Cameroun - Grippe Aviaire/Bernard Njonga (Interview): «Le Gouvernement est entièrement responsable de cette situation»

Par Peter KUM | Cameroon-Info.Net
GAROUA - 27-Jun-2016 - 06h49   51066                      
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Bernard Njonga, Président national du Crac Archives
Pour le président national du parti politique dénommé Croire au Cameroun (Crac), les pouvoirs publics ont géré la crise avec trop de légèreté et d’amateurisme.

Dans une interview exclusive accordée le 26 juin à Cameroon-Info.Net, Bernard Njonga rejette toute la responsabilité de l’épidémie de la grippe aviaire sur le Gouvernement camerounais dont sa cellule chargée de la surveillance de l’épizootie et dotée de moyens conséquents, a démontré des défaillances.

Quel est l’état des lieux de la grippe aviaire au Cameroun ?

Triste. En état de décrépitude très avancée. En état de destruction totale. Les aviculteurs, j’allais dire la filière, tous les maillons confondus, sont dans le désarroi total.

Combien des Camerounais sont-ils en chômage et à combien peut-on estimer en termes de pertes depuis l’apparition de la grippe aviaire au Cameroun le 22 mai 2016 ?

320 000 emplois directs  dans la production, commercialisation, provenderie, Plumage, soins vétérinaires… etc., et 250 000 emplois indirects (producteurs de maïs, de soja, etc. sont menacés. On estime les pertes financières à près de 10 milliards déjà. Sans compter les pertes en vie humaine. On parle déjà de trois suicides des aviculteurs qui n’ont pas pu tenir le coup. Et que dire des pertes sociales !

L’action que mène le Gouvernement est-elle dans le bon sens depuis l’annonce de cette épidémie selon vous ?

NON et NON. Le Gouvernement est entièrement responsable de cette situation. Non seulement il a été défaillant au niveau de la surveillance de l’épizootie, mais aussi les mesures qui ont été et sont prises n’ont pas permis de stopper la psychose des consommateurs et la reprise du travail chez les aviculteurs. Et voilà que les producteurs sont dans la rue pour crier leur désarroi.

On vous a suivi parler dans les médias de la mort programmée de la filière avicole au Cameroun ? De quoi s’agit-il ?

C’est au vu des actes posés par les pouvoirs publics pour endiguer la crise. Trop de légèreté et d’amateurisme. Avez-vous vu un haut responsable du Gouvernement rendre visite aux sinistrés ? Beaucoup de questions restent encore sans réponse face à cette crise.

Les manifestations des aviculteurs à Bafoussam et à Yaoundé ont-elles suffi pour mettre la pression sur le Gouvernement ?

NON. Pas encore. Puisque les revendications des manifestants restent encore intactes, sans réponses. (Ouverture totale des marchés, Dédommagement, Halte aux arnaques des aviculteurs, halte aux importations de découpes de poulets congelés..). Ils n’ont même pas encore obtenu de rencontrer le Premier Ministre comme ils le souhaitent. Incroyable ! N’est-ce pas ?

Quelles solutions proposerez-vous pour sortir de cette crise qui a mis de nombreux Camerounais en faillite et qui a privé le panier de la ménagère du poulet ?

Les aviculteurs qui manifestent ont donné le sens des solutions que j’ai évoquées tantôt. Commençons par répondre à ces désidératas. Aussi, je vais vous surprendre. En vous disant que tant que le Gouvernement ne considère pas la filière avicole comme une filière stratégique avec tous les égards qui lui seront dus, il ne faut pas rêver d’une solution qui portera la filière à son niveau d’avant crise. Le Gouvernement s’est comporté de manière très irresponsable en abandonnant les aviculteurs à eux-mêmes face à cette crise. Les aviculteurs qui nettoient et désinfectent un marché. Les aviculteurs qui construisent un marché témoin, les aviculteurs qui depuis un mois n’ont aucun soutien, etc.

Quelle a été la responsabilité de l’État et la responsabilité des aviculteurs dans cette nouvelle épidémie ?

Écoutez, la surveillance du territoire, voire de la filière face à une épidémie est du ressort de l’État qui par ailleurs a une cellule chargée de ce contrôle et dotée de moyens conséquents. Au complexe avicole de Mvog-Béti foyer de l’apparition  de la grippe aviaire, on dit que des œufs fécondés infectés ont été frauduleusement importés et on a caché l’apparition de la maladie et sortis 1200 poulets contaminés dont 600 sont morts au marché de Mvog-Ada et 200 à Ebolowa. Vous voyez que la responsabilité de l’État est fortement engagée. Vient ensuite celle des aviculteurs qui ont tardivement déclaré sans oublier ceux qui violent les mesures mises en place pour freiner la propagation de cette grippe.

Auteur:
Peter KUM
 @mafanypet
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