Cameroun: Des organisations qui se réclament de l’UPC originelle en colère contre Radio Balafon

Par Pierre Arnaud NTCHAPDA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 16-Mar-2018 - 15h29   10227                      
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Cyrille Bojiko, promoteur de Radio Balafon Archives
Elles accusent l’antenne émettant de Douala de déformer l’histoire de l’arrestation du nationaliste camerounais Ernest Ouandié. Ce dont se défend son patron qui dénonce l’action d’individus qui veulent se mettre en avant.

Des organisations qui se réclament des fondateurs de l’Union des populations du Cameroun (UPC) en veulent à Radio Balafon, une antenne émettant de Douala. Dans un communiqué publié le 15 mars 2018, l’Association des vétérans du Cameroun (ASVECAM), le Collectif Mémoire 60 (CM60), Mémoires et droits des Peuples, l’Union des populations du Cameroun-Manifeste national pour l’instauration de la démocratie (UPC-MANIDEM) et le Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie (MANIDEM) accusent ce confrère d’avoir « terni gravement » le 15 janvier 2018 le 47ème anniversaire de l’assassinat du leader nationaliste camerounais Ernest Ouandié. Cela « en diffusant un enregistrement offensant à l’endroit de Feu Ernest Ouandié et ses compagnons de lutte dont Mathieu Njassep, son secrétaire particulier, condamné à mort en même temps que lui avant de voir sa sanction commuée en peine de prison ».

Les auteurs du communiqué conjoint expliquent que les vétérans de la guerre de libération réunis au sein de l’association ASVECAM, les vétérans de l’ALNK, des ex-combattants des maquis parmi lesquels se trouvent des compagnons directs d’Ernest Ouandié, ont pris Mathieu Njassep comme l’une de leurs figures de proue. Ils exhibent aussi comme preuve de la fidélité de Mathieu Njassep à Ernest Ouandié le livre « Kamerun ! Une guerre cachée aux origines de la Françafrique 1948-1971. » de Thomas Deltombe, Manuel Domergue et  Jacob Tatsitsa. Et aussi un livre-interview ayant pour titre « L’avenir nous donnera raison », dans lequel Flaubert Nganya et Mathieu Njassep racontent la vie des maquis.

 « Au-delà de tout ceci il y a la réalité de ce que les maquis étaient devenus  dans leur phase de revers qui a commencé au moins depuis 1966 ainsi qu’en témoignent les deux combattants cités ci-dessus. Il faut avoir beaucoup d’imagination en coups tordus en effet, pour trouver à Mathieu Njassep qui ne quittait pas le président Ouandié d’une semelle pour ainsi dire, dans la difficulté où ils étaient ensemble de se replier tactiquement et parfois de se cacher, la ressource de s’absenter (durablement cela va sans dire) pour négocier des plans de trahison avec on ne sait qui. Nous affirmons donc que la source de Radio Balafon est fausse. Le pseudo-témoin de Radio Balafon mutile donc gravement la réalité et insulte le sacrifice incommensurable de nos héros, vivants et morts. Nous regrettons qu’après avoir laissé penser qu’elle comprenait le bien-fondé de notre démarche, Radio Balafon, a finalement refusé un droit de réponse à Mathieu Njassep (ou à défaut à quelqu’un désigné par lui). Si nous avons pu penser que Radio Balafon était abusée, nous comprenons mal son refus du droit de réponse », écrivent les auteurs de ce communiqué dit d’ « avertissement ».

Cameroon-Info.Net a donné la parole au promoteur de Radio Balafon. Cyrille Bojiko réfute les accusations portées contre son organe de presse.   

 « Njassep n’a pas été accusé sur Radio Balafon. C’est un élément qui existe sur youtube depuis des années , que d’autres personnes ont eu à diffuser. Et lorsqu’il fallait rendre hommage à Ouandié, nous avons pris le témoignage d’Anicet Ekane et d’autres et par rapport aux circonstances de l’arrestation de Ouandié. Comme personne n’était là, nous avons pris cet élément-là qui était à notre niveau, la seule source d’information qu’on a su : comment il a été arrêté. Celui qui le déclare ne passe pas sur mon antenne et même pas en direct. Les enregistrements de l’émission montrent que j’ai précisé que c’est un élément youtube. Il dit tout ce qu’il dit mais nous on ne reste pas là-dessus. A la fin un individu m’appelle, se présente. Je lui dis : « faites venir donc celui dont vous parlez. S’il vient nous ferons une émission avec lui. C’est une figure de l’Histoire ! Il dit que « non c’est lui qui doit passer » je lui réponds : « ce n’est pas vous qui devez parler. Ce n’est pas vous qu’on a cité. Mettez-nous en contact avec l’intéressé ». Je l’ai ensuite mis en contact avec la rédaction. Je lui ai dit : « appelez Emmanuel Koko il s’occupe des archives  et de l’histoire sur Radio Balafon car j’allais à une réunion. Il appelle mon collaborateur qui lui oppose la même démarche que moi sans que nous ne soyons concertés auparavant.  Il est devenu à la limite un peu insultant. Il a commencé à menacer les gens. Je lui ai dit qu’il connaît  la procédure du droit de réponse. Je lui ai aussi suggéré d’aller faire un démenti sur youtube. Parce que l’enregistrement que nous avons diffusé a été pris sur Internet. Je lui ai dit : « ne nous amenez pas à faire une émission sur un problème qui n’est pas encore un problème », réagit-il avant d’ajouter que son interlocuteur l’a rappelé près de 2 mois plus tard et que le promoteur de la radio qu’il est lui a proposé de saisir Balafon l’an prochain avant la prochaine  commémoration afin que la radio fasse une série sur le sujet. Car selon lui « pour l’instant l’actualité ne s’y prête pas ».  Bojiko affirme également lui  avoir demandé de saisir le Conseil national de la communication. Il nous apprend aussi qu’il a demandé à celui qui lui parlait de le mettre en contact avec le fils de Njassep. Avant de le suspecter  de vouloir se mettre en avant, de chercher une tribune. « J’ai l’impression qu’il veut promouvoir une association de quoi que ce soit », a ajouté le patron de Radio Balafon.

Auteur:
Pierre Arnaud NTCHAPDA
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