Cameroun - Débits de boissons: 6000 bars répertoriés à Yaoundé

Par Benjamin Ombé | Repères
Yaoundé - 04-Sep-2013 - 12h49   56961                      
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Une prolifération qui cause un désordre urbain que les autorités administratives ne veulent plus tolérer.
Pas un pas sans un bar. Le secteur est en pleine croissance. Selon les statistiques du syndicat des exploitants des débits de boissons du Cameroun, il existerait plus de 6 000 bars dans la seule ville de Yaoundé. Ces occupent même la voie publique. A l'observation, les Camerounais en général et la population de Yaoundé en particulier consomment de plus en plus l'alcool. Les Brasseries annoncent d'ailleurs plus de 500 millions de litres vendus en 2012. Ce qui représenterait à pela prés 744.600 casiers de douze. Cependant les raisons de cette affinité avec l'alcool sont diverses. «Je bois quand je m'ennui, quand j'ai le stress et quand j'ai les problèmes» explique Atangana T commerçant au marché central. Mais pour d'autres c'est la précarité dans laquelle ils vivent qui serait à l'origine leur addiction éthylique. «La seule chose qui nous reste au Cameroun c'est la bière. Nous n'avons rien d'autre affaire. Pas d'emplois. Alors au moins les brasseries sont capables de donner de l'emploi à tous les camerounais.», peste un ton ironique Ibrahim B chauffeur de taxi. A côté de cette jouissance, le phénomène pose un problème majeur du désordre urbain. Entre tapages et banditisme, les populations se plaignent. «Nous ne dormons pas à cause des bruits. Chaque jour ici au quartier il y a un cas de vol, les embouteillages que cela cause nous n'en même parlons plus. Il faut que ça changes», s'indigne M. Ayissi du quartier Melen. Suite aux revendications des libertés, vers les années 90 au Cameroun, le gouvernement démocratiser de nombreux secteurs parmi lesquels celui des débits de boissons. Notamment avec la loi du 09 novembre 1990 fixant les conditions d'exploitation des débits de boissons. Cependant, selon une source qui a compétence mais qui a requis l'anonymat, le but n'était pas vraiment d'organiser le secteur. «Le législateur, par la loi des finances du juillet 1995 a pensé qu'il fallait désormais imposer toutes les activités du pays génératrices de revenus (licites ou non), afin d'élargir l'assiette de l'impôt et renflouer les caisses de l'Etat désespérément vides, par un impôt visant le secteur informel, dit d’'impôt libératoire », explique cette source. Addiction et laisser-aller «La situation actuelle est assez complexe. Les camerounais sont devenus fous d'alcool. Malgré les efforts que nous fournissons en fermant les débits de boissons clandestins et en retirant les licences d'exploitation pour les établissements qui ne se conforment pas à la loi de 90 le problème persiste. Ils ont déjà pris goût», explique M. Paul Tsanga Foe, sous-préfet dans le Mfoundi. L'administrateur principal du Mfoundi reconnaît néanmoins que la procédure de délivrance d'une licence d'exploitation n'est pas respectée: «il suffit de déposer une demande et verser l'impôt et on est propriétaire d'un bar. La loi prévoit dans la même procédure une enquête de moralité. Cette dernière est bafouée or c'est le plus important. Raison pour laquelle le phénomène persiste.» Mais M. Paul Tsanga Foe ne désespère pas et invite sa hiérarchie à revoir le problème au sommet: «nous allons continuer à combattre ceux qui ne respectent pas la loi. Mais ça ne suffit pas. Le gouvernement devra revoir les textes et les accommoder au contexte actuel. Et revoir également les programmes scolaires. Car nous pensons qu'il s'agit aussi d'un problème d'éducation». Le décret de 1990 stipule en son article 14 qu'il est «interdit d'ouvrir ou de transférer un débit de boisson à moins de 200 mètres d'un hospice, d'un hôpital, d'un établissement scolaire ou d'un lieu de culte». Le même décret fixe les heures de fermeture et d'ouverture des débits de boissons. Ceci comme suit : vente à emporter de 06 heures à 21 heures, vente à consommer sur place de 06 heures à minuit.




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