Cameroun - Fédération Camerounaise de Football: Quel bilan pour Tombi A Roko après un an ? 

Par Jean-M NKOUSSA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 29-Sep-2016 - 14h10   51896                      
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Tombi A Roko Sidiki Archives
L’actuel président de la Fédération Camerounaise de Football a été élu le 28 septembre 2015. Maintenu à son poste malgré l’annulation du scrutin par la Chambre de Conciliation et d’Arbitrage, Sidiki Tombi A Roko a connu 12 premiers mois agités, avec au bout des avancées et des échecs. 

La Nouvelle Expression (LNE) du 29  septembre 2016 en profite pour faire le bilan de la première année de la mandature du successeur d’Iya Mohammed à la tête de l’instance nationale du football. Le journal se sert des lettres pour dresser ce premier bilan point par point. Cameroon-Info.Net a sélectionné les plus significatifs.  

A comme Abdouraman 

Il est la hantise personnalisée pour la maison FECAFOOT. Depuis trois ans, l’ancien directeur de cabinet d’Iya Mohammed, chef du département communication, et ayant assumé quelques fois des fonctions au secrétariat général, empêche de tourner en rond, allant de tribunal en tribunal, tant au Cameroun qu’à l’extérieur. Hier, pour contester la pertinence du travail du Comité de normalisation, aujourd’hui pour récuser la légitimité de Tombi A Roko. En démissionnant en 2011, l’homme qui jadis était une des pièces maîtresses du système Iya voyait ses pouvoirs s’effriter à un rythme inquiétant. 

B comme Bidoung Mpkatt 

Depuis qu’il a été ramené au ministère des Sports et de l’Éducation Physique le 2 octobre 2015, Bidoung Mkpatt et Tombi ne se quittent presque plus. Le président de la FECAFOOT était le premier à aller le féliciter pour sa nomination, et, depuis, le patron des Sports est devenu son plus grand défenseur. La preuve, ce communiqué de presse qu’il signe le 18 novembre 2015 pour déclarer «nulle et de nul effet), la décision de la Chambre de conciliation et d’arbitrage du CNOSC (Comité National Olympique et Sportif) qui, en date du 12 novembre 2015, annulait l’ensemble du processus électoral achevé le 28 septembre par le plébiscite de son «ami», Tombi A Roko. Un acte qui a révolté plus d’un, mais qui a permis à Tombi de garder son poste jusqu’à ce jour. 

 C comme consensus 

Tombi A Roko ne serait certainement pas président de la FECAFOOT s’il n’avait pas accepté de faire quelques concessions avec ses anciens ennemis, au nom de ce qu’on a appelé à l’époque: le consensus. Cet accord passé au terme de plusieurs réunions organisées en secret dans les services du Premier Ministre, obligeant l’actuel patron du football camerounais à sacrifier certains de ses lieutenants comme Alim Konaté et Boubakari Bello, à constituer un bureau avec d’anciens opposants comme Alioum Alhadji à qui il a été contraint de donner la place de premier vice-président, David Mayébi et Essomba Eyenga de regrettées mémoires, et autres Francis Mveng

D comme David Mayebi

Le Roi est mort, vive le roi. Son empire résiste au temps et le disciple sorti de son chapeau tient le sceptre. Tombi A Roko Sidiki lui vouait une reconnaissance indéfectible et avait reconnu le 25 septembre 2015 lors de la livraison de sa profession de foi qu’il a été moulé au football par le Roi David. Même mort, le président de la FECAFOOT peine à organiser sa succession au sein du comité exécutif de la fédération. 

E comme Essomba Eyenga 

Ce vieux renard du football, tombé comme un cheveu dans la soupe du Consensus décidé par le Premier Ministre, n’est plus de ce monde. Lui qui, malgré le fait que sa qualité dans le groupe était sujette à questionnements, était pourtant un support de poids pour Tombi A Roko. Le juge du Tribunal Arbitral du Sport avait de l’entregent pour mener des missions secrètes pour le compte du patron qu’il a longtemps pourfendu, avant de rejoindre son bateau. La mort en a décidé autrement. Mais l’ancien président du Tonnerre kalara club de Yaoundé a eu le temps de jouer sa partition pour réduire au strict minimum les bruits près de la maison. 

F comme FIFA 

La première année de mandat de Tombi A Roko n’a jamais souffert de l’absence de soutien de la FIFA. À chaque fois que l’instance était appelée à trancher, que ce soit après une lettre de contestation d’Abdouraman ou d’une interpellation du Tribunal Arbitral du Sport (TAS), elle n’a pas hésité une seule fois à confirmer que Tombi est bel et bien le président élu de la FECAFOOT. Au point de le désigner Rapporteur général de son 66e Congrès. 

G comme Goal (III) 

On l’a sorti des tiroirs et un matin du 7 avril 2016, la FECAFOOT avec l’onction de la FIFA a procédé à la cérémonie de pose de la première du projet Goal III au Centre technique de la FECAFOOT à Odza. Il consiste en l’extension de ce centre par la construction d’une aire de jeu en gazon naturel et d’une plate-forme devant recevoir un terrain de Beach soccer et de futsal. Le projet de 460 millions FCFA (dont 150 millions supportés par la FECAFOOT) venait tordre le cou à une rumeur qui présumait que son financement avait été détourné par Tombi. Sauf que, passé le flonflon du 7 avril, le projet s’est arrêté à la seule phase de terrassement, et six mois après, rien n’avance alors que la moitié du délai d’exécution de 12 mois est déjà consommée.  

J comme Justice 

Le glaive de la justice reste suspendu au-dessus de la tête de Tombi, et même si le Tribunal de première instance de Yaoundé centre administratif ne s’est pas prononcé dans la plainte d’Abdouraman et cie au motif d’«usurpation de titre» par Tombi A Roko, ce dernier n’a pas le sommeil tranquille. Surtout que le TPI ne lui a pas facilité les choses à l’entame de ce magistère en rejetant le 27 mai dernier sa requête au sujet des comptes bloqués de la FECAFOOT à United Bank for Africa (UBA) et Ecobank. 

L comme Lions indomptables 

Depuis l’avènement de Tombi à la tête de la FECAFOOT, le management des sélections nationales tire vers plus de professionnalisme. Des entraîneurs ont été nommés ou reconduits dans toutes les catégories, et il se dégage un air de sérieux et d’envie: les sélections vont régulièrement en stage hors du pays, avec à la clé de nombreux matchs amicaux internationaux contre des équipes de renommée établie (Ghana, Burkina Faso, France, Gabon, Brésil, etc.) Autant de matchs qui permettent à nos sélections de rehausser leur niveau et de se qualifier pour des compétitions d’envergure. 

P comme partenariats 

Tombi A Roko ne s’est pas fait prier pour ouvrir les portes de la FECAFOOT à des relations gagnant-gagnant. En un an de mandature, il a signé de nombreux accords intéressants, notamment avec l’École Nationale de Magistrature (ENAM), chargée d’éduquer les joueurs et joueuses des différentes sélections, sur les notions de patriotisme, et du respect des valeurs éthiques, républicaines et olympiques. À côté de ça, il y a eu signature de contrats de partenariat avec deux nouveaux sponsors officiels, notamment Ôpur et Mahou. Des accords qui ont permis à la FECAFOOT de récolter plusieurs centaines de millions. 

S comme stades 

Tombi A Roko n’aura pas ses stades à gazon synthétique en octobre prochain. C’est une promesse qu’il ne peut pas tenir dans les délais, au vu de la situation actuelle. Sur les chantiers, les travaux sont à l’arrêt depuis des mois. Le patron de la FECAFOOT et le directeur de l’entreprise chargée desdits travaux se regardent en chiens de faïence. Chacun accusant l’autre de n’avoir pas tenu ses engagements. Le contrat est sur le point d’être rompu. C’est le plus gros échec de Tombi A Roko qui avait pourtant réussi à se faire beaucoup de supporters, lorsqu’il annonçait ces stades. Ils seront déçus. 

T comme TAS 

En un an, le Tribunal Arbitral du Sport (TAS) n’a toujours pas donné son verdict sur l’affaire de l’élection contestée de Tombi A Roko, à la FECAFOOT. Une institution qui avait obligé le Comité de normalisation de Joseph Owona à réorganiser ce scrutin une fois en son temps. Cette fois, l’instance de Lausanne maintient le suspense, au grand dam d’un Abdouraman, qui a hâte d’en découdre avec Tombi qui reste lui aussi sous pression, car ne sachant ce qu’il pourrait advenir de lui.  

Y comme Yang Philémon

Tombi A Roko doit presque tout à Philémon Yang. C’est grâce au premier ministre que les négociations avec ses anciens ennemis a abouti au consensus et donc, à son élection le 28 septembre 2015. Le chef du gouvernement lui a même adressé une lettre de félicitations au lendemain de son élection. Comme pour dire qu’il a la «bénédiction» du gouvernement camerounais.

Auteur:
Jean-M NKOUSSA
 @jmnkoussaCIN
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