer à opérer dans les deux régions. Il s’agit d’alléger le fardeau de certaines contraintes administratives et de leur accorder des mesures d’accompagnement spécifiques, notamment : des facilités de financement pour réparer les préjudices subis et remettre en fonctionnement les équipements ; un accès prioritaire lors des opérations de remboursement de crédits de TVA et de dettes intérieures ; des périodes moratoires spécifiques pour certaines obligations fiscales… Selon le Gicam, le coût de la reconstruction pourrait avoisiner 500 milliards de F CFA, soit plus du tiers de l’enveloppe annuel du budget d’investissement du Cameroun qui est d’environ 1 300 milliards de F CFA.

Auteur:
Frédéric NONOS
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