Cameroun - Détournement de fonds au MINFI: Emmanuel Leubou, Mme Lefang Celestina et trois autres personnes inculpés pour détournement de 5,5 milliards de FCFA

Par Fred BIHINA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 13-Nov-2019 - 13h11   10630                      
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Emmanuel Leubou archives
Dans son édition parue le 11 novembre, l’hebdomadaire Kalara livre en exclusivité, le contenu de l’ordonnance de renvoi du juge d’instruction en charge de cette affaire.

Coauteurs

Emmanuel Leubou, ancien chef de la cellule informatique de la Direction des dépenses du personnel et des pensions (DDPP) du ministère des Finances et un certain M. Amadou Haman, inconnu de l’administration publique camerounaise, seront jugés pour détournement présumé en coaction, de la somme de 5,5 milliards de FCFA.

Ainsi en a décidé Blaise Wo’o Minko, le juge d’instruction en charge de cette affaire, renseigne l’hebdomadaire Kalara en kiosque le 11 novembre 2019. Le journal livre en primeur, le contenu de l’ordonnance de renvoi notifiée aux mis en cause le 30 octobre dernier.

Complicité

On apprend ainsi que cinq personnes au total seront jugées pour le détournement présumé de la somme susmentionnée.

Les autres inculpés sont Mme Lefang Celestina Nkeng, chef du service des oppositions à la Paierie général du Trésor et M. Mefiro Pempeme Inoussa, fonctionnaire en service à la cellule d’assainissement du fichier solde. Les deux sont poursuivis en tant que complices présumés de sieurs Leubou et Haman.

Quant à Mme Aïssatou Boullo Bouba, ancienne chef de la cellule SIGIPES du ministère de la Communication, elle est accusée de façon solitaire, des faits de détournement présumé de 6,5 millions de FCFA.

Les griefs

Ils sont tous suspectés d’avoir mis sur pied un mécanisme de suppressions frauduleuses des remboursements des avances sur solde et pension octroyées aux fonctionnaires et retraités entre 2015 et 2016. Ce qui aurait fait perdre au Trésor Public la somme de 5,5 milliards de FCFA alléguée.

«Un seul code d’accès à l’application informatique de traitement de la chaîne de solde de l’Etat, le 01X correspondant au profil du chef de service de oppositions à la Paierie générale du Trésor, la nommée Lefang Celestina Nkeng, avait été utilisé à l’effet de procéder auxdites annulations ou suppressions à travers différents postes de travail de la direction de la dépense, des personnels et des pensions (DDPP)», précise un extrait de l’ordonnance de renvoi, publié par Kalara.

Le juge d’instruction indique que de janvier à juin 2016, 2 423 cas d’annulations de remboursements d’avances de solde et de pension avaient été décelés pour une incidence financière estimée à 3 542 727 233 FCFA.

Le code qui permettait ces suppressions frauduleuses sera momentanément supprimé, en avril 2016, puis rétabli apprend-on.

Son rétablissement a entraîné pour la période allant de juillet à octobre 2016, 1601 nouveaux cas de suppressions frauduleuses, causant un préjudice de 2 036 870 655 FCFA. Le total de l’opération se rapproche de 5,6 milliards de FCFA.

Les responsabilités

Il est reproché à Mme Aïssatou Boullo Bouba d’avoir, pendant l’enquête, refusé «de renter dans les détails du processus l’ayant conduit au bénéfice des suppressions des remboursements», lit-on. Ce qui démontre, ajoute le juge Wo’o Minko, «son option de ne pas donner de précisions sur sa participation à l’entreprise criminelle desdites suppressions». Mais elle est la seule qui a reconnu les faits.

Le juge reproche à Emmanuel Leubou de «n’avoir pas pris des mesures conservatoires» après avoir constaté les suppressions irrégulières des remboursements.

Notre confrère ne comprend pas cette déclaration du magistrat qui reconnait lui-même que l’ancien chef de la cellule informatique de la DDPP avait supprimé le code à problème (User 01X), appartenant à Mme Lefang, après la découverte du scandale en question.

Le juge précise par ailleurs que les suppressions irrégulières ont repris après le rétablissement dudit code et ce, à la demande du Payeur Général du Trésor.

Il reconnait en outre que les hauts-responsables du MINFI, notamment le directeur du Budget, avaient été saisis par Emmanuel Leubou au sujet de cette affaire. Et que les mesures envisagées pour résoudre le problème ont été paralysées du fait de l’inertie desdits responsables.

D’un autre côté, le rapport du juge note que: «Après que le User de dame Lefang Celestina ait été désactivé après la découverte des 2 423 cas d’annulations frauduleuses de remboursements d’avances de solde et de pension, pour la période de janvier 2015 à juin 2016 et que ces pratiques aient pris fin, le fait pour elle de reprendre aussitôt que ce User 01X a été à nouveau activé, démontre soit qu’elle (Mme Lefang) n’a pas changé de mot de passe pour laisser continuer l’accomplissement des fraudes, soit qu’en changeant, elle le faisait connaître pour permettre la perpétration des actes criminels de suppressions des codes 600 et 662, ce qui s’est avéré avec la découverte 1601 cas répertoriés pour la période allant de juillet à octobre 2016».

Le juge conclut que ces données expliquent son implication dans l’opération. Pourtant, dame Lefang est poursuivie pour complicité de détournement. Kalara rappelle qu’un mandat d’arrêt avait été servi à son endroit, mais il n’a jamais été exécuté.

La concernée, selon de précédentes révélations du même journal, se trouve être la sœur Mme Limunga Sarah Itambi, avocate près de la Cour Suprême, et épouse de M. Amougou Belinga, qu’on dit proche du dernier cercle du ministre de la Justice, Laurent Esso.

Il est reproché à M. Mefiro Pempeme Inoussa d’être l’utilisateur du poste no1255 que gérait Amadou Haman et à partir duquel ont eu lieu 95% des suppressions irrégulières.

Fred BIHINA

Auteur:
Fred BIHINA
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