Une étude entamée à Douala, dans la zone de Youpwe depuis 2013 par le Centre de recherche de l’Education pour le développement (CREPD) avec l’appui des chercheurs de l’Université de New-York, montre que 76% des 17 personnes, âgées entre 18 et 65 ans, ayant subies une analyse du mercure dans les cheveux étaient exposées au mercure. « C’est une étude que nous avons entamée depuis 2013, en essayant d’analyser le taux d’imprégnation du mercure sur les populations, à travers l’analyse de cette substance dans les cheveux. Nous avons essayé d‘identifier les sources d’apport, d’exposition et de pollution de mercure dans la ville de Douala », souligne Gilbert Kuepouo, de l’Ong Crepd.
A partir de cette première enquête, cette organisation a évalué en 2017 le coût économique de cette pollution sur la capitale économique. « En 2017, nous sommes allés plus loin en essayant d’évaluer le coût, en extrapolant à toute la population de Douala sur la base du recensement de 2010, où l’ensemble de population est évalué à un million 900 habitants », précise-t-il. Il en ressort de cette deuxième étude, que l’exposition des populations de la ville de Douala au mercure engendre une perte d’environ 34 millions de dollars par an, due à la contamination chronique qui engendre la baisse du quotient intellectuel des enfants qui naissent chaque année dans cette ville.
Source de contamination
Si les mesures préventives ne sont pas prises, les habitants courent d’énormes conséquences parce qu’ils sont involontairement exposés au quotidien à cette substance chimique. En effet, le mercure est involontairement émis par les industries telles que : la cimenterie, la raffinerie, la fonderie, les mauvaises gestions des déchets, les entreprises de traitement et de recyclage de déchets. Cette substance se cache aussi dans les produits tels que les piles, produits cosmétiques à plus de 1 ppm de hm, les instruments de mesures non électroniques, certaines pesticides, les lampes fluorescentes linaire d’éclairage ordinaire. Il entre dans le corps de l’homme à en croire le Pr Hugo Mbatchou Ngahane, spécialiste des problèmes de respiration, par voies respiratoire et cutanée. Une intoxication au mercure provoque chez la femme enceinte, un déficit neurologique du fœtus, un retard psychomoteur, des troubles pendant la grossesse, un accouchement prématuré. Il expose également l’être humain aux troubles respiratoires, digestifs, aux maladies rénales.
L’implication de l’Etat
Face cette menace, les acteurs de la société civile invitent le gouvernement camerounais à ratifier la Convention de Minamata sur le mercure, qui est un engagement mondial où tous les Etats s’engagent à prendre des dispositions au niveau de leur pays pour contrôler toutes les sources d’exposition au mercure. « Le mercure est une réalité, il est avec nous, il est dans nos salles de bains, dans nos chambres, sur nos tables, dans les poissons que nous nous consommons », explique Gilbert Kuepouo. Si l’Etat camerounais venait à ratifier cette convention, il permettra l’amplification des mesures préventives de l’exposition des Camerounais au mercure, la mise sur pied des règlements et lois spécifiques, afin d’intensifier la politique déjà existence dans le cadre de la protection de l’environnement.
Marie Louise SIMO