Cameroun - Crise Anglophone/Abdou Dieng (Directeur régional Pam): «La solution peut être le dialogue»

Par Marie Louise SIMO | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 20-Nov-2018 - 12h59   6494                      
24
Abdou Dieng Archives
Le Directeur régional du bureau Afrique Centrale et de l’Ouest du Programme alimentaire mondial (PAM), apporte des précisions sur la visite d’une équipe conjointe des Nations-Unies dans les zones en crise au Cameroun, - l’Est, l’Extrême-Nord, le Sud-Ouest et le Nord-Ouest- en proie à la crise. Cet entretien porte particulièrement sur la crise anglophone

Vous avez effectué une tournée  dans certaines régions en crise  du Cameroun. Qu’est-ce qui vous a  marqué pendant ce périple ?

Nous avons abordé les différentes crises humanitaires au Cameroun. En premier la crise causée par Boko-Haram dans l’Extrême-Nord, une crise qui dure depuis maintenant quatre ans, et qui a quand même connu une évolution positive. Certes, elle n’est pas terminée, mais on a remarqué des progrès. Nous avons aussi observé la crise dans l’Est du pays, causée par les réfugiés centrafricains. Là, les choses sont un peu plus préoccupantes, dans la mesure où la situation ne s’améliore pas en Rca, et par conséquent elle ne s’améliore pas au Cameroun. On a également examiné la crise qui sévit aujourd’hui dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest du Cameroun, nous avons été sur le terrain. Ces populations ont beaucoup souffert. Nous sommes toujours en train d’analyser pour comprendre ce qui s’est passé, pour savoir le nombre de personnes affectées dans différents secteurs. En conclusion, ce qu’on veut faire c’est supporter collectivement les efforts du gouvernement afin d’apporter de l’assistance à toutes les personnes qui sont affectées par ces crises, et principalement par cette dernière. Parmi les problèmes identifiés, le secteur de l’éducation nous préoccupe au plus haut point.  Il faut que les enfants retournent à l’école. Il faut que l’administration soit redéployée pour que les malades soient soignés, qu’elle pense aux problèmes d’eau et la protection civile en général. Nous comptons donc travailler avec le gouvernement, les bailleurs de fonds, les Ong pour que l’aide puisse arriver jusqu’à ceux qui en ont besoin.

Au terme  de votre visite dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, quelles sont les principales résolutions qui ont été prises ?

Ce qu’il faut  retenir c’est que des personnes ont souffert, beaucoup de personnes ont été déplacées, elles ont dû partir d’où elles étaient, d’où elles habitaient. Ces personnes sont venues dans les grandes villes, il y en a qui nous disent qu’elles sont dans la brousse. Il faut que tout le monde revienne à la raison, qu’on réhabilite les maisons qui ont été cassées, les écoles et hôpitaux qui ont été fermés, de façon à ce que la vie reprenne. Maintenant, toutes ces choses coûtent de l’argent et prennent du temps. L’un de nos objectifs à cet égard est de mobiliser des ressources pour appuyer les efforts du gouvernement.

Quel  est selon vous le niveau d’alerte dans  ces deux régions ?

C’est  une chose qui fait partie de nos termes de référence. On vient juste d’arriver, on a eu une première discussion entre nous aujourd’hui. Ce ne sont pas des choses que nous décidons juste au pif. Il y a cinq critères à prendre en compte, mais  je n’entrerai pas dans les détails. Cependant, dans les jours avenir nous allons collectivement, et sur la base  des informations collectées, décider quel va être le niveau de cette crise, sachant qu’en général c’est de 0 à 3, trois étant le niveau le plus élevé. Pour l’instant, je ne peux pas vous dire à quel niveau la crise est rendue.

Pensez-vous  que la solution à cette crise est purement politique ?

Elle est fondamentalement politique. Toute crise de cette nature demande une solution politique. Il suffit simplement que ceux qui ne sont pas d’accord sur certains faits trouvent un accord aujourd’hui et  la crise est terminée. Les conséquences peuvent être beaucoup plus longues, mais fondamentalement, et on l’a vu dans le monde, beaucoup de crises de cette nature demandent une solution politique. Ce que nous allons faire en tant qu’humanitaire c’est abréger les souffrances des personnes.

Parlant de « solution politique », est-ce qu’il faut penser au dialogue ?  

En effet,  cette solution  peut être le dialogue.

Et quelles  seraient selon vous les parties prenantes à ce dialogue ?

Il  faut justement identifier les personnes qui ne s’entendent pas. Dès que c’est fait, on les met autour d’une table afin qu’elles discutent et se disent quels sont leurs problèmes respectifs. Par contre, si on ne sait pas avec qui dialoguer, ça prendra du temps.

Avez-vous identifié ces personnes ?

Non. Pas pour l’instant.

 Entretien réalisé par M.L.S.

 

Auteur:
Marie Louise SIMO
 @t_b_a
Tweet
Facebook




Dans la même Rubrique