Cameroun - Entreprenariat: Les établissements de microfinance à l’épreuve du blanchiment des capitaux

Par Marie Louise SIMO | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 14-Jun-2018 - 12h40   4755                      
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Pendant deux jours à Douala, les acteurs de l’industrie de la microfinance au Cameroun, vont renforcer leur capacité sur les bonnes pratiques à adopter pour développer ce secteur d’activité.

Un conducteur  de moto taxi qui ouvre un compte dans un établissement de la  microfinance (Emf), mène une action ordinaire. Cependant,  si le même conducteur fait régulièrement des  versements  qui vont au-delà de 500 mille F Cfa sans être en  mesure de justifier la provenance  de ses fonds, il devient un cas suspect. De même, un client qui reçoit régulièrement des transferts d’argent de petit montant de plusieurs expéditeurs,  est un client suspect. Ce sont là, entre autres astuces, qui permettent aux malfaiteurs  de faire des transactions illicites  dans les Emf. Selon David Kengne, expert en microfinance et micro entreprise, directeur général Microfinance Academy,  il existe plus d’une cinquantaine de techniques utilisées pour blanchir les capitaux ou pour  financer le terrorisme à travers les microfinances. « Lorsqu’il y a des cas de détection de transactions suspectes, les Emf  doivent rapidement, et sans que le client ne le sache, faire  le reporting  à l’Agence nationale d’investigation financière (Anfif),  juste des déclarations, ils ne doivent pas faire les enquêtes, c’est à l’Anif  de le faire », explique cet expert.

 La Commission nationale anti-corruption (Conac), dans son rapport 2015 sur l’état de la corruption publié en décembre 2016, révèle qu’en 2015, l’Agence nationale d’investigation financière (Anfif) a transféré à la justice camerounaise 75 dossiers en rapport avec des activités supposées de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme.  Les sommes soupçonnées d’être blanchies ou de financer le terrorisme dans ces différentes affaires, étaient évaluées à 19,2 milliards de F Cfa, dont près de 11 milliards F  Cfa soupçonnés de financer des activités terroristes sur le territoire national.  On apprend également que 500 déclarations de soupçon  ont  été transmises en 2014  à l’ANIF par les organismes assujettis, entre autres, banque, Emf, notaire, experts comptables. Les sommes que  cette agence étatique a tenté de tracer étaient évaluées  à 128 milliards F Cfa.

C’est pour lutter contre ces trafics illicites au Cameroun, que les promoteurs  de la  microfinance participent depuis, mardi 12 et ce jusqu’au mercredi  14   juin 2018 à Douala,  à un séminaire de renforcement de capacité  sur la lutte contre le blanchissement des capitaux et le financement du terrorisme, la responsabilité sociétale des entreprises appliquée à la microfinance et l’évaluation des performances financières des établissements de microfinance.  « Avant 2005, les  Emf étaient  un boulevard ouvert, les blanchisseurs mettaient en œuvre tout leur mécanisme, parce qu’il n’y avait pas un cadre règlementaire qui préservait ces institutions contre le risque de blanchiment. Mais depuis 2005, il y a une sorte de verrouillage autour de ces institutions financières pour les protéger », explique David Kengne.

Il sera question au cours de ce séminaire organisé par la Microfinance academy en partenariat avec  l'Association Nationale des Etablissements de Microfinance du Cameroun (ANEMCAM)  d’outiller ces opérateurs sur les techniques et les instruments qui existent pour  lutter contre les trafics illicites. Et également, de renforcer  leur  capacité afin de les aider à développer et à pérenniser le secteur de la microfinance au Cameroun.

Marie Louise SIMO

Auteur:
Marie Louise SIMO
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