Cameroun - Formation professionnelle: Le Gicam désapprouve la politique du gouvernement

Par Frédéric NONOS | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 10-Oct-2020 - 09h22   8164                      
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Issa Tchiroma Bakary Archives
Il dénonce les insuffisances de la loi de juillet 2018 régissant la formation professionnelle au Cameroun qui ne facilitent pas la création des emplois et la compétitivité des entreprises.

Le Groupement inter patronal du Cameroun (Gicam) est en désaccord avec l’Etat sur la loi régissant la formation professionnelle. Le plus grand patronat du pays l’a signifié au cours d’une réunion de travail avec Issa Tchiroma Bakary, ministre de l’Emploi et de la Formation Professionnelle (MINEFOP). C’était le 8 octobre 2020 au siège du Gicam à Douala. La concertation avait pour but d’évaluer la loi sur la formation professionnelle promulguée le 11 juillet 2018, 42 ans après la précédente, devenue inadaptée aux mutations actuelles du travail.

De prime abord, Célestin Tawamba a déploré l’absence de concertation préalable avec le patronat, qui aurait corrigé les insuffisances de cette loi lors de son élaboration. Le président du Gicam déplore notamment la cacophonie gouvernementale au sujet de la professionnalisation de l’emploi avec au moins 11 ministères impliqués dans la promotion des programmes de professionnalisation. Une situation qui rend le patronat moins audible dans le domaine, alors qu’il est le principal créateur de richesses.

Conséquence, déplorent les chefs d’entreprises, des jeunes sont bardés de diplômes mais incompétents sur le terrain. Pourtant, insiste Célestin Tawamba, la formation professionnelle est d’un enjeu stratégique pour l’entreprise camerounaise dans un contexte de compétitivité. Une professionnalisation qui doit être généralisée à toutes les ressources humaines des entreprises pour relever leur niveau de compétitivité, a-t-il poursuivi. Mais le cas le plus indignant, dénonce le président du Gicam, c’est celui du projet des Centres de formation professionnelle spécialisée (Cfps), fruits du partenariat sur la formation professionnelle, entre le Gicam et le MINEFOP depuis 2012.

Une convention de financement de 15 millions d’euros (9,5 milliards de FCFA) avait été signée entre l’Etat du Cameroun et l’Afd. Depuis 2015, les fonds sont disponibles. Mais le faible taux d’exécution (17%) dudit projet marqué par la pose de première pierre toujours différée, la suspension de certains marchés, passés de gré à gré, constituent les goulots d’étranglement qui plombent ce projet stratégique dans la résorption du problème de l’emploi professionnel. «Censé s’achever en 2019, le projet n’a pas démarré à cause des dysfonctionnements gouvernementaux, alors que les financements sont disponibles depuis six ans», dénonce Célestin Tawamba.

Pour le patronat, il est urgent de changer de mentalité en mettant fin ou tout au moins en réduisant l’inadéquation formation-emploi. Un défi à relever par le MINEFOP. Réagissant aux récriminations du Gicam, «nous avons pris de bon cœur ces remarques pertinentes. Elles étaient caustiques et pertinentes. Nous allons remettre en cause tout ce qui n’a pas marché avec les directives du Premier ministre, nous allons mettre le pied dans le plat», a promis le MINEFOP, Issa Tchiroma Bakary.

Auteur:
Frédéric NONOS
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