Le Ministre de l'Economie, de la Planification et de l'aménagement du territoire (Minepat), Louis Paul Motaze, était au chevet des opérateurs économiques du département du Moungo, région d Littoral, les 25 et 26 janvier dernier. Le Minepat a principalement échangé avec les acteurs de la filière café de ce département, qui est un bassin important de la production du café au Cameroun, afin de trouver des voies et moyens pour booster sa production. Victime, il y a un peu plus de 30 ans, d’une chute drastique de la production, liée à la baisse du prix sur le marché mondial, suivie du découragement des agriculteurs, le Moungo travaille pour reprendre les rênes de la production. Une situation qui avait engendré la fermeture de plus de trois tiers de structures spécialisées et la mise en chômage de nombreuses personnes qui vivaient grâce à l’économie du café.
Avec une production évaluée à un peu plus de 4 mille tonnes dans les années 80, à 40 mille aujourd’hui, selon les données des producteurs locaux, ces caféiculteurs essaient de remonter la pente. Cependant, ils doivent surmonter certaines réalités, qui freinent la production et la transformation du café. Au rang de celles-ci, on relève le coût important des intrants agricoles, l’accès au financement, l’insuffisance des outils modernes de transformation, les difficultés d’accès dans les zones de production, la formation. « Au Cameroun, le coût d’engrais est très élevé et ne permet pas à un producteur qui a un hectare de plantation, d’acheter un sac d’engrais. Pourtant le café est une plante délicate qui a besoin de beaucoup d’entretien », explique un producteur.
Transformation
Cependant, la solution à la plupart de ces problèmes trouvera des solutions dans le plan de relance de la filière café qui existe depuis 2014, et dont son application est imminente. Aussi, comme solution, l’Etat octroie des fonds aux acteurs nécessiteux, pour revaloriser cette filière, avec un accent particulier sur la transformation. « Si je suis là pour vous rappeler l’engagement du gouvernement pour relancer la filière café. La consommation du café est très faible, les statistiques que nous avons, montrent que 75% du café consommé au Cameroun vient de l’étranger, que le Cameroun transforme moins de 5% de café. Nous allons travailler pour accroître la production non seulement quantitativement mais aussi qualitativement », souligne Louis Paul Motaze.
Dans cette logique, le Minepat au cours de cette tournée qui marquait sa rentrée économique, a paraphé avec la société Synergie Nord Sud (SNS), créée en 2006 à la suite de la reprise des activités de l’ex-société Tzouvelos, un protocole d’accord pour l’octroi d’un prêt de presque 900 millions F CFa. En plus de cet appui direct, le gouvernement permet à cette structure qui emploie près de 100 employés, de disposer d’une garantie pour lever un financement de presque 5 milliards F Cfa. Avec ces fonds, le SNS a pour objectif, d’acquérir une unité moderne de torréfaction industrielle lui permettant d’améliorer sa capacité de production d’un tonne à 4 tonnes per heure. A court terme, cette structure spécialisée dans la décortication, l’usinage, la transformation et la commercialisation du café torréfié moulu, instantané soluble, en capsule et décaféiné, va acquérir une unité de transformation industrielle et automatique d’une capacité de 3 tonnes/heure, une unité de décorticage et 2 séchoirs verticaux à repartir sur les différents points satellites à travers le bassin de production du Moungo.
« Comme perspectives, nous souhaitons devenir le leader dans la transformation du café au Cameroun avec une transformation de près de 7000 tonnes par an d’ici trois ans », explique Aimé Njiakin, le directeur général de SNS. En plus, explique ce promoteur de la filière café, les fonds reçus auront comme impact, la revalorisation de la filière café dans le Moungo à travers la transformation locale, l’augmentation des revenus des producteurs de café par l’accroissement des prix d’achats aux producteurs de 600 à 1000 F Cfa par kilogramme, l’accroissement des rendements agricoles de 200 à 800 Kg par hectare et la création de 500 emplois directs et 6600 emplois indirects.
Leader dans la transformation du café dans la région du Littoral, la SNS, lauréat 2015-2016, du prix Gourmet avec la marque « Ménage à trois », au concours international des cafés torréfiés à l’origine à Paris, présente un chiffre d’affaires évalué à 491 millions F Cfa (2016). Elle dispose d’une capacité de 80 tonnes par jour du café vert et une tonne par jour de café torréfié sur une superficie d’une vingtaine d’hectare.
M.L.S.