Cameroun - Développement: Le Pr Jean Emmanuel Pondi (vice-recteur de l’Université de Yaoundé II-Soa) milite pour une plus grande visibilité des auteurs africains dans les médias en ligne

Par Béatrice KAZE | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 05-Oct-2020 - 08h18   6151                      
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Jean Emmanuel Pondi archives
Pour l’universitaire, les africains réussiront à développer leur continent grâce à la connaissance et le savoir.

Les africains ont tout pour développer leur continent. Mais pour y parvenir, ils doivent changer leur attitude vis-à-vis de la pensée, estime le Pr Jean Emmanuel Pondi, vice-recteur de l’Université de Yaoundé II-Soa.

Au cours d’un déjeuner de presse organisé récemment avec des journalistes, l’universitaire pense que le développement dont on parle, est une chimère si on n’arrive pas à coupler développement et savoir «et c’est la raison pour laquelle nous tournons en rond depuis des décennies et des décennies, parce que nous avons découplé ces deux éléments. Pour nous le développement, il est purement matériel, infrastructurel. Mais le vrai développement, c’est la connaissance et le savoir. C’est ce développement de la connaissance et le savoir qui entraine la croissance de tout ce qui est matériel», soutient l’universitaire, qui appelle à une prise de conscience des africains.

Aujourd’hui, il est donc urgent de s’approprier les réflexions et le discours des auteurs africains. Des auteurs qui ont mis et continuent de mettre des ouvrages à la disposition des populations africaines. «Mais ces mêmes africains vont toujours vers les sources occidentales pour parler de l’Afrique. Il y a un problème. Comment peut-on parler de l’Afrique en allant toujours chez les non-africains pour qu’ils le fassent ?», s’interroge l’ancien directeur de l’Institut des Relations Internationales du Cameroun.

Le professeur titulaire en Sciences politiques qui fustige la dictature idéologique imposée à l'Afrique par l'Occident pense qu’«il est important pour nous d’avoir notre récit à nous. Notre interprétation du monde, notre lecture du monde… Nous avons le devoir par ces livres-là, de porter l’interprétation de l’Afrique du monde et personne ne le fera à notre place. Il n’est même pas dans l’intérêt des autres, de laisser cette interprétation être connue. Si on attend que les philanthropes occidentaux viennent avec leur bon cœur nous aider à nous développer, ça ne s’est jamais vu nulle part. Il est temps que les africains se réveillent», lance-t-il.

Pour le Pr Pondi, les médias en ligne ont un rôle important à jouer dans ce «combat». «Il est importants d’attirer l’attention des médias cybernétiques que  la voie de l’Afrique, la voix des Africains est souvent en minorité dans ce cyberespace. Et aujourd'hui on ne peut pas bâtir un village planétaire à sens unique, avec une pensée unique. Il est important de diversifier la pensée, de la densifier, et surtout de montrer que pour qu'il y ait un monde pluridimensionnel, il faut une pensée pluridimensionnelle et polycentrée qui ne vienne pas d'un point précis, et qui ne reparte vers un point précis. En réalité, les mêmes ne peuvent pas poser des questions et y apporter des réponses. C'est de cela qu'il s'agit», déclare-t-il.

 L’auteur de l’ouvrage «Vie et Mort de Mouamar Al-Kadhafi. Quelles leçons pour l’Afrique» affirme qu’il y a une «nécessité de donner un plus grand écho, pas seulement à mes publications et à mes livres, mais  à celles et ceux qui comme moi, se battent au quotidien pour produire une pensée alternative qui décrive le monde puis l’Afrique, qui décrive notre interprétation de la marche du monde, et que cette interprétation puisse arriver dans tous les quatre coins de la Terre. Et c'est ça en réalité le combat que nous menons au niveau intellectuel, où la pensée doit structurer et cadrer l’action».

Auteur:
Béatrice KAZE
 @T_B_A
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