Cameroun - Droits de l’homme/Me Alice Kom: «Il n’y a plus rien à espérer de l’état de droit au Cameroun»

Par Yannick A. KENNE | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 24-Nov-2020 - 09h27   3141                      
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L’avocat au Barreau du Cameroun estime qu’avec les récentes violences perpétrées par les forces de l’ordre sur ses collègues, le régime de Yaoundé a franchi le rubicond, et qu’en matière de respect des droits de l’Homme, son pays est des élèves les plus médiocres de la classe.

L’actualité est fortement polarisée ces derniers temps par le divorce presque consommé entre le pouvoir et les avocats, marqué par les exactions et l’emprisonnement des hommes en robe dans l’exercice de leur profession. Y en a marre, s’écrient-ils. Ils ont opté pour la grève, à l’effet d’exprimer leur ras-le-bol, non seulement pour dénoncer les violences dont ils sont victimes, mais également s’offusquer de l’enlisement de l’état de droit au Cameroun, chaque jour un peu plus.

Pour Me Alice Kom, avocat au Barreau du Cameroun, cette situation a fini par atteindre les limites outrancières de l’intolérable. «Dans la réalité, la justice est complètement marquée comme une prostituée par son proxénète. Le proxénète ici c’est le pouvoir exécutif. C’est d’une tristesse indestructible. Regardez le traitement qui a été réservé aux avocats. Ceux-là même qui sont au prétoire pour défendre l’état de droit. Il n’y a plus de limites. Le proxénète a la main basse sur tout. Les avocats qui ont été embastillés bénéficient de la protection des principes généraux d’un Etat de droit», a-t-elle exprimé dans les colonnes de Le Jour ce mardi 24 novembre 2020.

Elle croit surtout savoir que le pouvoir avait une dent dure contre les avocats, dont les manifestations de 2016 ont contribué à mettre le feu aux poudres dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. L’occasion s’étant prêté, le régime a pris sa revanche sans avoir cure du viol des principes de l’état de droit que cela devait représenter par la suite.

«On a l’impression que les autorités de l’administration judiciaire ont agi pour faire payer aux avocats le fait que ce sont leurs revendications qui étaient à l’origine de ce qui est arrivé au Nord-Ouest et au Sud-Ouest. C’était là une occasion extraordinaire pour se venger et montrer que la force revient à la force», renchérit Me Alice Kom qui arrive à la conclusion qu’ «il n’y a plus rien à espérer de l’Etat de droit au Cameroun. Ils ont franchi le rubicond. Ils sont des fossoyeurs irréductibles de l’Etat de droit. Lorsqu’on a atteint les avocats qu’est ce qui reste. Le ver est dans le fruit. Et lorsqu’il aura atteint tout le fruit personne ne pourra le manger», déplore-t-elle.

Auteur:
Yannick A. KENNE
 @yanickken39
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