Les grandes histoires commencent souvent par des anecdotes savoureuses. Confrontée à la difficulté de s'occuper des cheveux de sa fille, Ghyslaine Ngassa se rend compte que rien ne permet de donner des astuces pour décomplexer sa fille qui se plaint de ses cheveux crépus. « Le mouvement nappy prenait de l'importance au moment où j'ai commencé l'écriture confie l'auteur ; ce qui m'a poussé à me poser personnellement la question du retour de mon cheveu au naturel. A l'époque, ma fille ne comprenait pas que je refuse qu'elle se défrise les cheveux alors que je les avais lissés. Et ce qui m'a frappé, c'est qu'il y avait de nombreux ouvrages traitant du retour au naturel, mais aucun qui   aidaient les jeunes filles à aimer leurs cheveux tels qu'ils étaient, à les dissuader de commencer à se défriser. »

C'est ainsi que la cadre de banque, qui vit en région parisienne, va décider de créer un personnage (Tamara Ngougouli) auquel les jeunes filles pourraient s'identifier. Pas facile quand on n'a aucune expérience du livre jeunesse, « il a fallu adapter mon écriture à un public plus jeune et trouver une illustratrice qui arrive à bien reproduire un personnage avec des coiffures différentes. Ça a été compliqué jusqu'au moment où j'ai rencontré Elyon's qui a trouvé le bon ton, la touche que je souhaitais. » Il a fallu ensuite faire le choix d'auto-éditer le livre, « pour avoir un contrôle sur l'artistique » et aller défendre l’œuvre. Salons, foires, distributeurs, celle qui est désormais présidente de l'association Les Crépinouilles ne compte plus ses heures et les rencontres. « Ça m'a permis de m'ouvrir d'avantage, reconnaît-elle. J'avais tendance à me freiner, à penser que je n'étais pas apte à faire certaines choses, et là je me découvre. »

Et on pourrait ajouter élargit le champ de compétences de son association. Si le livre, Le pouvoir mystérieux de Tamara Ngougouli est le projet phare, l'association continue étend son champ d'expertise à la lutte contre l'illettrisme et pour la diversité dans les supports culturels. Ateliers d'écriture, rencontres dans les médiathèques, les centres de loisirs pour donner l'envie aux jeunes de lire et créer leur univers. Une initiative qui a suscité l'intérêt de l'enseigne Cultura (l'une des plus grosses chaînes de magasins culturels en France), qui a proposé une dédicace du livre dans son magasin de Thias et signé un partenariat avec l'association et dont les domaines de compétence vont aller en augmentant chaque année (des jeux éducatifs, de la formation dans les langues...)

Beaucoup d'activités pour celle qui a fait ses études secondaires au Lycée d'Elig-Essono et qui veut faire partager son œuvre à ses jeunes sœurs. Des discussions sont engagées pour trouver un distributeur afin de proposer le livre au Cameroun dans les prochains mois où elle envisage de venir le présenter.