Dieudonné Essomba est amer lorsqu’il évoque le transfert des pouvoirs de l’Etat camerounais vers les collectivités territoriales décentralisées. Au cours de l’émission de Vision 4 "Club d’élites" du 12 Juillet 2020, l’ingénieur spécialiste des questions économiques a dénoncé le retard accusé, n’hésitant pas à dénoncer «une manipulation de la bureaucratie centrale qui espère revenir sur ça».
Dieudonné Essomba rappelle par exemple qu’il est connu depuis longtemps que l’Etat central devait s’occuper des universités, les régions des lycées et les communes des écoles primaires. Il trouve que les candidatures trop nombreuses aux concours lancés par l’Etat sont la preuve de l’échec de la politique de l’emploi au Cameroun. «L’Etat continue à s’humilier», s’indigne-t-il non sans s’étonner de ce que l’Etat n’ait pas jusqu’ici transféré les prérogatives en matière d’éducation aux communes. Cela dit, il l’invite à remettre aux collectivités territoriales décentralisées l’argent qui leur est dû. Pour l’ingénieur statisticien, «les problèmes opérationnels sont précisément l’argument par lesquels les gens avides dissimulent les refus des réformes».
Ce sont, selon lui, autant de choses dont peuvent se servir les partisans de la séparation des régions anglophones pour justifier leur attitude. «Malheureusement l’incidence de ces comportements alimente même les arguments des sécessionnistes. Ils disent: «vous-mêmes vous voyez non ! Votre décentralisation c’est du pipeau. C’est-à-dire que le gouvernement est en train de renforcer les séparatistes dans leurs convictions. Il leur démontre qu’ils ont raison. Si depuis 1991 le gouvernement avait vraiment fait ne serait-ce que la moitié de cette décentralisation, la sécession n’aurait pas été alimentée comme ça», regrette Dieudonné Essomba.