Cameroun - Évènements de Foumbot (Ouest): La maire de la ville de Foumban, Patricia Ndam Njoya, dénonce l’usage abusif des armes à feu par les forces de maintien de l’ordre

Par Béatrice KAZE | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 07-May-2021 - 09h57   4216                      
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Patricia Ndam Njoya capture d'écran
Après la mort par balles d’un homme de 27 ans au cours des manifestations qui ont éclaté dans la ville de Foumbot le 3 mai 2021, la femme politique réclame l’ouverture d’une enquête afin d’établir les responsabilités.

Patricia Tomaïno Ndam Njoya, la maire de la ville de Foumban, dans le département du Noun, région de l’Ouest, dénonce l’usage abusif des armes à feu par les forces de maintien de l’ordre au cours des manifestations qui ont éclaté dans la ville de Foumbot le 3 mai 2021. Des manifestations qui ont fait un mort, un manifestant de 27 ans tué par balles.

Dans un communiqué publié le 4 mai 2021, l’édile rappelle les dispositions légales qui encadrent l’usage des armes. Elle cite de ce fait les articles 3 et 4 de du chapitre 3 de la loi n°90-54 du 19 décembre 1990 relative au maintien de l’ordre au Cameroun.

«(Article 3) L’usage des armes est interdit dans les opérations courantes de maintien de l’ordre public. L’emploi du tir blanc ou du tir en l’air est interdit. Toutefois, les grenades lacrymogènes, les bâtons et autres instruments similaires peuvent être employés, en cas de nécessité, au rétablissement de l’ordre public. (Article 4) Nonobstant les dispositifs de l’article 3, l’usage des armes peut intervenir sur réquisition expresse de l’autorité administrative dans les cas suivants: lorsque les violences et voies de fait graves et généralisées sont exercées contre les éléments de maintien de l’ordre; en cas d’usage d’armes à feu contre les forces de maintien de l’ordre. Dans les deux cas, l’usage d’armes n’est admis que si les forces de maintien de l’ordre ne peuvent se défendre autrement, et n’intervient qu’après plusieurs sommations faites par haut-parleur et tout autre moyen», peut-on lire dans les colonnes du journal Le Messager de ce 7 mai 2021.

«Un homme est tombé et d’autres grièvement blessés du fait de l’usage des armes par les forces de maintien de l’ordre: une enquête pour la dignité humaine, en vue des responsabilités humaines à établir, doit être ouverte selon la loi», soutient-elle.

Selon Patricia Ndam Njoya, le deuxième ingrédient à l’origine de cette tragédie est la justice populaire dont «aucune institution, aucune personne, n’est à l’abri». La femme politique reconnait qu’il y a dans la cité «une espèce de désaveu du système judiciaire par les populations, de l’arbitraire et du monnayage qui commencent dans certains de nos commissariats et gendarmeries, jusqu’aux geôles, en passant par la gestion des gardes à vue, la détention et liberté provisoires, la décision de justice…».

La troisième source du mal dans la tragédie de Foumbot est la collusion entre le pouvoir traditionnel et l’Administration au détriment du maire ou des collectivités territoriales décentralisées. Elle indexe pour terminer le discours haineux, la xénophobie, le tribalisme. «Elle précise par ailleurs que son parti est fortement préoccupé par la montée des discours haineux au sein de la famille camerounaise», indique le journal.

Pour la magistrate de la ville de Foumban, «le lien avec tout ce que nous avons eu ce 3 mai 2021 à Foumbot est que le lit du discours de la haine, de la xénophobie et du tribalisme dans notre pays est creusé justement depuis par toutes sortes d’injustices sociales d’inégalités, d’exclusions, de discriminations, d’abus d’autorités, jusqu’à la mauvaise organisation des élections».

 

Auteur:
Béatrice KAZE
 @T_B_A
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