Le constat fait par François Guimatsia lors de ses recherches sur la crise anglophone est alarmant. Les positions se sont « gravement » radicalisées. Et « l’arrogance et la condescendance » observées du côté des tenants du pouvoir et encouragées par certains intellectuels continuent de « jeter de l’huile au feu ».

Selon ce chercheur basé à Bafoussam dans la région de l’Ouest, le Gouvernement a certes fait des concessions mais sans aller à l’essentiel. « L’essentiel n’était pas le bilinguisme, l’essentiel  n’était pas la culture, le problème était la différence culturelle et je souligne « culturelle » entre les anglophones et les francophones. Il suffit de trouver des médiateurs crédibles, des gens que les anglophones aimeraient écouter. Il y en a et je peux citer des noms. Il y a des gens, il suffit qu’on les implique pour que l’apaisement soit. Et d’ailleurs, il s’agit d’un pays, il ne s’agit pas de la gestion privée d’un pouvoir. Il s’agit de l’avenir d’un pays », explique l’enseignant camerounais.

Parmi les personnalités qui auraient pu assurer  avec succès la médiation dans cette crise, il cite entre autres le cardinal Christian Tumi, l’ancien Ministre Abouem a Tchoyi. Il s’agit selon lui des personnalités capables de faire cesser la crise en moins de 24 heures « si on prend les taureaux par les cornes ».  

Selon François Guimatsia, les problèmes soulevés par les manifestants de la partie anglophone du Cameroun aurait pu être réglés il y a  six mois  « et personne n’aurait déchiré un drapeau, personne n’aurait demandé la sécession », assure celui qui était l'invité de la  matinale sur Radio Equinoxe, ce lundi 21 août 2017. « L’attentisme du Gouvernement a exacerbé et laissé le champ libre à certains pêcheurs en eaux troubles. Je vous rappelle que certains tenants du pouvoir considèrent les actions des sécessionnistes comme un écran de fumée pour masquer leur incompétence, pour masquer leur échec alors qu’on aurait pu faire mieux », remarque le chercheur.

Aujourd’hui, il est urgent selon lui que Paul Biya se débarrasse des va-t-en guerre qui l’entourent à la tête du pays, s’il veut véritablement régler cette crise. « On sent que dans les cercles du pouvoir, il y a des gens qui veulent que ça se gâte,  des gens qui ne veulent pas que ça se calme. Ceux-là doivent déjà être mis en minorité soit par un remaniement ministériel, ou par des décisions fortes. Et puis, qu’on laisse le champ libre aux personnes crédibles. On n’a pas besoin d’aller à l’étranger, on n’a pas besoin des Nations Unies, on se connait au Cameroun. » Propose François Guimatsia.