Le microcosme politique camerounais est caractérisé ces dernières années par une montée en puissance de la haine tribale, observée chez certains acteurs politiques, traduits dans leurs propos sur l’espace public à travers les médias classiques (TV, radio, presse écrite) et les réseaux sociaux. Le phénomène a pris de l’ampleur, au lendemain de l’élection présidentielle du 7 octobre 2018, matérialisé par des affrontements par medias interposés entre partisans du président national du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), Paul Biya, et ceux de l’opposant Maurice Kamto, le président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC). Les premiers accusent les seconds de vouloir déstabiliser le pays par la rue, lorsqu’ils n’y parviennent pas à coups d’arguments empreints de tribalisme.
A la faveur des manifestations anti-Biya le samedi 17 juillet 2021 à Genève en Suisse où le président de la République se trouve en « court séjour privé », les discours de haine ont refait surface. Cette fois-ci, une frange de la classe politique solidaire du Président de la République croit savoir que la Brigade Anti-Sardinards (BAS) à la manœuvre, est une organisation dont la plupart des membres se recrutent au sein d’une ethnie, laquelle s’illustre avec des actions peu ou prou violentes dans son désir de changement politique.
Pour sa part, le ministre du Travail et de la Sécurité Sociale, Grégoire Owona, regrette à l’occasion, la résurgence de la haine tribale. Dans un message qu’il a dévoilé ce mercredi 21 juillet 2021 sur Facebook, il appelle à une mobilisation contre ce phénomène. « Mobilisons-nous contre la violence SOUS TOUTES SES FORMES. Mobilisons-nous contre la haine. Mobilisons-nous contre l'ethno-fascisme! LA NATION EN EST MENACEE !!! », a-t-il plaidé. Il est clair pour le Secrétaire national adjoint du Comité Central du RDPC que l’expression désormais très ostentatoire du tribalisme dans l’espace public, est une menace réelle pour la cohésion sociale, avec pour risque majeur un éventuel basculement dans le chaos.