Selon le bilan officiel des autorités camerounaises, l’accident ferroviaire de la CAMRAIL survenu le 21 octobre 2016 à Éséka, dans le Département du Nyong-et-Kellé, Région du Centre, a fait près de 79 morts et plus de 600 blessées. Plusieurs voyageurs disparus n’ont pas encore été retrouvés jusqu’à ce jour. Jeudi 1er décembre 2016, le Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de Nanterre en France a été saisi d’une plainte pénale par le Comité de Libération des Prisonniers Politiques (CL2P), et le Syndicat National des Conducteurs de Train du Cameroun (SNCTC).
Cette plainte vise des faits «d’homicides involontaires, de blessures involontaires suivies d’incapacité de travail, de blessures involontaires sans incapacité de travail, de non-assistance à personnes en danger et de mise en danger de la vie d’autrui par violation manifestement délibérée d’une obligation particulière de sécurité et de prudence imposée par la loi et le règlement».
Le CL2P et le SNCTC mettent en cause la gouvernance du secteur du transport ferroviaire par l’État du Cameroun. Ils espèrent par exemple déterminer les conditions dans lesquelles, la Régie Nationale des Chemins de Fer Camerounais (REGIFERCAM) a été privatisée. Car, la concession renouvelée, et certaines obligations à la charge du concessionnaire sont visiblement méconnues.
Pour eux, l’état des voitures accidentées a été de tout temps considéré comme impropre à garantir la sécurité des transports. Cette plainte incitera l’ouverture d’une enquête, qui permettra de rechercher les conditions d’acquisition de ces wagons, les protagonistes des transactions, et les raisons de l’exécution de ses missions de service public par le concessionnaire, avec des voitures mettant continuellement en danger la sécurité du personnel et des utilisateurs du train.
«Malgré une politique QHS (Qualité Hygiène et Sécurité) et une politique de RSE (Responsabilité Sociale d’Entreprise) axées sur la sécurité et le développement durable, et intégrées au niveau du Groupe Bolloré ainsi que le contrôle exercé à hauteur de 77% par ce groupe sur sa filiale Camerounaise, les errements déplorés qui ont rendu possible l’accident d’Éséka ont finalement pu se produire», accusent le CL2P et le SNCTC. Lesquels pensent pouvoir mettre la lumière sur les circonstances de la catastrophe, et faire en sorte que les victimes obtiennent la réparation intégrale de leur préjudice.