Cameroun - Décès du Cardinal Tumi: Son proche collaborateur Elie Smith révèle que le prélat ne voulait pas d’une évacuation sanitaire à l’étranger

Par Pierre Arnaud NTCHAPDA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 05-Apr-2021 - 13h38   6977                      
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Elie Smith, AGC Coordinator Twitter
Sur l’antenne de Radio Balafon ce 5 avril 2021, le porte-parole de la Anglophone General Conference a dévoilé des confidences que lui avait faites de son vivant l’ancien archevêque de Douala.

De nouveaux témoignages sur la vie du Cardinal Christian Tumi ont été enregistrés ce 5 avril 2021 sur diverses antennes. Notamment Radio Balafon qui a donné la parole à son très proche collaborateur Elie Smith. Le journaliste devenu depuis quelques années secrétaire général et porte-parole de la  Anglophone General Conference, initiative visant à rassembler les propositions dans l’optique d’une résolution de la crise anglophone.

Elie Smith a fait savoir que le Cardinal Tumi a quitté la terre satisfait de son œuvre. «Il me disait que s’il était encore jeune, il allait vraiment faire beaucoup de choses. Mais avec l’âge, il ne peut plus faire ce qu’il avait voulu faire. C’est le seul regret qu’il avait. Mais il disait toujours qu’il sait qu’il est un homme accompli, qu’il a fait ce qu’il pouvait et le jour où la mort viendra, il va mourir tranquillement», se souvient l’ancien de RFI et Télésud. Il décrit l’ancien archevêque de Douala comme doté d’un grand sens du patriotisme et d’un courage exceptionnel. Il ressasse par exemple ce choix de l’homme d’église qui, malade, avait choisi de se faire suivre au Cameroun.

«C’était quelqu’un qui était très courageux et profondément patriote. Il aimait beaucoup ce pays. Voilà quelqu’un qui avait la possibilité d’aller se faire soigner à l’étranger, mais qui a dit non, expliquant qu’il ne peut pas aller se faire soigner pour deux raisons simples. D’abord parce que les médecins camerounais et les médecins étrangers ont été dans les mêmes écoles. Il se demandait dès lors pourquoi il devrait donc aller se faire soigner en France ou n’importe où. La deuxième raison qu’il avançait c’est que s’il part, il y aura toujours une majorité de Camerounais qui ne peuvent pas bénéficier de ce genre de traitement. Il ne voyait pas pourquoi lui devrait en bénéficier dans ces conditions. Ce qui fait qu’il a préféré finir ses jours dans son pays», révèle Elie Smith.

Il précise que Monseigneur Tumi est contestataire depuis 1975. Il raconte que cette année-là, l’homme de Dieu a déclaré à Bamenda que le régime Ahidjo était corrompu. Le ministre Victor Ayissi Mvodo ayant entendu cela, avait demandé au gouverneur du Nord-Ouest de l’époque, Abouem A Tchoyi, de le faire arrêter. Smith rapporte que ce dernier ayant discuté avec le Cardinal Tumi lui dira: «je comprends, j’ai l’ordre de vous faire arrêter, mais je ne vais pas vous faire arrêter parce que la cause que vous défendez est bonne». C’est à l’ancien administrateur civil  que Tumi va penser quand il faudra pourvoir le poste de secrétaire général de la All General Conference.

Puisant toujours dans le passé de Christian Tumi, Elie Smith rappelle que le prélat catholique a fortement contribué à abolir le paiement de la Zaakat, un impôt local versé aux lamidos à Yagoua, par les chrétiens. Ce qui lui vaudra un procès au tribunal militaire. Il finira par avoir gain de cause à la suite de l’intervention de l’ancien président camerounais Ahmadou Ahidjo. Elie Smith assure que le défunt n’était pas tribaliste. Il en veut pour preuve le fait qu’il ait exigé que les paroisses ne portent plus des noms de tribus. Il prête à l’illustre homme d’Eglise une grande capacité de pardon. «J’étais tellement énervé contre les Ambazoniens  qui l’ont kidnappé qu’il m’a dit: «ce sont les enfants de Dieu. Il faut qu’on leur pardonne. On doit prier pour eux. Et ces gens-là l’appelaient  régulièrement pour qu’il leur donne de l’argent», se souvient Elie Smith.

 

Auteur:
Pierre Arnaud NTCHAPDA
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