Cameroun - Détresse: Le cas de Tchamba Ngassam Melvin sur la table de Niat

Par Gibrile KENFACK TSABDO | Le Messager
- 22-Aug-2013 - 07h33   50523                      
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La famille et les amis de l’ingénieur camerounais des eaux et forêts envoyé en mission au Congo-Brazzaville par son employeur n’ont plus de nouvelles de lui depuis la nuit du 7 au 8 avril 2011. Ils viennent d’interpeller le président du Sénat camerounais.
« Retrouvez Tchamba Ngassam Melvin ». Tel est le nom du collectif mis sur pied en 2011 suite à la disparition de notre compatriote Tchamba Ngassam Melvin en avril 2011 au Congo Brazzaville. Ce collectif a tenu une conférence de presse vendredi dernier dans les locaux de Zenü Network à Bafoussam. A l’occasion, son coordonnateur, Dr François Xavier Ndzana Abanda a restitué in extenso la genèse de cette affaire somme toute rocambolesque. Le 5 octobre 2010, M. Tchamba est envoyé en mission au Congo Brazzaville pour six mois au compte de la société Geospatial technology group Congo (Gtgc). Malheureusement, depuis la nuit du 7 au 8 avril 2011, personne n’a plus de nouvelles de cet ingénieur qui, au moment de sa disparition, se trouvait dans le district de Zanaga, département de la Lékoumou, région de Pointe-Noire. La nuit du drame, il a séjourné à la base de Tamon industries, où il va passer la nuit en compagnie de M. Elvis Tetus Tendong, l’un de ses collègues et compagnon de chambre. Selon ce dernier, Tchamba serait sorti à trois reprises au moins pour se soulager. Mais rattrapé par la fatigue, Tetus va s’assoupir et ne va effectivement pas se rendre compte que Tchamba n’est pas au lit depuis la nuit qu’aux environs de 6 heures. Toutes les actions menées jusqu’ici pour le retrouver sont restées peine perdue. Saisi du dossier depuis le 21 avril 2011, le collectif « Retrouvez Tchamba » du Dr Ndzana (qui est un pur produit de la Faculté d’agronomie et des sciences agricoles de Dschang, tout comme Tchamba ; Ndlr) va se mettre à pied d’œuvre pour que lumière soit faite sur le sort de ce compatriote. Partant sur la base de ce que « Les conclusions des enquêtes administratives et judiciaires dont nous avions reçu une copie de la justice congolaise, ont émis deux hypothèses : soit qu’il se serait suicidé, soit il est égaré en forêt. Nous pensons pour notre part qu’il existe de nombreuses zones d’ombre et quelques paradoxes qui militeraient pour la reprise des enquêtes sur cette mystérieuse disparition », dixit Dr Ndzana, des actions ont été entreprises tant auprès du Minrex, de la Dgsn, de la Dgre, que de l’ambassade du Congo au Cameroun. Sans succès. La dernière en date étant la présentation du dossier le 17 juillet dernier à l’attention du président du sénat, Marcel Niat Njifenji par ailleurs élite du département du Ndé dont est originaire Tchamba (ressortissant de Bangoulap pour être plus précis ; Ndlr). En réalité, le collectif est à ce jour sans réponse aux innombrables interrogations qui lui taraudent l’esprit : qu’est-ce qui peut justifier que l’employeur de Tchamba (Gtgc) demande aux proches parents du disparu de ne pas médiatiser cette affaire, et se précipite dans la foulée à demander au juge congolais un jugement déclaratif de décès, soit 18 jours après sa disparition ? Pourtant, l’article 117 alinéa 2 du code de la famille congolais dispose que ce n’est que six (06) mois après la disparition d’une personne sans nouvelle, qu’on pourrait la déclarer décédée. Pourquoi n’avoir signalé sa disparition aux autorités judiciaires congolaises qu’à la date du 21 avril 2011, c’est-à-dire 13 jours après ? Ce vibrant appel du collectif à la mobilisation n’a pas laissé insensible la société civile. La présidente du conseil d’administration de la plateforme nationale des organisations de la société civile du Cameroun (Planoscam), Christine Andela a recommandé qu’ « une large information soit faite autour de cette affaire par tous les moyens ». Le coordonnateur de Zenü Network, Flaubert Djateng n’y est pas allé de main morte : « Un véritable plaidoyer s’impose pour faire prendre conscience de la gravité de la chose. La pétition pour élucider la vérité sur La disparition de notre compatriote doit être signée par tous sans exception. Il faut par ailleurs porter plainte contre l’employeur et les collègues de Ngassam avec qui il était en mission au Congo. Cela permettra au moins de faire bouger les lignes », argue-t-il. Les pistes de recrutement d’un avocat ont par ailleurs été ébauchées. Une action qui sous-tend la poursuite du plaidoyer auprès des décideurs. Gibrile KENFACK TSABDO (Stagiaire) Focal: Le cri de détresse de Dame Tchamba « Plus le temps passe, c’est le traumatisme. Mais avec le soutien du collectif, des médias et de la société civile aujourd’hui, je me sens obligée de garder l’espoir. C’est ça qui me donne de la motivation ». C’est en ces termes que Mme Tchamba née Kamnang Komguep Irène Flore nous a livré son état d’esprit plus de 2 ans après la disparition de son mari. Elle nous ait apparu abattue, mais visiblement déterminée à tout faire pour la cause de son mari. Une cause on ne peut plus légitime. Pour cette mère de deux enfants (2 filles âgées respectivement de 5 et 3 ans ; Ndlr), « le plus difficile, c’est de pouvoir compter le temps qui passe ». Á l’attention des pouvoirs publics, « La famille Tchamba est toujours dans l’attente de leur prompte réaction. Nous voulons savoir toute la vérité… », conclut-elle. Tout compte fait, cette ultime affaire remet au goût du jour l’indifférence d’un pays comme le nôtre face aux vicissitudes de sa diaspora qui souffle le chaud et le froid à l’extérieur. Nous avons en mémoire le rapatriement manu militari de nos compatriotes résidant en Guinée équatoriale, et devant laquelle le gouvernement de la République a fait montre d’une incurie notoire. Pourtant, l’affaire des sept otages français enlevés à Dabanga dans l’Extrême-nord, le 19 février dernier, et libérés. Deux mois plus tard a fait l’objet d’une médiatisation internationale à tout rompre et mobilisé tout le landerneau politique camerounais. Chose qui à tout point de vue laisse croire que le sort d’un expatrié kidnappé sur notre territoire intéresse et inquiète plus que celui d’un Camerounais de l’étranger. Surtout que la récente correspondance adressée par le Minrex au collectif le 26 juin dernier, est peu diserte et ne permet pas d’avancer d’un pouce sur l’affaire Tchamba. Est-ce donc une fatalité, mieux une malédiction que d’être Camerounais ? GKT




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